Handicap - Quatrième plan Autisme : un bon départ... en attendant le plan
Le lancement du quatrième plan Autisme le 6 juillet constitue, avec l'engagement du Premier ministre - renouvelé lors de sa déclaration de politique générale – de revaloriser l'AAH, la concrétisation de la volonté du chef de l'Etat de faire du handicap une priorité de l'action gouvernementale. Une communication de Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées - rattachée directement au Premier ministre – lors du conseil des ministres du 7 juin est d'ailleurs venue confirmer cet engagement (voir notre article ci-dessous du même jour).
Un bilan très mitigé pour le troisième plan Autisme
Emmanuel Macron a lui-même annoncé le lancement du quatrième plan Autisme depuis l'Elysée. Brigitte Macron, présente lors de cette conférence, pourrait d'ailleurs jouer un rôle de premier plan dans ce dossier. Ce lancement peut toutefois difficilement passer pour une surprise, puisque François Hollande l'avait annoncé lors de la conférence nationale du handicap, le 19 mai 2016 (voir notre article ci-dessous du 20 mai 2016).
Entretemps, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'Inspection générale de l'Education nationale (Igen) ont procédé à un bilan du troisième plan, lancé en mai 2013. Selon ce bilan - pour le moins mitigé -, ce troisième plan, "qui a pour fondement les recommandations de bonnes pratiques, constitue une référence pour les acteurs nationaux et territoriaux, mais il pâtit de plusieurs fragilités dans sa construction et sa gouvernance".
Les deux inspections générales pointent notamment les connaissances épidémiologiques très réduites des besoins des personnes et des familles - d'où "une multiplicité de mesures peu priorisées et aux effets difficilement mesurables" -, une répartition des financements qui répond à des critères "extrêmement généraux", l'absence d'un système de suivi de la performance, ou encore une gouvernance du plan qui "bien que renforcée et volontairement très inclusive, ne prévoit pas l'association de toutes les professions de santé concernées" et reste floue sur les critères de représentations des associations.
Une finalisation du plan pour le premier semestre 2018
Le 10 juillet, Sophie Cluzel a présenté la méthodologie retenue pour élaborer ce quatrième plan. Celle-ci repose sur une large concertation. Les agences régionales de santé (ARS), les départements et les rectorats devront notamment formuler des propositions en partant des besoins et des attentes du terrain. Au terme de six mois de concertation - donc au début de 2018 -, ces remontées seront ensuite synthétisées et exploitées au niveau national par des groupes de travail thématiques, afin de déboucher sur la formalisation du quatrième plan Autisme.
Les cinq thèmes de ces groupes de travail sont d'ores et déjà fixés. Il s'agit en l'occurrence de l'inclusion scolaire des enfants et des jeunes (accès aux apprentissages, de la maternelle à l'enseignement supérieur, ainsi qu'à la formation professionnelle), de l'inclusion sociale et du plein exercice de la citoyenneté des adultes avec autisme (incluant l'accès à l'emploi et au logement), de l'appui aux familles (réponse aux besoins et prise en compte de leur expertise dans l'ensemble des parcours et dans l'accès aux soins), de la recherche, l'innovation et l'enseignement universitaire et, enfin, de la qualité des interventions, la formation des professionnels et l'accompagnement au changement.
Si la démarche est ainsi clairement tracée, le contenu du futur plan reste en revanche encore très incertain, plus encore dans un contexte budgétaire qui restera tendu. Lors de son allocution du 6 juillet, Emmanuel Macron s'est contenté d'évoquer deux sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur et qu'on devrait donc retrouver dans le plan : "bien articuler le médicosocial et le non médicosocial", afin d'éviter les ruptures, et "apporter aussi une réponse et des solutions aux adultes autistes", souvent oubliés au profit de la situation des enfants.