Pour Nicole Belloubet, la rentrée scolaire est "prête" malgré un contexte "inédit"
Lors de sa conférence de presse de rentrée, la ministre de l'Éducation nationale démissionnaire en a appelé à la "continuité de l'État" pour expliquer la mise en œuvre de certaines réformes… quand d'autres sont provisoirement laissées de côté.
L'exercice tenait de l'équilibrisme. Nicole Belloubet n'a pas chuté. Lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, le 27 août, la ministre de l'Éducation nationale de l'actuel gouvernement démissionnaire a bien souligné un "contexte inédit sur le plan politique" tout en évoquant la "continuité de l'État". "C'est justement quand il existe une forme d'incertitude que cette continuité apparaît essentielle", a-t-elle rappelé, avant d'ajouter que la temporalité de l'Éducation nationale était "implacable" et que ni les personnels de l'Éducation nationale, ni les douze millions d'élèves, ni leurs parents "ne demandent que les sonneries des salles de classe se calent sur celles du palais Bourbon".
Pour Nicole Belloubet, la rentrée est donc "prête" et s'inscrira dans le cadre de sa circulaire de rentrée (lire notre article du 31 juillet). Ainsi, cette année verra la finalisation du dédoublement des classes de grande section de maternelle en éducation prioritaire. En primaire, les nouveaux programmes en français et mathématiques pourront être publiés dès la fin de la période des "affaires courantes" et entreront en vigueur à la rentrée 2025. Quant aux évaluations en CE2 et CM2, elles seront introduites cette année. L'expérimentation de l'uniforme, pour sa part, "aura bien lieu" dans 90 établissements volontaires, dont "70 écoles", a précisé Nicole Belloubet.
Les "groupes de besoins" aux mains des établissements
Pour le collège, si la ministre a martelé que "jusqu'à quinze ans, les élèves doivent bénéficier d'un socle commun de connaissances et de compétences, avec des enseignements de même nature, sans tri social", elle n'en a pas moins loué les "approches différenciées", confirmant la mise en place, avec "pragmatisme et souplesse", de "groupes de besoins" en mathématiques et français en 6e et 5e. "Aux établissements et aux équipes pédagogiques d'agir pour atteindre les objectifs de cette réforme", a laconiquement commenté la ministre. En revanche, et contrairement aux précédentes annonces (lire notre article du 5 décembre 2023), il n'y aura pas d'obligation d'obtention du diplôme national du brevet (DNB) pour entrer au lycée, "le décret prévu à cette fin étant aujourd'hui gelé". Toutefois, la "prépa seconde" sera proposée à des élèves volontaires n'ayant pas obtenu le DNB en 2024 dans au moins un lycée par département.
Parmi de nombreux autres sujets, Nicole Belloubet a encore évoqué plusieurs points concernant directement les collectivités territoriales. Tout d'abord, la nécessité de travailler sur l'évolution de la carte des formations professionnelles en lien avec les branches professionnelles et les conseils régionaux (voir aussi notre article). Également mise en avant : "la sécurisation des enceintes scolaires par l'État avec les partenaires locaux", en cours de déploiement après une enquête menée au printemps dernier en lien avec le ministère de l'Intérieur.
Carte scolaire et éducation prioritaire
Par ailleurs, la ministre a parlé du "lien extrêmement étroit avec les collectivités territoriales" que son ministère doit "établir" et "affermir". Un lien qui se traduira par un "dialogue soutenu avec les élus" dans l'établissement de la carte scolaire du premier degré. C'est le but de la mise en œuvre des observatoires de la dynamique rurale, dont certains sont déjà en place. La signature d'une convention "procédurale" avec l'Association des maires de France (AMF) étant prévue afin de "cadrer les démarches accomplies".
En outre, la question des équipements, notamment numériques, doit, selon Nicole Belloubet, faire l'objet d'"une réflexion partagée", tout comme celle du périscolaire "mérite d'être approfondie pour que le lien soit mieux établi avec le temps scolaire".
Enfin, la lutte contre les "assignations sociales" suppose de travailler sur la refonte de la carte de l'éducation prioritaire. "J'ai proposé au Parlement que les premiers travaux sur ce sujet soient effectifs dès la rentrée 2025, ce qui veut dire qu'il convient que nos services s'y engagent dès maintenant", a prévenu la ministre. Dans le même ordre d'idées, le protocole signé en 2022 avec l'Enseignement catholique pour favoriser la mixité scolaire sera évalué.