Rentrée scolaire 2024-2025 : une circulaire malgré tout
À la veille des élections législatives, la ministre de l'Éducation nationale avait publié une circulaire de rentrée dont les mesures restent aujourd'hui suspendues à la couleur politique du prochain gouvernement. Parmi de très nombreux sujets, le texte traite du "choc des savoirs", de la réforme du lycée professionnel ou encore de la refonte de la carte de l'éducation prioritaire.
C'est une circulaire de rentrée pas comme les autres que la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, a adressée fin juin 2024 aux recteurs et inspecteurs de l'Éducation nationale. Intitulée "Ne laisser aucun élève au bord du chemin", elle arrive dans un contexte politique qui rend son avenir très incertain. Le 23 juillet dernier, le président de la République a en effet annoncé que le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal continuerait de gérer les affaires courantes au moins jusqu'à la fin des Jeux olympiques, soit au soir du 11 août. Il reviendra donc au gouvernement nommé après cette échéance de décider si, oui ou non, les mesures contenues dans ce texte trouveront à s'appliquer…
Après des mois marqués par des annonces autour du "choc des savoirs" et des groupes "de besoins" au collège, la circulaire rappelle en premier lieu que ces groupes seront mis en place à la rentrée 2024 en français et en mathématiques pour les élèves des classes de sixième et de cinquième (lire notre article du 20 juin). Elle souligne toutefois qu'"en aucun cas, [cette mesure] ne saurait aboutir à la constitution de groupes pérennes d'élèves en difficulté, ni constituer une forme de 'tri scolaire'".
Autre annonce récente reprise dans la circulaire : le lancement d'une démarche de labellisation des manuels scolaires de CP et de CE1 en lecture. Cette labellisation, qui peut être sollicitée par les éditeurs, ne sera pas obligatoire mais permettra "de guider les professeurs dans le choix" en certifiant "la conformité de leurs manuels aux programmes" (lire notre article du 27 mai).
Transformation de la carte des formations
Les collectivités seront encore directement intéressées par d'autres points. La réforme du lycée professionnel entrera en vigueur sur l'ensemble des niveaux à la rentrée 2024. Et alors que l'évolution de la carte des formations professionnelles initiales constitue un "des leviers majeurs" de cette réforme, chaque région académique visera une transformation de sa carte des formations à hauteur de 6% par an afin d'atteindre 25% de transformation en 2027.
La découverte des métiers au collège se poursuit. Mais alors qu'un récent rapport de l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a mis en lumière l'importance des actions précoces, dès les classes de sixième ou cinquième (lire notre article du 24 juin), la circulaire se contente de fixer un objectif plus large : proposer, en lien avec les régions, des parcours "qui permettent à nos jeunes, en fin de troisième, de connaître plusieurs dizaines de métiers et d'avoir rencontré des personnalités inspirantes issues de différents secteurs économiques".
Afin de lutter "contre toutes les formes d'assignation", la circulaire évoque encore la labellisation, dès la rentrée, de 170 nouveaux "internats d'excellence", dont 38 bénéficieront du soutien de l'État à hauteur de 40 millions d'euros. Parallèlement, la mobilisation des territoires éducatifs ruraux (TER) se poursuivra pour atteindre trois cents TER à la rentrée 2026. Par ailleurs, l'ouverture de nouvelles sections internationales dans les établissements sera désormais systématiquement subordonnée à des critères de mixité sociale.
Refonte de la carte de l'éducation prioritaire en concertation avec chaque territoire
Toujours en lien avec l'objectif de mixité sociale : l'année scolaire 2024-2025 verra le départ des travaux de refonte de la carte de l'éducation prioritaire, dont la dernière révision date de 2015. La circulaire précise que la nouvelle carte "devra être travaillée localement, au cas par cas, en fonction des réalités territoriales et en pleine concertation avec les forces vives de chaque territoire". De plus, "la politique d'ouverture sociale des établissements privés sous contrat ainsi que des établissements publics les plus favorisés" se poursuivra.
Enfin, un train de mesures vise "la pleine inclusion scolaire". L'année scolaire 2024-2025 verra ainsi l'expérimentation de pôles d'appui à la scolarité (PAS) dans les départements de l'Aisne, de la Côte-d'Or, de l'Eure-et-Loir et du Var (notre article du 5 juillet). Ils auront pour mission, lorsqu'une aide humaine sera nécessaire, d'aider les familles dans leur démarche et d'affecter un AESH (accompagnement d'élève en situation de handicap) auprès de l'enfant dans l'attente de la notification de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
Parmi de nombreux autres sujets, la circulaire évoque encore la laïcité, le harcèlement et l'autorité des professeurs, la sécurité des établissements, la réforme du brevet, la lutte "contre tous les stéréotypes", le Service national universel (SNU) ou l'usage raisonné des écrans, et précise que le ministère va "dynamiser" les trente minutes d'activité physique par jour à l'école primaire, "amplifier" le CNR éducation et reconduite les stages de seconde.