Radicalisation dans les services publics : la mission parlementaire précise son travail
Les deux députés chargés depuis le début du mois d’une mission sur la radicalisation dans les services publics ont explicité, mercredi 24 octobre, le contenu de leur travail. Éric Diard (LR, Bouches-du-Rhône) et Éric Poulliat (LREM, Gironde) se donnent six mois pour réaliser "une photo" de la radicalisation "dans les différents services publics et assimilés", ont-ils signalé, lors d’une conférence de presse, à l’Assemblée nationale. Un phénomène essentiellement lié à l’islamisme, qui "peut toucher aussi bien des agents que les usagers du service public", a indiqué Éric Diard, en précisant qu'il fallait rester prudent sur son ampleur car aucune évaluation quantitative n'en a été faite jusqu'ici.
La mission d’information se penchera sur les services "régaliens" - police, gendarmerie, douanes, armée, justice, services pénitentiaires - ainsi que sur les services publics hospitaliers et la fonction publique territoriale. Le député des Bouches-du-Rhône évoque notamment le cas des policiers municipaux, qui pour certains sont armés. "Je me suis aperçu qu’il y avait de véritables problèmes au niveau du recrutement dans les services publics et assimilés", a-t-il déploré, évoquant des "trous dans la raquette". Il a aussi pointé un manque d’homogénéité dans les réponses apportées par les différents services.
Au-delà des fonctionnaires, les députés souhaitent s’intéresser aux agents rattachés à "des sociétés de sécurité privée" ou des sociétés de transports qui ont "une véritable mission d’intérêt public mais qui ne sont pas passés par tous les filtres par lesquels passent les fonctionnaires". "Il faut voir si des passerelles ou des collaborations existent avec les services de l’État et les collectivités", estime Éric Poulliat, qui est déjà membre du groupe de travail sur la fonction publique à l'Assemblée.
Faire face aux usagers radicalisés
Les députés prévoient de tirer un bilan des dispositifs mis en place par les sociétés de transports pour lutter contre la radicalisation après la promulgation de la loi du 22 mars 2016, dite loi dite "Savary". Une loi qui, aux dires d’Éric Diard a "en partie" réglé le problème des recrutements dans les transports, en imposant un véritable "criblage" des candidats. L'un des kamikazes du Bataclan, en 2015, était chauffeur de bus à la RATP.
La mission se propose aussi de doter les agents publics d’outils pour faire face aux usagers radicalisés dans leur quotidien. "Des enseignants, des cadres hospitaliers, ou encore des agents d’accueil des mairies sont aujourd’hui confrontés à des situations [de radicalisation] et ne se sentent pas forcément accompagnés ou outillés pour y répondre", a ajouté Éric Diard. Les députés ont notamment évoqué la question des urgences avec le phénomène de plus en plus courant d’hommes refusant de se faire soigner par une femme.
Le plan de prévention de la radicalisation présenté par le Premier ministre, Édouard Philippe, le 23 février à Lille comporte justement un volet sur les services publics. Il vise à "compléter le maillage détection/prévention", que ce soit dans les administrations, les collectivités territoriales ou le sport. Par ailleurs, la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme du 30 octobre 2017 permet d'écarter un militaire ou un fonctionnaire "dont le comportement serait devenu incompatible avec l'exercice de ses fonctions".