Pour le Céreq, l'emploi sportif est dynamique mais précaire
Qui sont les professionnels du sport en France ? Pour répondre à une question aussi vaste, le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) a enquêté. Le résultat de son travail vient d'être publié dans un recueil intitulé "Regards croisés sur le secteur des activités sportives et le métier d'éducateur sportif". Ce portrait statistique de l'emploi sportif, réalisé à la demande du ministère des Sports, avait un objectif : mettre à disposition de l'ensemble des acteurs publics ou privés concernés par les questions d'emploi et de qualification dans le sport un socle synthétique de connaissances et de repères quantitatifs.
Mais au fait, de quoi parle-t-on à travers le syntagme "emploi sportif" ? Pour le Céreq, il s'agit, d'une part de l'exercice des métiers de l'encadrement des pratiques sportives quel que soit l'employeur, et d'autre part de l'ensemble de l'emploi dans les clubs de sport et centres de culture physique, dans la gestion d'installations et l'enseignement de disciplines sportives.
28% des éducateurs sportifs en poste dans une collectivité
Cette enquête n'évite pas un écueil régulièrement rencontré dans les études statistiques nationales dans le champ du sport : le manque de fraîcheur des données. C'est en effet en grande partie sur le recensement de la population de 2013 que le Céreq s'appuie pour établir à 154.200 le nombre des emplois occupés à titre d'activité principale dans le secteur du sport, soit 0,7% de la population active. La répartition de ces emplois est très disparate selon les régions : 24% de l'emploi national salarié privé du sport se concentre en Ile-de-France. Il est encore à noter que 23% de ces emplois concernent des activités administratives, commerciales ou comptables. Quant aux éducateurs sportifs proprement dits, le Céreq en dénombre 104.300, tous secteurs confondus. Parmi eux, 28% sont en poste dans une collectivité territoriale. En termes d'emplois occupés, il est également intéressant de noter que la part des gestionnaires d'installations sportives est en net recul. Elle représentait 24% des emplois du secteur en 1994, pour seulement 16% en 2015.
Un secteur dynamique…
En termes de dynamique, l'emploi salarié dans le secteur du sport a crû au rythme de 3,5% par an en moyenne entre 1994 et 2015, soit trois fois plus vite que dans l'ensemble de l'économie nationale. Sans surprise, le Céreq précise que ce secteur est attractif pour les jeunes. Non seulement 15% des actifs y ont moins de 25 ans, mais encore le pourcentage de jeunes y ayant occupé un emploi au cours de leurs trois premières années de vie active est plus élevé que dans les autres secteurs d'activité. Paradoxalement, le nombre des actifs de plus de 50 ans dans le sport est également en hausse : il est passé de 11% à 24% en vingt ans. Preuve sans doute que le secteur a acquis la maturité nécessaire pour permettre d'y réaliser des carrières prolongées…
Autre évolution notable : malgré une image qui reste masculine, la part des femmes a augmenté dans le sport au point de s'établir à 44% des actifs, un nombre conforme à la moyenne nationale tous secteurs confondus. Toutefois, observe le Céreq, les jeunes hommes restent surreprésentés dans les tâches d'entraînement spécifiques qui restent le coeur de l'activité.
… de plus en plus qualifié…
L'enquête du Céreq s'intéresse aussi au niveau de formation dans le secteur du sport, et remarque qu'il a connu une très nette augmentation. Si le recrutement se situe encore massivement au niveau IV (bac ou équivalent), les diplômés du supérieur sont de plus en plus nombreux. Et alors qu'il y a vingt ans 60% des actifs du secteur du sport avaient un niveau supérieur au bac, cette part s'élève désormais à 75%. "On note une montée en qualification rapide ces dix dernières années, avec un doublement de la part des niveaux I et II [licence et plus, ndlr], phénomène que l'on constate pour l'ensemble des secteurs, mais sur une plus longue période", pointe le Céreq.
… mais précaire
Enfin, l'emploi salarié du secteur du sport se concentre sur de petites structures : 95% des établissements comptent moins de 20 salariés, et souvent beaucoup moins, la moyenne s'élevant à 3,2 salariés. Quant au nombre de travailleurs indépendants, il est en hausse, avec actuellement 16% des emplois concernés. Chez les éducateurs sportifs exerçant dans le secteur du sport, la part de l'emploi non salarié se hisse même à 33%.
On note encore des caractéristiques liées à la nature de l'activité : temps partiel fréquent (34%), contrats à durée déterminé en hausse (20,4% en 2015 contre 13,8% en 1994), emploi morcelé (20% de multiactivité), employeurs multiples, voire double statut salarié/indépendant. En outre, les emplois aidés représentent 10% de l'emploi salarié du secteur. "Les jeunes salariés bénéficient de conditions d'emplois plus précaires que leurs aînés", conclut le Céreq.