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Dépendance / handicap - Pourquoi vit-on en institution plutôt qu'à domicile ?

Quels sont les principaux éléments expliquant qu'une personne vit à domicile ou en institution ? La question n'est simple qu'en apparence. L'Insee y a consacré un chapitre de son étude annuelle "France, portrait social" (pour un aperçu d'ensemble de cette étude, voir ci-contre notre article du 16 novembre). En sachant qu'elle concerne un peu plus de 600.000 personnes hébergées en établissements pour adultes handicapés, en structures psychiatriques ou en établissements pour personnes âgées ou dépendantes. Le motif évident de cette situation - sous-entendu dans l'intitulé même de ces structures - tient bien sûr à leur état de santé. Les chiffres tirés de l'enquête Handicap-Santé de 2008-2009 montrent en effet que les personnes hébergées dans ces trois catégories d'établissements sont en moins bonne santé que les personnes dites en ménage (c'est-à-dire vivant chez elles ou dans leur famille).
Cette différence s'observe dans l'état de santé général, mais aussi dans l'état de santé "fonctionnel" (ce qu'une personne peut faire ou pas en raison de son état de santé). Celui-ci est mesuré par la présence d'altérations fonctionnelles, comme les altérations cognitives, fréquentes pour les personnes en établissements psychiatriques et plus encore chez celles accueillies en établissements pour adultes handicapés. De même, les altérations s'accroissent avec l'âge, mais elles concernent encore assez peu les personnes de 60 à 80 ans vivant à domicile. Pour cette catégorie de population, l'état de santé ne semble pas être un facteur fortement discriminant, du moins jusqu'à 80 ans. Ainsi, les proportions de personnes ne se déclarant pas en bonne santé sont proches parmi les 75 à 79 ans : 73% des personnes en établissements et 71% de celles en ménages. En revanche, après 80 ans, c'est surtout l'état fonctionnel cognitif qui différencie les deux catégories, avec deux fois plus de problèmes de cette nature pour les personnes vivant en établissements.
Un autre élément discriminant réside dans le fait que les personnes en institution ont plus souvent besoin d'aides techniques et moins de possibilités d'aide de la part de leur famille. A ce titre, la dimension "environnementale" (aides techniques et humaines, aménagements du logement, accessibilité des lieux de vie de la personne, mais aussi éventuelles attitudes discriminantes vis-à-vis de la personne) constituent un élément décisif. C'est aussi la cas de la participation sociale (travail, réalisation d'activités, participation à la vie culturelle ou associative, réseau amical...).
La présence d'un entourage joue également un rôle important. Ainsi, les personnes vivant en structures psychiatriques ou en établissements pour adultes handicapés disposent d'un entourage familial moindre que celui des personnes en ménage. De même, après 60 ans, les personnes à domicile sont mieux entourées et plus souvent en couple que celles en institution. Pour les plus de 60 ans, l'effet de l'âge sur l'entourage est toutefois très différent selon la situation. Ainsi, si la fréquentation des enfants reste à peu près stable avec l'âge pour les personnes en ménage, elle s'accroît en revanche fortement pour celles vivant en établissement. A l'inverse, la fréquentation des amis reste stable pour ces dernières (mais à un niveau faible d'environ 10%), tandis qu'elle décroît fortement pour les personnes en ménage (de 50% à 30%). Enfin, la fréquentation de la famille (hors enfants) croît avec l'âge pour les personnes en ménage comme pour celles en établissements, mais plus rapidement pour ces dernières.
De ces différents éléments, l'étude essaie de tirer "ce qui explique qu'on vive en institution". Tout en rappelant que les réponses dépendent des situations, de l'âge des personnes et du type d'institution, l'Insee voit néanmoins deux facteurs explicatifs principaux : déclarer une altération fonctionnelle cognitive et l'absence de compagnon et de famille.