Police de sécurité du quotidien : le FFSU demande "davantage d'information et de concertation" avec la population et les élus
Les effets de la police de sécurité du quotidien sont inégaux et les informations données au maires sont "parcellaires", fait savoir le Forum français pour la sécurité urbaine, qui demande au gouvernement de mieux associer les élus locaux et la population à cette réforme. L'association va remettre un livre blanc au mois de juin.
Un an après le lancement de la police de sécurité du quotidien, les élus du Forum français pour la sécurité urbaine (FFSU) font connaître leur impatience. "Le gouvernement met en avant dans son bilan des augmentations d’effectif et un renforcement des moyens techniques attribués à la police. Ces changements semblent toucher inégalement les territoires et les informations données aux élus locaux sont parcellaires", fait savoir le FFSU, dans un communiqué du 11 février, diffusé trois jours après les déclarations du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. "Si on leur annonce des effectifs supplémentaires, on ne les informe pas sur la manière dont ils seront déployés, s’il s’agit réellement d’un renforcement d’effectif ou s’ils compensent des effectifs sur le départ", poursuit l’association qui regroupe une centaine de collectivités. Les élus locaux souhaiteraient ainsi "disposer d’une cartographie réelle des effectifs de police sur leurs territoires".
"Nous avons renforcé sensiblement la présence de la police et de la gendarmerie sur la voie publique (...) Les modes d’action des policiers et gendarmes ont été revus pour accroître la présence et la visibilité sur le terrain", avait pourtant déclaré le ministre de l’Intérieur vendredi 8 février, lors d’un déplacement à Dreux (28), précisant que dans les 15 premiers quartiers de reconquête républicaine (QRR) déployés en 2018, "ce sont entre 10 et 30 personnels supplémentaires qui ont été créés". Christophe Castaner a aussi assuré vouloir en finir avec "la commedia dell’arte". "Quand j’annonce 15 policiers ou gendarmes supplémentaires dans un quartier de reconquête républicaine, ce sont vraiment 15 personnes en plus. Et 15 personnes en plus sur le terrain, ça change la vie d’un quartier", a-t-il martelé.
Au-delà des effectifs, les élus du FFSU réclament "davantage d’information et de concertation" et "un véritable échange sur la redéfinition de la doctrine d’emploi de la police", ainsi qu’ "un partenariat local renforcé pour plus d’implication des élus locaux et des citoyens". Pour le FFSU, "l’articulation avec les dispositifs existants tels que la ZSP (zones de sécurité prioritaires créées sous François Hollande, ndlr) doit être réfléchie et explicitée".
La PSQ n'a pas permis le développement d'initiatives locales
L’association se garde de vouloir polémiquer. "L’Etat trouvera toujours des interlocuteurs au sein du FFSU pour participer à une réflexion sur les liens entre forces de sécurité de l’Etat, collectivités locales et population", insiste-t-elle, alors qu’une concertation doit s’engager sur l’idée de "continuum de sécurité", entre les forces de l’ordre, les polices municipales et la sécurité privée, suite au rapport parlementaire remis au Premier ministre le 11 septembre. Le Forum donne l’exemple de plusieurs expérimentations déjà mises en œuvre par les collectivités, notamment à Ivry-Sur-Seine (94) où "un groupe partenarial opérationnel (ville, police, population) a été créé par la police et expérimenté dans un quartier" afin de "proposer des solutions à des problématiques locales concrètes". A Lorient (56), "les locaux de la police ont été rénovés pour permettre un meilleur accueil de la population". "Ces initiatives sont à saluer et pourraient être généralisées", souligne le FFSU, qui constate que la réforme de la PSQ "semble pour l’instant n’avoir permis qu’à la marge leur développement et renforcement".
Le FFSU demande aussi que "les associations d’élus soient impliquées dès la mise en place du 'Lab’PSQ'", qui doit permettre d’évaluer la PSQ.
En juin 2018, le FFSU a lancé des Assises de la sécurité des territoires qui s’achèveront le 21 mars. Un livre blanc sera remis au gouvernement et aux parlementaires au mois de juin 2019 pour ponctuer cet événement qui vise à émettre des propositions pour toiletter la loi du 5 mars 2007 qui a fait du maire le pivot de la prévention de la délinquance sur son territoire.