Logement - Premier bilan pour l'éco-PTZ : un verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Trois mois après l'entrée de l'éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) dans sa phase opérationnelle, le secrétariat d'Etat au Logement se félicite, dans un communiqué, du "fort engouement" et du "succès" de ce dispositif. Deux preuves sont avancées à l'appui de cette affirmation. D'une part, plus de 15.000 prêts ont déjà été signés en l'espace de trois mois. Le ministère y voit l'effet de l'intérêt du dispositif, mais aussi de la campagne d'information qui a accompagné sa mise en place. Autre argument mis en avant : le nombre très important de questions posées sur l'éco-PTZ, qui a entraîné la mise en ligne de tout un jeu de questions-réponses.
Le son de cloche est un peu différent chez les professionnels. Certains font notamment valoir qu'un rythme de souscription d'environ 5.000 éco-PTZ par mois ne permettra pas d'atteindre l'objectif du gouvernement de 100.000 prêts en un an. Après des débuts un peu laborieux, l'éco-PTZ semble toutefois connaître une nette montée en charge. Selon le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), seuls 2 à 3.000 prêts avaient été signés deux mois après la mise en place du dispositif. Mais, au 20 juillet, 15.000 prêts ont bien été signés, ce qui témoigne d'une forte accélération. Didier Ridoret se dit par conséquent persuadé "qu'on atteindra les 100.000".
Interrogé par Batiactu, Philippe Pelletier, le président du comité de suivi du volet bâtiment du Grenelle de l'environnement, apporte également son éclairage sur l'éco-PTZ. Il explique notamment que certains réseaux bancaires n'ont mis en place que tardivement leur offre en la matière, ce qui expliquerait le démarrage difficile. De plus, faute d'une connaissance suffisante du dispositif, beaucoup de candidats auraient mal monté leur dossier. Pour 15.000 prêts souscrits à ce jour ce sont 30.000 demandes qui auraient été écartées mais qui devraient être représentées après complément. Philippe Pelletier indique aussi que le montant moyen des prêts souscrits à ce jour s'élève à 18.000 euros, loin du plafond de 30.000 euros. Il en tire trois enseignements : "les entreprises sont restées raisonnables dans l'élaboration des devis. Les gens sont restés prudents sur l'enveloppe de travaux réalisés. Et, enfin, tout va monter en gamme progressivement". Le président du comité de suivi reconnaît cependant deux écarts par rapport au projet initial. D'une part, l'essentiel des éco-PTZ est concentré sur le logement individuel, les copropriétés étant pour l'instant "très peu demandeuses". Mais les décisions y obéissent à des procédures beaucoup plus lourdes et le lancement de gros travaux requiert la tenue d'une assemblée générale, ce qui justifie un décalage important. D'autre part, les demandes de travaux se sont concentrées presque exclusivement sur la rénovation thermique, au détriment des travaux d'assainissement. Il est vrai toutefois que toute la communication a été axée sur les économies d'énergie - le communiqué du secrétariat d'Etat au Logement ne fait même pas mention de l'assainissement - et que les conditions sont plus favorables pour ces dernières (plafond de travaux de 30.000 euros au lieu de 10.000 euros pour l'assainissement). En dépit de cet optimisme, Philippe Pelletier rappelle qu'"à terme, 400.000 rénovations doivent être effectuées chaque année. Aujourd'hui, nous n'en sommes pas encore là. Ce n'est que le début. Il faut laisser passer 2010 et j'espère qu'en 2011, nous n'en serons pas loin".
Jean-Noël Escudié / PCA