Culture - Plus de spectacles vivants, mais moins de spectateurs
Dans un contexte général marqué par le dynamisme des pratiques culturelles, les chiffres de la diffusion 2012 publiés par le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV) sonnent un peu comme une douche froide ou, à tout le moins, comme un avertissement.
Ils mettent en effet en évidence une double évolution. D'une part, l'offre de spectacles s'affiche toujours à la hausse. L'an dernier, le CNV a reçu des déclarations pour 55.608 représentations, dont 48.415 payantes (87%) et 7.193 gratuites (13%). Ce chiffre est en hausse de 9% sur l'année précédente et même de 11% pour les représentations payantes. Mais les spectateurs n'ont pas vraiment suivi cette progression de l'offre. Leur nombre total - soit 21,4 millions de spectateurs - enregistre en effet un léger recul de 1%. Comme cette baisse intervient dans un contexte de progression du nombre de représentations, ce léger recul de la fréquentation se traduit par un net recul du nombre moyen de spectateurs par représentation. En 2012, celui-ci était de 442 entrées par représentation, soit une baisse de 11% par rapport à 2011. Ces résultats amènent le président et le directeur du CNV à évoquer, dans leur éditorial, une "évolution préoccupante de la fréquentation".
Des tendances très contrastées
Mais ce constat doit être nuancé. Tout d'abord, les recettes de billetterie ont légèrement progressé, pour atteindre 656 millions d'euros, soit une progression de 1% et un prix moyen de 32 euros par manifestation. D'autre part, toutes ces moyennes recouvrent des différences importantes dans les situations. Ainsi, les "petites jauges" sont plus touchées que les grandes. La fréquentation moyenne des représentations de moins de 200 spectateurs recule ainsi de 10%, quand celle des représentations de 200 à 1.500 spectateurs baisse seulement de 2% et celle des représentations de plus de 1.500 spectateurs de 3%. De même, les festivals (20% de la fréquentation totale et 16% de la billetterie) ont connu un recul modéré en 2012 : -3% de fréquentation globale, compensés par une hausse de 7% du prix moyen du billet. Il faut rappeler au passage que le spectacle vivant - dans le secteur de la chanson, des variétés et du jazz - est très concentré : les dix premiers spectacles de 2012 concentrent 24% des recettes totales de billetterie (pour 4% du nombre de représentations), les dix premiers lieux de diffusion réalisent 33% des recettes totales (toujours pour 4% du nombre total de représentations payantes) et les dix premiers déclarants représentent 37% des recettes totales (pour 5% du nombre total de représentations).
Chanson qui pleure et jazz qui rit
Si on considère la répartition par genre, le grand perdant de 2012 est la chanson, avec -3% de représentations et -20% d'assiette déclarée (recettes). La comédie musicale, le rap-hip-hop-reggae et assimilés et l'humour affichent également un recul de l'assiette déclarée, avec respectivement -8%, -7% et -2%. A l'inverse, d'autres genres voient leurs recettes progresser, comme le pop-rock (+12%), le jazz (+17%) et les musiques électroniques (+59%).
Enfin, en termes géographiques, l'année 2012 voit se poursuivre le mouvement de concentration sur Paris et l'Ile-de-France. Avec une progression spectaculaire l'an dernier de 24% du nombre de représentations, l'Ile-de-France représente désormais 51% du total des représentations (pour environ 20% de la population française), 38% des entrées totales et 45% du montant total de la billetterie. Mais la concentration ne fait pas forcément la fréquentation. Les entrées sont en effet en baisse de 2%, malgré la forte augmentation de l'offre...