Habitat - Près d'un Français sur dix vit dans un logement surpeuplé
Eurostat publie une étude sur les conditions de logement en Europe en 2009. Celle-ci indique que 30 millions de personnes souffrent à la fois d'un surpeuplement de l'habitat et de médiocres conditions de logement. Ce chiffre général recouvre évidemment de forts contrastes entre pays. Environ 6% de la population européenne souffre d'une grave privation de logement ("severe housing deprivation"). Sur ce point, la ligne de fracture passe clairement entre l'Europe de l'Ouest (moins de 3%) et les anciens pays de l'Est, auxquels s'ajoutent l'Italie et la Grèce (de 6% à plus de 18%).
La situation est plus compliquée si l'on considère les conditions médiocres de logement. L'étude d'Eurostat retient cinq critères pour rendre compte de ce cas de figure. Le premier est le surpeuplement, qui touche 18% de la population européenne. Une personne est considérée comme vivant dans un logement surpeuplé si le ménage n'a pas à sa disposition un nombre minimum de chambres égal à une chambre pour le ménage, une chambre par couple dans le ménage, une pour chaque personne célibataire de 18 ans et plus, une par paire d'enfants du même sexe de 12 à 17 ans, une par paire d'enfants de moins de 12 ans... La France (hors départements d'outre-mer) affiche un taux de surpeuplement de 9,6%, supérieur à celui de ses principaux voisins (3,2% en Espagne, 3,9% en Belgique, 7% en Allemagne, 7,2% au Royaume-Uni), l'Italie exceptée (23,3%). Les meilleurs résultats en ce domaine sont obtenus par Chypre (1%) et les Pays-Bas (1,7%), alors que le taux de surpeuplement monte à 57,7% en Lettonie et à 55% en Hongrie et en Roumanie. Le second critère est celui de la présence de fuite de toiture ou d'humidité dans le logement (sur une base déclarative). Selon Eurostat, 15,9% des Européens sont confrontés à une situation de ce type. Les écarts sont plus resserrés et, avec un taux de 12,6%, la France se situe plutôt mieux que ses voisins immédiats, comme l'Allemagne (14%), le Royaume-Uni (14,6%), la Belgique (15,2%), l'Espagne (17,6%) ou l'Italie (20,5%). Les meilleurs résultats s'observent dans les pays nordiques (4,9% en Finlande, 6,6% en Suède...) et en Slovaquie (6,6%). Troisième critère pris en compte : l'obscurité, en d'autres termes le pourcentage de personnes considérant leur logement comme trop sombre. Avec une moyenne européenne de 7,3%, ce critère fait l'objet de peu d'écarts (fourchette de 3,5% en Slovaquie à 15,5% en Slovénie). La France se situe dans la moyenne européenne, avec un taux de 7,5%.
Bien, mais peut mieux faire
Les deux derniers critères reposent sur des bases plus objectives, puisqu'ils concernent les éléments de confort sanitaire. Ainsi, 3,5% de la population européenne ne dispose pas de toilettes à l'intérieur du logement. La France affiche un taux de seulement 0,8%, mais qui la situe néanmoins - de peu - au-dessus de ses voisins (0,6% en Belgique, 0,5% au Royaume-Uni, 0,2% en Italie et... 0,0% en Espagne), à l'exception de l'Allemagne (1,2%). De façon logique, les résultats sont assez voisins sur le critère de l'absence de douche ou de baignoire. La moyenne européenne est de 3,1%, pour 0,6% en France, contre 0,2% au Royaume-Uni, 0,3% en Allemagne, 0,4% en Italie et 0,9% en Belgique, et toujours 0,0% en Espagne. A noter : sur ces deux critères, la Roumanie se détache très nettement en queue de peloton avec des taux de 42 et 41%, deux fois supérieurs à ceux affichés par l'avant-dernier du classement.
Dans le chapitre consacré à l'habitat dans l'édition 2011 des "Tableaux de l'économie française", l'Insee ajoute un chiffre supplémentaire, également tiré d'Eurostat : celui des ménages avec enfant(s) à charge vivant en situation de surpeuplement. Avec 25,3%, le taux européen en la matière est supérieur à celui observé pour l'ensemble de la population, le surpeuplement touchant, par construction, davantage les familles que les personnes isolées ou les couples sans enfant. Ce taux est de 13,6% en France et se révèle supérieur à celui de nos voisins, à l'exception de l'Italie (34,8%) : 4,4% en Espagne, 6,1% en Belgique, 9% en Allemagne et 12,2% au Royaume-Uni.