Pour Joël Fourny (APCMA), la régionalisation des chambres de métiers et de l'artisanat a du bon
Les présidents de la Confédération des PME (CPME) et de la Fédération française du bâtiment (FFB) se sont récemment positionnés contre le projet du gouvernement de régionaliser les chambres de métiers et de l'artisanat (voir notre article du 25 octobre). Pour Joël Fourny, vice-président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCMA) et président de la CMA de région Pays de la Loire, cette réorganisation comporte pourtant de nombreux avantages.
Localtis - Contrairement à la CPME et la FFB, vous êtes plutôt favorable à ce mouvement de régionalisation ?
Joël Fourny - Ce mouvement de renforcement du niveau régional permet de mutualiser notre offre de services. L'idée n'est pas de tout rapatrier sur l'établissement unique régional mais seulement les fonctions supports qui peuvent être mutualisées, comme la formation, les services financiers… Cela permet de réaliser des économies d'échelle pour ainsi mieux utiliser et redéployer les ressources au niveau des chambres départementales. Dans la région Pays de la Loire, cela a même permis de redéployer des agents chargés du développement économique sur des structures départementales qui n'en avaient pas auparavant car elles ont peu de ressortissants et donc des revenus faibles.
Mais à la longue, n'y a-t-il pas un risque de suppression de l'échelon départemental de votre réseau ?
Les chambres départementales ne seront pas supprimées, l'échelon départemental n'a jamais été remis en cause. L'objectif est de pouvoir apporter aux artisans un service identique quelles que soient leur localisation et la taille du territoire sur lequel ils mènent leur activité. Et le renforcement des chambres régionales permet ce maillage de l'ensemble du territoire. Les élus qui se sont engagés dans cette voie, comme ceux des Pays de la Loire, des Hauts-de-France et de Provence-Alpes-Côte d'Azur peuvent en témoigner ; ils y ont fortement gagné. Grâce à cette mutualisation régionale de certaines fonctions, ils ont plus de latitude pour travailler sur le terrain, en proximité avec les artisans. Par ailleurs, le gouvernement n'impose pas le même modèle partout. En fonction des périmètres régionaux, l'organisation peut être différente, pour respecter les spécificités pour chaque territoire.
Les réformes se multipliant, avez-vous des doutes sur le maintien, à terme, du réseau ?
Nous appliquons les textes en vigueur et notamment la loi de 2010 (loi du 23 juillet 2010 relative aux réseaux consulaires, Ndrl) sur les fonctions supports. Il est impensable de voir un certain nombre d'institutions se réformer sans rien faire de notre côté. Ne rien faire serait accepter que le réseau puisse disparaître. Il s'agit là de prévoir et d'organiser notre réforme, au lieu de la subir. Bien sûr, rien ne se fait jamais sans inquiétude. Et ce mouvement permet aussi de spécialiser des personnes sur certaines fonctions. C'est ce qu'attendent les entreprises artisanales.