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Aménagement du territoire - Pôles de compétitivité : le CES souhaite donner plus de poids aux collectivités

"Les pôles de compétitivité ont permis de donner une fierté aux territoires." Pour André Marcon, président de la chambre régionale de commerce et d'industrie d'Auvergne et auteur d'un rapport sur la dimension territoriale des pôles de compétitivité présenté le 8 juillet au Conseil économique et social (CES), le dispositif mis en place en 2005 est une "bonne initiative qui marque le passage d'une société extrêmement fragmentée à une logique collaborative". Longtemps décrié, le nombre important de pôles retenus en France (71), se révèle au contraire être un atout pour l'aménagement du territoire, selon lui. "Le parti pris franco-français de l'aménagement du territoire par rapport aux autres clusters est extrêmement intéressant", a en effet estimé André Marcon, demandant à l'Etat de poursuivre son soutien au-delà des trois ans pour lesquels il vient de se réengager, avec une nouvelle enveloppe d'1,5 milliard d'euros à la clé. Il insiste également sur le rôle de plus en plus important joué par les collectivités aussi bien pour le financement des projets de recherche que pour les équipements numériques, à travers l'intervention de la Caisse des Dépôts. La prochaine génération de contrats de projets, de même que les schémas régionaux de développement économique, devront "faire des pôles les éléments d'une véritable stratégie territoriale", en dépassant le cadre régional, souligne le CES.
Le travail du CES produit à partir du réseau des conseils économiques et sociaux régionaux se montre plus indulgent que l'audit des cabinets Boston Consulting Group et Cap International remis au gouvernement il y a deux semaines et dont les conclusions ont abouti à isoler 13 pôles qui vont devoir faire leurs preuves d'ici un an. Pas de classement donc. Pour André Marcon, il est encore un peu prématuré de juger les pôles sur leurs résultats, rappelant que "la Sillicon Valley a mis trente ans à se constituer".

"Esprit cluster"

"Le pôle Fruits et légumes n'aura pas, en termes technologiques, une image extraordinaire au plan international. Il s'agit d'améliorer les process. Ce qui ne va pas révolutionner le monde mais contribuer à améliorer la productivité de ce secteur sur la vallée du Rhône", a-t-il insisté. Par ailleurs, l'attente en termes de créations d'emplois est "biaisée", les exemples de clusters étrangers ayant montré qu'il fallait attendre cinq à dix ans pour envisager de réelles retombées. En revanche, l'avis que le CES devait adopter dans la foulée de la présentation du rapport, mardi, souligne le retard pris par les pôles dans leurs programmes de formation, l'un des trois axes importants du cahier des charges.
Tout comme l'audit du BCG, le CES reprend l'idée de fusionner certains pôles "pour qu'ils atteignent une masse critique" ou, tout au moins, de multiplier les collaborations entre pôles complémentaires. Il reprend l'exemple des pôles interrégionaux comme dans le Massif central où, à travers le projet de pôle mécanique ViaMéca, l'Auvergne et le bassin stéphanois se sont regroupés pour présenter une candidature commune. Le conseil souligne le risque de décrochage de certains territoires : les trois régions Ile-de-France, Rhône-Alpes et Paca raflent 8 des 16 pôles mondiaux et 30 des 66 pôles labellisés en 2005 et 2006 quand la Corse n'en possède aucun. "L'implantation massive des pôles dans les régions leaders en matière de recherche renforce les inégalités territoriales", constate-t-il. Pour remédier à ce retard, le rapporteur insiste sur l'importance du développement d'un "esprit cluster" et propose même de créer de nouveaux pôles. Il suggère de passer au préalable par une sorte d' "antichambre" (systèmes productifs locaux, pôles d'excellence, etc.) qui permettrait d'apprendre "à travailler ensemble" avant une éventuelle labellisation. Le CES plaide pour l'entrée des collectivités territoriales dans les conseils d'administration des pôles. Il souhaite enfin voir simplifier les circuits de financement à travers l'instauration d'un guichet unique comme en Bretagne où une convention-cadre fixe les modalités de gestion, par la région, des aides des autres collectivités. Selon André Marcon, les chambres consulaires ou les agences de développement pourraient jouer le rôle d'organismes intermédiaires et gérer les financements pour le compte des collectivités.

 

Michel Tendil