Environnement - Près d'une plage française sur dix pourrait avoir des eaux de qualité insuffisante
L'association écologiste Surfrider Foundation Europe a publié ce 2 juillet son étude 2008 sur la qualité des eaux de baignade en mer. Tout comme l'année dernière, l'étude inclut une simulation des conséquences, sur le classement des zones de baignade françaises, de l'application dès aujourd'hui de la directive européenne 2006/7/CE de 2006, plus restrictive. Cette directive prévoit notamment la division par quatre des seuils de qualité obligatoire pour les deux paramètres biologiques contrôlés, et la prise en compte des résultats d'analyse des quatre dernières années et non plus simplement de la saison précédente. En mai 2008, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) avait elle aussi réalisé une étude d'impact de la nouvelle directive, qui doit être appliquée au plus tard en 2015.
L'étude réalisée par Surfrider indique que 22% des plages françaises en métropole et outre-mer subiraient un déclassement, c'est-à-dire une rétrogradation en terme de qualité d'eau de baignade, si la nouvelle directive était en vigueur. Ce chiffre reste proche des 20% évoqués dans la simulation 2007. A l'inverse, le nombre estimé de plages dont l'eau serait décrétée de qualité insuffisante suite à l'application de la nouvelle directive passe de 33 pour 2007 à 131 pour 2008, soit près d'une plage sur dix.
Cette hausse brutale s'explique par l'application plus stricte des préconisations de la directive : pour l'édition 2008, il suffit que la concentration d'un seul des deux paramètres biologiques dépasse le seuil autorisé pour que la qualité de l'eau soit déclarée insuffisante. Un tel classement signifie l'obligation pour les municipalités d'interdire la plage à la baignade, si des mesures adéquates pour améliorer la qualité des eaux ne sont pas mises en place. "Si des travaux de réhabilitation ne sont pas mis en œuvre, ces plages seront vraiment fermées en 2015", prévient Surfrider. Sont principalement concernés les départements de la pointe bretonne, ainsi que le Calvados et les Bouches du Rhône.
L'association rappelle par ailleurs l'avertissement adressé le 4 juin 2007 par la Commission européenne aux Etats membres qui radient des listes leurs plages ne répondant pas aux normes de qualité communautaires pour garder de bonnes statistiques, plutôt que de mettre en place des programmes de réhabilitation. La nouvelle directive étant plus stricte, Surfrider s'inquiète de "l'impact pervers" qu'elle pourrait avoir sur la fréquence de telles pratiques.
Le nombre de plages "d'excellente qualité" connaît quant à lui une légère diminution, de 1.122 à 1.079 plages. La part des plages aux eaux "de bonne qualité" diminue de près d'un tiers, passant de 420 à 287 plages. Les eaux "de qualité suffisante" doublent presque, de 71 à 120 plages.
Aurélien Fabre