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Innovation - Pôles de compétitivité : les atouts d'une fusion

La mission d'évaluation des pôles de compétitivité de l'Assemblée poursuit ses auditions et s'est intéressée, mardi 12 mai, aux projets de rapprochement, et plus particulièrement, à celui des pôles MTA (mobilité et transport avancés) et Mov'eo spécialisés dans l'automobile. Le pôle MTA situé sur la Technopole du Futuroscope faisait partie des treize pôles à "reconfigurer en profondeur" dans l'évaluation réalisée en 2008. Face à ces résultats, les deux pôles, Mov'eo et MTA, dont les activités sont complémentaires, ont décidé de se rapprocher. Une opération menée depuis le début de l'année 2009. "Le pôle MTA est situé sur un secteur extrêmement limité technologiquement, mais très prometteur pour l'avenir, avec notamment les véhicules propres, a expliqué Paul Rivault, président du pôle MTA. Notre grand point faible est de ne pas pouvoir nous appuyer sur un tissu industriel suffisant pour développer nos produits ; nous sommes dans une petite région, sur un secteur de pointe très fermé, avec peu de PME, et des laboratoires de recherche qui ont des capacités beaucoup plus larges." D'où l'idée de fusionner avec Mov'eo, qui affiche de bons résultats, d'après l'évaluation 2008, et qui dispose d'un terrain de jeu bien plus important car situé sur trois régions, l'Ile-de-France, la Basse-Normandie et la Haute-Normandie. "Grâce à notre implantation, nous avons beaucoup plus de facilités à mobiliser les compétences nécessaires, a détaillé Jacques Lacambre, président de Mov'eo, et nous ressentions la nécessité de nous intéresser aux thématiques de MTA." Une fusion "gagnant-gagnant", d'après les responsables des deux pôles. Fusion qui va amener le nouvel ensemble à s'étaler sur quatre régions différentes, dont deux zones non limitrophes, ce qui a laissé les responsables de la mission d'évaluation dans l'interrogation. "Nous sommes dans une industrie qui demande une ambition globale et des compétences locales, a assuré Jacques Lacambre en réponse à leurs questions, au début du projet Mov'eo, on a constaté qu'il y avait des réticences, les régions normandes considérant que l'Ile-de-France allait tout prendre, mais deux ans et demi après, ces régions ont vu les bénéfices qu'elles ont pu tirer de ce projet ; ça s'appliquera de la même façon pour ce nouveau projet de rapprochement." Côté MTA, on voit déjà les avantages de la fusion. "MTA devient pour une part de ses activités l'ambassadeur des compétences en matière de recherche et développement de la région, vis-à-vis d'une industrie rencontrée par l'intermédiaire de Mov'eo", a détaillé Paul Rivault. Des contacts ont d'ailleurs déjà été pris entre des laboratoires de Poitou-Charentes et des PME issues des régions où est implanté Mov'eo. Autre avantage : "Nous aurons la possibilité de faire des tests sur des nouveaux modèles de transport à la Rochelle ou au Futuroscope, ce qui est difficile à faire en Ile-de-France." De nombreux avantages donc, et une façon surtout d'éviter de "délabelliser" un pôle de compétitivité qui va mal. Reste à savoir qui restera, entre Paul Rivault et Jacques Lacambre, à la tête du nouvel ensemble. Les responsables n'en sont pas à cette question, consacrant tout leur temps de travail aux opérations de terrain.

Emilie Zapalski

Les pôles français vus de l'étranger : un Etat trop présent ?

Une étude réalisée pour la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS), réalisée par la société Algoé et publiée en mai 2009, fait le point sur les bonnes pratiques de dix pôles de compétitivité étrangers. Elle met en exergue "dix enseignements à tirer de ces bonnes pratiques", parmi lesquels, la nécessité d'encourager l'intégration et le développement des PME, un des points faibles des pôles de compétitivité français, de renforcer l'implication des leaders industriels dans le financement de l'innovation, ou encore de développer l'entrepreneuriat de technologies innovantes. L'étude détaille les exemples donnés correspondant à ces bonnes pratiques. Ainsi, concernant les PME, le cluster DigiBusiness d'Helsinki en Finlande conduit des opérations de coaching de croissance auprès des PME, avec des sociétés de conseil spécialisées. Autre exemple de bonnes pratiques à retenir : stimuler l'effet de réseau et les projets collaboratifs. En Allemagne, "l'organisation déconcentrée en sub-clusters de Silicon Saxony indique qu'à l'image des entreprises, les clusters ont tout intérêt à essaimer, afin d'enrichir leur écosystème et de démultiplier leurs effets bénéfiques sur le territoire", détaille l'étude.
Au-delà des bonnes pratiques, l'étude met en avant la vision des pôles français par les étrangers. "La démarche est perçue comme largement 'top down' et pilotée par l'Etat français, analyse le document, elle contraste avec l'émergence de clusters 'auto-générés' et un accompagnement des pouvoirs publics qui se situe surtout au niveau local ou régional." Et parmi les pôles qui se font remarquer par les pays étrangers, on note Grenoble, Sophia Antipolis/Nice et Toulouse dans la filière des TIC, ainsi que Paris, Lyon et Strasbourg pour le secteur de la santé. "Sans surprise ce repérage correspond aux pôles qui concentrent la plus forte activité économique, technologique et scientifique du territoire national", explique l'étude, qui note aussi que "les pôles français sont généralement identifiés comme des agglomérations et rarement sous leurs 'marques' de pôle de compétitivité".

E.Z.