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Infrastructures routières : la carte des priorités se dessine

Dans la suite du rapport livré par le Conseil d'orientation des infrastructures (COI), la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a confirmé devant le Sénat la priorité absolue d'augmenter les moyens consacrés à l'entretien du réseau routier dont l’état est devenu préoccupant. Alors que la présentation de la future loi d'orientation sur les mobilités (LOM) est annoncée avant l’été, cet effort budgétaire devrait se traduire dès 2019 par "un plan de sauvegarde des chaussées, des ouvrages d'art et des équipements du réseau routier national non concédé". 

A la lumière du rapport remis en février dernier par le Conseil d'orientation des infrastructures (COI) présidé par Philippe Duron, les sénateurs ont souhaité s’emparer du sujet de l’état des infrastructures routières sous la forme d’un débat organisé, ce 15 mai, à la demande du groupe LR (en sachant que le lendemain, le 16 mai, cette fois à l'Assemblée, Philippe Duron était invité à revenir sur les principales recommandations de son rapport - voir ci-dessous notre article de ce jour).Trois scénarios de dépenses sont désormais sur la table pour accompagner les autorités organisatrices dans les mutations des mobilités du quotidien (lire nos articles ci-dessous). Le gouvernement devrait faire connaître ses choix dans les prochaines semaines dans le cadre du projet de loi d’orientation sur les mobilités (LOM). "Ce texte proposera une stratégie d'ensemble, ainsi qu'une programmation sincère de nos infrastructures pour les deux prochaines décennies", a ainsi précisé la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Quel que soit le scénario retenu, un certain nombre de priorités émergent dès à présent du rapport livré par l'ancien président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), dont celle de l'amélioration des réseaux routiers existants.

Plan de sauvegarde du réseau routier

Un audit remis en avril à la ministre - non encore rendu public- souligne "l'état critique du réseau" : "50% des surfaces de chaussées sont à renouveler et près d'un pont sur dix est en mauvais état". Ce constat partagé par le rapport Duron n’est pas nouveau, le président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, Hervé Maurey, tirait déjà la sonnette d'alarme en dénonçant "un réseau en danger" dans un rapport d’information publié en mars 2017. Devant les sénateurs, la ministre a déploré un "sous-investissement manifeste", appelant à "une action plus forte de remise à niveau", même si les crédits ont déjà été augmentés cette année (800 millions d’euros contre 670 millions d'euros en moyenne au cours des dix dernières années). L’enveloppe budgétaire consacrée à l'entretien et la modernisation du réseau routier pourrait ainsi s’élever à l’avenir à 1 milliard d’euros. La ministre a également annoncé le lancement dès 2019 d’un "plan de sauvegarde des chaussées, des ouvrages d'art et des équipements du réseau routier national non concédé" (12.500 km de routes nationales et d'autoroutes gratuites, soit environ 1% du réseau). Partie intégrante de la future loi de programmation des infrastructures, ce plan comportera "des objectifs quantitatifs d'amélioration du réseau routier sur la base d'échéances quinquennales", et ce à partir de 2022. 

Désenclaver les territoires

Les enjeux de désenclavement des territoires seront eux aussi au coeur du volet programmatique de la future loi qui prévoit par ailleurs d’accompagner la mise en place d'autorités organisatrices de la mobilité. "Beaucoup de nos territoires souffrent du rythme insuffisant de réalisation des projets prévus de longue date dans les contrats de plan - je pense aux RN2, 88 ou 161. Il faut donner un coup d'accélérateur pour mettre à niveau notre réseau routier national", a répondu la ministre. Le coût de l'aménagement de l'ensemble des infrastructures linéaires à deux fois deux voies entre la RN88 reliant Toulouse à Lyon et l'autoroute A75 est par exemple estimé à environ 350 millions d’euros, "ce qui suppose d'envisager un phasage", a-telle estimé. Mais dans la plupart des cas, "il ne s'agit pas de grands travaux, mais d'aménagements simples", pourtant repoussés "de contrat de plan en contrat de plan, de décennie en décennie".