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Programmation des investissements de transports : le gouvernement affiche ses priorités

Élisabeth Borne a présenté ce 11 septembre devant le Conseil d'orientation des infrastructures les arbitrages du gouvernement en matière d'investissements qui vont s'élever à 13,4 milliards d'euros sur la période 2018-2022, en hausse de 40% par rapport à la période 2013-2017. L'accent sera mis sur l'entretien des réseaux existants, la désaturation des grands nœuds ferroviaires, le désenclavement routier des villes moyennes et des territoires ruraux, les mobilités propres, à travers plusieurs appels à projets, et le renforcement du report modal dans le transport de marchandises.
 

"Le gouvernement s'engage dans une démarche inédite : sortir des impasses du passé en définissant une trajectoire claire, priorisée et financée pour nos investissements", a déclaré Élisabeth Borne, en présentant les arbitrages du gouvernement en matière d'investissements dans les transports ce 11 septembre devant le Conseil d'orientation des infrastructures (COI) dont le rapport rendu le 1er février a servi de base à la programmation.

Une enveloppe moins importante que dans le scénario médian du COI

L'enveloppe proposée atteint 13,4 milliards d'euros sur la période 2018-22, contre 9,2 milliards dépensés en 2013-17, soit une hausse de 40% des investissements. Ce budget est toutefois inférieur au scénario médian qui avait été préconisé par le COI pour "coller" aux priorités avancées par Emmanuel Macron, qui était chiffré à 14,6 milliards.
Dans le détail, 51% iront au rail (sans compter les budgets de régénération du réseau), 38% à la route, 6% au fluvial et aux ports, et 5% aux autres modes. L'État dépenserait ensuite 14,3 milliards d'euros sur la période 2023-27, ce qui permet d'annoncer des programmes sur dix ans. Pour 2019, les crédits seront en hausse de 300 millions d'euros par redéploiement au sein du budget de l'État. A partir de 2020, le gouvernement devra par contre trouver 500 millions par an de ressources nouvelles mais les choix n'ont pas encore été arrêtés à ce stade.
Cette programmation chiffrée des investissements sera intégrée au projet de loi d'orientation des mobilités qui doit être présenté en octobre en conseil des ministres et sera débattue au Parlement, "ce qui constitue une première", insiste le ministère chargé des Transports.

Priorité à l'entretien des réseaux existants

L'objectif premier des investissements à venir est l'entretien des réseaux existants, qu'ils soient routiers, ferroviaires ou fluviaux. Les moyens dévolus au réseau routier national, "qui a connu une dégradation progressive de son état" et ont été déjà augmentés de 100 millions d'euros en 2018 pour atteindre 800 millions d'euros, souligne le ministère, doivent s'accroître de 25% sur le quinquennat, à 850 millions d'euros par an.
Le réseau ferroviaire existant doit, lui, bénéficier de 3,6 milliards d'euros d'investissements sur 10 ans de la part de SNCF Réseau. A partir de 2022, 200 millions d'euros supplémentaires sont prévus chaque année pour lancer des projets comme la nouvelle génération de signalisation ferroviaire, augmenter par exemple de 20% le nombre de trains entre Paris et Lyon ou réduire de moitié les incidents d'infrastructures entre Marseille et Nice.
Un effort de rattrapage est aussi prévu pour le réseau fluvial. L'État va ainsi augmenter progressivement les crédits consacrés à la régénération et la modernisation des voies navigables (automatisation, téléconduite d'ouvrages) pour atteindre 110 millions d'euros par an entre 2019 et 2022.

Doubler la part du train dans les transports du quotidien 

La désaturation des grands noeuds ferroviaires est un autre axe important de la programmation, avec une enveloppe de 2,6 milliards sur dix ans (dont la moitié doit venir du budget de l'État). "L'objectif doit être ambitieux", insiste le ministère : "doubler la part modale du transport ferroviaire dans les déplacements du quotidien autour des grands pôles urbains".
Pour accélérer le désenclavement routier des villes moyennes et des territoires ruraux, une vingtaine d'opérations d'un montant de 1 milliard d'euros sur 10 ans seront prévues dans le cadre des contrats de plan État-région. "Sans forcément construire des 2x2 voies partout, il s'agit surtout de déniveler des carrefours, de dévier des bourgs, de rectifier des courbes ou d'aménager des créneaux de dépassement", explique-t-on au ministère.

Appels à projets pour les mobilités propres

Le gouvernement entend aussi dépenser 1,2 milliard d'euros sur dix ans dans les mobilités propres, à travers plusieurs appels à projets pour accompagner les autorités organisatrices. Trois thématiques ont été identifiées avec pour chacune des enveloppes spécifiques qui seront détaillées dans la programmation : développement des pôles d'échanges multimodaux et des transports en commun, accompagnement des innovations, des nouveaux services de mobilité et des véhicules autonomes et connectés, soutien aux modes actifs, notamment la marche et le vélo.
Enfin, l'État veut aussi renforcer le report modal dans le transport de marchandises. Il compte investir 1 milliard d'euros sur 5 ans et 2,3 milliards d'euros sur la décennie pour soutenir les développements des ports, élargir leur hinterland par des connexions ferroviaires et fluviales performantes et développer des offres sur ces deux modes sur les axes stratégiques.

Dialogue avec les régions sur le phasage des projets 

Le gouvernement a également annoncé "une nouvelle approche" pour la poursuite des grands projets reposant sur une "réalisation phasée des projets, commençant en priorité par les opérations concourant d’abord à amélioration des déplacements du quotidien". Cela concerne les projets de grandes liaisons interurbaines ferroviaires (améliorations d'itinéraires existants, lignes ou sections nouvelles, matériel roulant, etc.) et les projets de compléments ponctuels du maillage autoroutier, en particulier pour des enjeux de sécurité routière, de désenclavement et de congestion. Le gouvernement affirme aussi vouloir tenir ses engagements européens sur les projets de canal Seine-Nord Europe et sur le TGV Lyon-Turin. Pour arrêter définitivement la liste des projets retenus et le calendrier de leur réalisation, Élisabeth Borne doit s'entretenir prochainement avec les présidents de chaque région.