Energie / Social - Près de 6 millions de ménages en situation de vulnérabilité énergétique selon l'Insee
5,9 millions de ménages en France, soit plus d'un sur cinq, sont en situation de vulnérabilité énergétique pour le chauffage et l’eau, ou pour des déplacements quotidiens en voiture selon une étude de l'Insee publiée le 7 janvier. 700.000 ménages (2,6%) le sont même pour les deux types de dépenses. On parle de vulnérabilité énergétique lorsque le poste de dépenses énergétiques "contraintes" (chauffage, eau chaude et déplacements) représente une part importante des ressources d'un ménage, mesurée par le "taux d'effort énergétique". Un ménage est ainsi considéré vulnérable lorsque ses dépenses pour le chauffage et l'eau chaude dépassent 8% de ses revenus et 4,5% pour ses déplacements.
Risque plus élevé quand on s'éloigne des pôles urbains
"Certains ménages se trouvent face à un choix difficile : renoncer à d'autres dépenses pour se chauffer correctement ou se déplacer ou, au contraire, se résigner à avoir froid ou à se déplacer moins", relève l'étude fondée sur des données de 2008, la seule année pour laquelle l'Insee estime disposer de toutes les informations nécessaires. 14,6% des ménages sont en situation de vulnérabilité énergétique pour leur logement et 10,2% pour l'achat de leur carburant pour leurs déplacements, détaille l'étude qui montre aussi l'importance du lieu de résidence en la matière. La vulnérabilité énergétique augmente ainsi "fortement" quand on s'éloigne des pôles urbains : de 13,8% pour les grands pôles, la part des ménages concernés passe à 24% pour les moyens et petits et dépasse en moyenne les 30% en milieu périurbain. "Les zones les moins vulnérables ne sont pas nécessairement les plus riches, observe l'Insee. Ainsi les revenus sont en moyenne moins élevés dans les pôles urbains que dans les couronnes mais cette relative faiblesse y est compensée par des factures énergétiques moins importantes, tant pour le chauffage du logement que pour le carburant. Dans les zones très éloignées de pôles, les ménages cumulent des revenus en moyenne plus bas et des dépenses énergétiques plus élevées".
Surface du logement et mode de chauffage, deux facteurs essentiels
Les personnes seules (un tiers) et les moins de 30 ans (43,1%) sont particulièrement touchés par la vulnérabilité énergétique, mais les ménages les plus nombreux à être en difficulté sont les retraités (1,8 million), soit 21,1% de cette catégorie. Parmi les actifs, ce sont les ouvriers qui comptent le plus de ménages vulnérables (1,2 million), soit près de 27% de cette catégorie sociale.
La surface du logement et le combustible utilisé pour le chauffer jouent aussi fortement sur le risque de vulnérabilité, souligne l'Insee. En toute logique, plus le logement est spacieux, plus la facture nécessaire pour le chauffer est élevée. Toutefois, les habitations les plus petites sont aussi occupées le plus souvent par des ménages modestes. Résultat : la proportion de ménages ayant de fortes dépenses énergétiques liées au logement par rapport à leurs revenus est presque identique dans les petites et les grandes surfaces (26,8% des ménages occupant un logement de moins de 25 m² contre 24,1% pour ceux des logements de plus de 150 m²). Ce taux tombe à 16% dans les logements de surfaces intermédiaires. Les ménages se chauffant au fioul sont les plus nombreux à être vulnérables (1,7 million soit 38,2% de ces ménages contre 13,2% de ceux se chauffant à l'électricité). Mais le mode de chauffage pour lequel la population est le plus souvent vulnérable est le gaz en bouteille (42,4%). A l'opposé, le bois et le gaz de ville sont les modes de chauffage pour lesquels la population est le moins vulnérable, y compris pour les ménages vivant sous le seuil de pauvreté. Le climat joue également sur la vulnérabilité énergétique. Ainsi, en Franche-Comté (26%), en Auvergne (27%) et en Lorraine (27,4%), le taux de vulnérabilité pour les dépenses liées au logement dépasse 25%.
Vulnérabilité liée aux déplacements : cinq régions très exposées
Si l'on s'en tient aux déplacements, cinq régions sont particulièrement exposées : l’Auvergne (16% des ménages dépensent plus de 4,5% de leurs revenus pour les carburants), la Champagne-Ardenne (16%), la Picardie (16,1%), le Limousin (17,5%) et, largement en tête, la Corse (28%). Les quatre régions les moins exposées sont l’Ile-de-France (3%), le Nord-Pas-de-Calais (7,4%), Paca (7,7%) et l’Alsace (7,8%). Le risque de vulnérabilité énergétique liée aux déplacements contraints est faible dans les pôles urbains (4,3% dans les grands pôles, 6,9% dans les moyens et petits) mais bien plus élevé dans les zones éloignées.
Enfin, les moins de 30 ans sont les plus vulnérables à la fois pour le logement et le carburant (7,8% sont dans cette situation contre 1,2% pour les plus de 60 ans). Les catégories socioprofessionnelles les plus touchées par une consommation énergétique contrainte très élevée aussi bien dans leur logement qu'en termes de transports sont les agriculteurs (11,6%) et les chômeurs et inactifs (9,8%) alors que cette "double peine" ne frappe que 0,9% des cadres et professions intellectuelles supérieures.