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Culture - Quel avenir pour les cinémas itinérants ?

Dans une question écrite, Jean-Claude Leroy, sénateur du Pas-de-Calais, s'inquiète du devenir des cinémas itinérants, face au développement très rapide de la numérisation des projections (voir nos articles ci-contre). Si les cinémas itinérants n'ont accueilli que 0,7% des 217 millions de spectateurs qui se sont pressés l'an dernier dans les salles obscures, ils n'en jouent pas moins un rôle important dans certaines zones rurales ou périurbaines. Environ 2.300 communes bénéficient du passage de cinémas itinérants, qui couvrent ainsi 11% de la population française. Par ailleurs, les circuits itinérants programment 18,7% de l'ensemble des films exploités sur le territoire français, organisent chaque année 36.715 séances pour 1,54 million de spectateurs et génèrent 6 millions d'euros de recettes. Mais les cinémas itinérants redoutent de ne pouvoir faire face à la généralisation du numérique (projecteurs et copies), à la fois en raison du coût des équipements, mais aussi de leur inadaptation à l'itinérance (relative fragilité des matériels).
Dans sa réponse, la ministre de la Culture et de la Communication se dit "consciente du rôle éminent que jouent les circuits itinérants de cinéma dans l'aménagement culturel du territoire et [...] également attachée à leur avenir". Sur la question de l'inadaptation des matériels numériques, elle indique que "face à une offre inexistante, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a rédigé un cahier des charges tenant compte des spécificités des projections itinérantes et l'a adressé aux fabricants de matériels de projection dès l'été 2010". De leur côté, la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) et l'Association nationale des circuits itinérants (Anci) ont constitué un groupe de travail commun, afin d'identifier une solution technique adaptée. A ce jour, deux modèles de projecteurs semblent répondre aux spécificités de l'itinérance.
En matière d'accompagnement des circuits itinérants, la ministre de la Culture indique que le CNC apportera le même soutien que pour les installations fixes (voir nos articles ci-contre). L'aide apportée pourra ainsi couvrir jusqu'à 90% des dépenses de numérisation, dans la limite de quatre projecteurs par circuit d'itinérance (un même circuit pouvant comporter plusieurs projecteurs, qui tournent sur des communes différentes). Mais la réponse ministérielle prend soin de préciser - comme pour l'équipement des petites salles fixes - qu'"il est indispensable, pour cela, que les collectivités soutiennent cette évolution des équipements".
Ce dispositif d'aide aux cinémas itinérants devait être mis en place dès cet été, si les premiers tests sur les deux matériels envisagés s'avéraient concluants. En attendant, et "durant cette phase transitoire et délicate", le CNC a renforcé les moyens de l'Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC, association créée en 1983 à l'initiative du ministère de la Culture), afin de lui permettre d'accroître son activité de tirage de copies 35 mm pour les plus petites salles et les circuits itinérants.

Jean-Noël Escudié / PCA

Référence : Sénat, question écrite n°01279 de Jean-Claude Leroy, sénateur du Pas-de-Calais, et réponse du ministère de la Culture et de la Communication (JO Sénat du 6 septembre 2012).