Mobilité - Pour "un vrai plan national vélo"
Il y a mille et une bonnes raisons de parler vélo aujourd'hui. Le contexte de crise et de plans d'austérité qui incite tout le monde à parler de la nécessité de faire des économies, que ce soit, par exemple, sur le budget essence ou sur les frais de santé. La prise en compte croissante des enjeux environnementaux. L'approche du projet de loi de finances pour 2012. L'approche, aussi, de l'élection présidentielle... Sans oublier la rentrée scolaire et l'éternelle question concrète : quelle est la meilleure façon d'amener les enfants à l'école ?
C'est en tout cas ce que fait valoir le Club des villes et territoires cyclables, qui relançait ce mardi 30 août devant la presse un ensemble de demandes et de propositions, principalement à l'adresse de l'Etat. Avec, pour cette association regroupant plus d'un millier de villes (215 collectivités), deux autres éléments de contexte : l'approche de son congrès, prévu les 6 et 7 octobre à Dijon, et la deuxième réunion, ce jeudi 1er septembre, du groupe de travail sur le développement de l'utilisation du vélo mis en place le 13 juillet dernier par Thierry Mariani, le ministre chargé des transports. Un groupe de travail présidé par Philippe Goujon, député-maire UMP du 15e arrondissement de Paris.
Cette réunion de jeudi sera l'occasion pour le Club des villes et territoires cyclables de "déposer officiellement un plan national vélo, avec des propositions très pratiques", a fait savoir son président, Jean-Marie Darmian, en faisant d'emblée état d'un "agacement durable" des villes face à un Etat resté quasi-immobile ces dernières années en matière de politiques en faveur du vélo. L'association a, pourtant, régulièrement formulé des propositions, rencontré les ministres... Elle a entre autres proposé la mise en place d'un chèque vélo, d'un crédit d'impôt, d'une incitation à destination des entreprises proposant à leurs salariés une indemnité kilométrique ou une flotte de vélos... En vain, assure Jean-Marie Darmian. D'où la nécessité de répéter ce que l'association demande depuis parfois plus de dix ans. Et de structurer cette demande en un plan d'actions global assez simple : 10 "mesures prioritaires" autour de 3 "grands défis".
Un axe clef : les déplacements domicile-travail
Ces défis : "cohésion territoriale, qualité de vie, cohésion sociale". Le premier implique évidemment surtout les mobilités péri ou interurbaines et consiste à demander à l'Etat que 10% du budget des routes nationales et autoroutes soit affecté à l'aménagement d'itinéraires vélo. Cela peut paraître beaucoup. C'est, nous dit-on, nécessaire pour rattraper le retard qui a été pris, y compris pour soutenir la création des premières "autoroutes à vélo". Le Club demande en outre un jalonnement des grands itinéraires de véloroutes et voies vertes. A ce titre, Jean-Marie Darmian n'oublie pas l'enjeu touristique et donc économique de routes et territoires vélo friendly. Il faut dire que la petite commune de Créon (Gironde) dont il est le maire a créé le premier "point relais vélo" de France et a vu passer cet été pas moins de 45.000 touristes à vélo ("un record !").
En termes de "qualité de vie", les villes cyclables souhaitent que soit relancée la démarche "Code de la rue" qui semble marquer le pas. Et met l'accent sur la nécessité d'un plan ambitieux de stationnement, que ce soit sur la voirie, aux abords des gares et des équipements publics ou dans l'habitat collectif. C'est évidemment, on le sait, une condition sine qua none pour développer l'usage du vélo au quotidien et promouvoir l'intermodalité vélo-transports collectifs. Il faut aussi déployer le système de marquage des vélos contre le vol et multiplier les actions d'apprentissage du vélo. Enfin, le Club propose au ministère de la Santé de prévoir une campagne de communication annuelle sur les bienfaits du vélo. En rappelant que selon une étude de 2010, la pratique actuelle du vélo en France permettrait d'économiser 5,6 milliards d'euros de dépenses de santé.
Sur l'axe "cohésion sociale", on trouvera deux propositions, sous forme d'incitations économiques, susceptibles d'être mises en œuvre rapidement. Le modèle, en la matière, c'est le programme britannique "Cycle to work" – autrement dit un plan en faveur des déplacements domicile-travail. "Les employeurs qui faciliteront l'accès des salariés au vélo (prêt de vélo ou aide à l'achat) doivent bénéficier d'incitations (exonérations fiscales et sociales) sans que ces aides soient assimilées à des avantages en nature pour le salarié", explique le Club. Et ce, que l'on opte pour la mise en place d'une flotte d'entreprise ou pour une "indemnité vélo" (de l'ordre de 0,20 euro par kilomètre, soit 350 euros par an pour un trajet quotidien de 8 kilomètres aller-retour).
Aujourd'hui, 5% des Français utilisent leur vélo quotidiennement pour se déplacer. Un mode de déplacement qui a le vent en poupe... mais dont le potentiel de croissance demeure énorme. Et le Club de rappeler que plus de 50% des déplacements font moins de 2 kilomètres. De courtes distances que la plupart des Français seraient en mesure de parcourir autrement qu'en voiture... Et pour les autres, le Club n'oublie pas les premiers succès des vélos à assistance électrique !