Programmation pluriannuelle en santé : il est temps, clame la FHF
Un financement suffisant des établissements sanitaires et médicosociaux, l’adoption d’une loi de programmation pluriannuelle en santé, le renforcement de la psychiatrie et l’accent mis sur la santé des femmes : la Fédération hospitalière de France a présenté ses priorités pour 2025. Devant l’ambition gouvernementale de fournir au système de santé une visibilité financière sur trois ans, le président de la FHF fait part de son "enthousiasme teinté de vigilance".
"Nous saluons le rehaussement de l’Ondam à +3,3% annoncé par le gouvernement et nous restons vigilants, ce milliard annoncé pour les hôpitaux doit aller réellement au soin", a indiqué Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), le 21 janvier 2022 lors d’une conférence de presse.
Alors que le Premier ministre, François Bayrou, a également dit son souhait de passer à "une logique de financement pluriannuel" des ressources de santé (voir notre article), le maire de Reims exprime là encore son "enthousiasme teinté de vigilance". "On nous a acté qu’il y aurait un protocole pluriannuel sur 2025-2026-2027", qui aboutirait au mois de juin mais "qui embarquerait bien l’année 2025", ajoute Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF, au lendemain d’un entretien des deux dirigeants avec la ministre de la Santé, Catherine Vautrin.
Loi de programmation pluriannuelle : une proposition de la FHF sera soumise aux députés
"La FHF soutient fermement et depuis des années l’instauration d’une loi de programmation en santé pour un système performant, durable et soutenable", rappelle Arnaud Robinet, qui explique que la fédération mettra un "document collaboratif" à la disposition des "parlementaires qui souhaiteraient s’en saisir". Parmi les axes qui y figureront : des orientations correspondant aux objectifs de santé publique, des chapitres dédiés à l’accès aux soins et à la prévention, à la psychiatrie, à la formation et aux métiers…
Cette loi de programmation sera en 2025 au cœur des préoccupations de la FHF, aux côtés de trois autres priorités. Le renforcement de la psychiatrie publique est l’une d’elle, la santé mentale demeurant grande cause nationale étant, pour Arnaud Robinet, "une opportunité unique pour réaliser de véritables avancées". La FHF publie d’ailleurs en ce début d’année une nouvelle édition de son livre blanc destiné à "répondre à l’urgence" et à "bâtir l’avenir de la psychiatrie" (voir notre article). Les deux autres priorités de la Fédération sont la santé des femmes (avec un enjeu important de prévention) et le financement.
L’alerte financière reste entière dans les hôpitaux et les Ehpad
La situation financière reste "très préoccupante", alerte Zaynab Riet, qui indique que le déficit des établissements publics de santé a doublé entre 2019 et 2022 puis de nouveau entre 2022 et 2023 et pourrait atteindre 3,5 milliards d’euros en 2025. "Nous traînons toujours l’impact des mesures liées à l’inflation et celles liées aux ressources humaines qui n’ont pas été compensées totalement", ajoute-t-elle, insistant sur le fait que ces finances dégradées ne relèvent pas d’un problème de gestion. La situation de "déficit consolidé" concernerait sept établissements sur dix – des établissements dont la capacité à investir est forcément réduite.
Côté médicosocial, la situation n’est guère plus brillante. "En 2024, il n’y a pas eu d’aggravation mais le maintien d’une situation déficitaire lourde", résume Marc Bourquin, conseiller stratégique à la FHF. "Les risques de trésorerie se multiplient" et également "les risques de fermeture", alors même qu’il faudrait renforcer l’offre d’accueil et d’accompagnement, décrit-il. Un point positif selon lui : la sortie du décret sur le tarif différencié (voir notre article) qui permettra à des établissements de "sortir un peu la tête de l’eau". Deux autres décrets de la loi Bien vieillir sont attendus "avec impatience" : celui sur les groupements territoriaux sociaux et médicosociaux (GTSMS) et celui sur le dépistage précoce des fragilités (programme Icope).
La FHF appelle également de ses vœux un démarrage au 30 juin 2025 de l’expérimentation sur le financement des Ehpad (fusion des sections soins et dépendance) dans les 24 territoires concernés. Et réitère sa demande d’une "vraie loi de programmation pour le grand âge", distincte de la loi de programmation sanitaire. Sur le grand âge, le soutien à cette loi est "assez transpartisan", selon Arnaud Robinet, pour qui il importe donc de "se saisir de cette occasion".