Développement économique - Quelle mise en oeuvre pour les SRDEII ?
Maintenant que les schémas régionaux de développement économique, d'internationalisation et d'innovation (SRDEII) sont finalisés, les acteurs locaux s'interrogent sur leur mise en œuvre opérationnelle. Lors d'un colloque organisé le 27 juin 2017 par le Cner, ils ont mis en avant la nécessité de travailler en mode projet, en lien étroit avec le monde économique local.
Depuis le 28 avril 2017, toutes les régions ont élaboré leur schéma régional de développement économique, d'internationalisation et d'innovation (SRDEII) - voir ci-dessous notre article du 13 juin. Prévus par la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (Notr) du 7 août 2015, les SRDEII représentent la feuille de route en matière de développement économique, de soutien à la compétitivité des entreprises et à l'emploi des nouvelles régions. Ils ont fait l'objet d'une large concertation des collectivités infrarégionales, des acteurs économiques et des habitants et sont prescriptifs.
Un colloque organisé le 27 juin par le Cner, la fédération des agences de développement et des comités d'expansion économique, a fait émerger des interrogations de la part d'acteurs locaux quant à la mise en œuvre de ces schémas. "Le schéma est un point de passage obligé avec des effets d'affichage politique et la constitution d'une nouvelle équipe mais plus personne ne croit à son opérationnalité directe", a ainsi affirmé Philippe Estèbe, professeur associé au Conservatoire national des arts et métiers, insistant sur la nécessité pour les institutions d'entrer en dialogue étroit avec les représentants du monde économique, de la formation et les salariés.
Une coalition territoriale
"Ce qui est en train de se jouer c'est la coalition territoriale où le politique crée un lien fort avec ces milieux ; il va falloir voir comment les collectivités arrivent à créer ces coalitions", a précisé Philippe Estèbe, citant les Pays de la Loire en exemple. Pour l'élaboration de son SRDEII, Bruno Retailleau, le président de la région, a en effet choisi d'associer au maximum les acteurs économiques du territoire à travers des concertations avec, notamment, les entreprises, autour de trois axes principaux : la simplification, l'internationalisation et l'innovation.
Même opinion pour Michel Guillot : "On peut dire beaucoup de choses de bien sur le SRDEII mais ce n'est évidemment pas un plan d'actions, il n'est pas directement opérationnel." L'ancien préfet de la région Champagne-Ardenne et de la Marne, senior vice-président de l'Agence pour la diffusion de l'information (Adit), insiste sur l'enjeu principal actuel : travailler en "mode projet" et de manière collégiale. "Le SRDEII est d'abord une occasion de cristalliser un certain nombre de compétences et de broyer les cloisonnements. Il a un mérite : obliger tout le monde à travailler sur un même sujet", a-t-il souligné. Pour réussir, Michel Guillot estime qu'"il faut un réseau et des process, avec un coordinateur désigné pour piloter un ensemble de chantiers, et ne pas oublier la dimension citoyenne, c'est-à-dire savoir vendre le SRDEII".
Des conventions pluriannuelles
Pour Marc Abadie, directeur du réseau et des territoires de la Caisse des Dépôts, le SRDEII est "une feuille de route qui rassemble, sur la base d'un dialogue, l'ensemble des acteurs pour cinq ans." Et la Caisse des Dépôts souhaite accompagner ce mouvement : "Nous allons travailler avec les élus locaux pour faire d'un projet macro quelque chose qui soit réalisable", a précisé Marc Abadie. Pour ce faire, la Caisse des Dépôts compte mettre à disposition ses moyens sur des sujets essentiels tels que le numérique (usages et équipement), l'innovation ou l'économie sociale et solidaire. Un travail qui se fait sur la base de conventions pluriannuelles, afin de pouvoir accompagner les territoires sur le long terme, l'objectif étant de définir avec les collectivités des enveloppes et des objectifs pluriannuels, qu'il s'agisse de prêts, de mobilisation de fonds propres ou de capacité d'ingénierie technique, juridique et financière. La Caisse des Dépôts a déjà signé ce type de partenariats avec une soixantaine de collectivités - des régions, comme la Bretagne ou la région Paca, des départements, des grandes villes, agglomérations et métropoles dont Paris, Nice, Lille, Rennes, Grenoble, Lyon... "Nous souhaitons consacrer deux fois plus d'argent au développement des territoires sur cinq ans", a indiqué Marc Abadie.