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PMI : effectifs de médecins en forte baisse, activité en recul, mais du mieux pour les sages-femmes

Une étude de la Drees montre une baisse des effectifs des PMI entre 2016 et 2017, surtout pour les médecins, que les départements ont des difficultés à recruter. L'activité des services de PMI décroît également, qu'il s'agisse des consultations infantiles, des visites à domicile ou des consultations de planification et d'éducation familiale.

La Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux) publie une étude sur les effectifs et les activités de la protection maternelle et infantile (PMI) entre 2016 et 2019. Celle-ci confirme les difficultés de ces services créés par une ordonnance du 2 novembre 1945 et relevant désormais de la compétence des départements. La PMI assure des missions de santé publique et de prévention médicosociale auprès des mères et futures mères et de leurs enfants. Ces actions de proximité s'exercent principalement dans 4.800 points de consultation, répartis sur tout le territoire.

Des difficultés de recrutement des médecins, liées à un manque d'attractivité

Entre 2016 et 2019, les services de PMI ont connu "une baisse légère des effectifs de personnels, mais très marquée pour les médecins", dont le rôle est évidemment essentiel dans les consultations. En 2019, ces services employaient ainsi un total de 10.730 professionnels en ETP (pour 12.310 effectifs physiques), contre 10.940 en 2016, soit un recul de 0,4% par an sur la période. En revanche, et toujours entre 2016 et 2019, le nombre de médecins de PMI (en ETP) est passé de 1.950 à 1.680 (pour 2.240 en effectifs physiques), soit un recul global de 14% et de 4,8% par an. Pour mémoire, les médecins de PMI étaient encore 2.210 (en ETP) en 2010. Depuis cette date, ils ont ainsi perdu près d'un quart de leurs effectifs. L'étude explique que "cette baisse marquée tiendrait en particulier à des difficultés de recrutement. Les postes de médecins sont en effet peu rémunérateurs dans les services de PMI, comparés aux autres lieux d'exercice, ce qui pourrait peser sur leur attractivité". La Drees précise également que "certains départements déclarent ainsi ne plus réussir à pourvoir certains postes, qui restent vacants, le phénomène allant croissant avec le départ à la retraite de nombreux praticiens".

Les autres catégories de personnel affichant une baisse d'effectifs entre 2016 et 2019 sont les auxiliaires de puériculture (-1,8% par an) et les psychologues (-0,8%), qui ont perdu 30% de leurs effectifs depuis 2010 (essentiellement entre 2010 et 2015). Les autres catégories de professionnels affichent en revanche une légère hausse sur la période. C'est notamment le cas des puéricultrices (+0,6% par an) – qui sont la catégorie la plus nombreuse avec 4.520 ETP en 2019 –, des infirmières (+0,7%) et surtout des sages-femmes (+2,0%). Deux autres catégories enregistrent également une progression marquée sur la période 2016-2019, mais elles représentent de faibles effectifs au sein de la PMI (respectivement 340 et 320 ETP en 2019). Il s'agit en l'occurrence des conseillers conjugaux et familiaux (+1,7% par an) et des éducateurs de jeunes enfants (+1,9%). Paradoxalement, le Code de la santé publique impose aux départements de respecter des normes relatives aux effectifs de certains personnels de la PMI. C'est le cas pour les ETP de sages-femmes – en 2019, tous les départements respectent la norme et les deux tiers dépassent même le double de cette norme – et pour ceux de puéricultrices (ou d'infirmières), pour lesquelles la quasi totalité des départements respectent la norme et même la dépassent dans près de trois départements sur cinq. En revanche, le Code de la santé publique ne prévoit pas de normes pour les médecins de PMI...

Depuis 2016, tous les secteurs d'activité affichent un recul, avec de forts écarts entre départements

Cette situation n'est évidemment pas sans effet sur l'activité des services de PMI. Ainsi, les consultations infantiles (moins de six ans) sont en recul depuis 2016, mais représentent toujours l'essentiel (58%) de l'activité de la PMI. Au total, tous âges confondus, les consultations effectuées dans les lieux dédiés des territoires départementaux représentent 72% des interventions auprès des enfants et 41% de l'activité globale des actions individuelles à destination du public fréquentant les services de PMI.

En trois ans, le nombre de consultations infantiles est passé de 1,63 à 1,38 million, soit un recul de 15%. Dans le même temps, le nombre de visites à domicile (VAD) d'enfants de moins de six ans – effectuées essentiellement par des puéricultrices – est passé de 618.000 à 550.000 (-11%). La baisse concerne aussi les VAD auprès des futures mères, passées de 197.000 à 177.000 (-11%) et les consultations de futures mères, en recul de 290.000 à 276.000 (-5%). Le nombre de consultations infantiles et de VAD pour 1.000 enfants de moins de six ans varie toutefois très fortement d'un département à l'autre. Ainsi, pour une moyenne nationale de 435 et une médiane de 417, trois départements affichent moins de 165 consultations et VAD pour 1.000 enfants de moins de six ans, tandis que huit autres affichent un ratio compris en 696 et 944.

L'autre activité principale de la PMI (29% du total) concerne la planification et l'éducation familiale. Entre 2016 et 2019, le nombre de consultations à ce titre est passé de 659.000 à 613.000, soit une baisse de 7%. Seuls les entretiens de conseil conjugal ou de planification sont restés stables sur la période (respectivement 354 et 355.000). Les écarts entre départements sont tout aussi importants que pour les consultations infantiles et les VAD. Ainsi, sept départements réalisent moins de 13 consultations de planification et d'éducation familiale pour 1.000 femmes de 15 à 49 ans, tandis que quinze autres départements affichent un ratio compris entre 66 et 141. Dans ces conditions, il n'est pas certain que le renforcement des centres de PMI prévu dans le cadre de la contractualisation entre l'Etat et les départements ou l'extension des missions de la PMI prévue par la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants suffisent à remonter la pente.

 

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