Plan de relance : 240 millions d’euros pour la fibre optique, un "signal fort"
Les mesures en faveur du numérique, domaine considéré comme stratégique par l'exécutif, représentent "au minimum" 7 des 100 milliards d'euros prévus par le plan de relance, dont 240 millions d’euros pour déployer la fibre optique.
"Le numérique est un des piliers de ce plan de relance, comme l'environnement", a indiqué le secrétaire d'Etat, Cédric O dans son communiqué du 3 septembre 2020. Parmi les différentes enveloppes consacrées au numérique, le gouvernement prévoit d'augmenter de 240 millions d'euros les financements déjà prévus pour l'équipement du territoire en fibre optique. Il affiche ainsi l'objectif d'une France entièrement fibrée d'ici à 2025, avec l'institution de la fibre optique comme "service universel", au même titre que l'eau ou l'électricité.
La fédération InfraNum, la fédération des entreprises qui travaillent à la connexion fibre ou mobile des territoires, a salué, dans un communiqué du même jour, "ce bonus de 240 millions d’euros" qui permet "de s'approcher sensiblement de l'enveloppe budgétaire relative aux besoins estimés (550 millions d’euros sur les 680 millions d'euros) pour déployer les 3 millions de prises qui ne sont aujourd'hui dans aucun projet d'aménagement numérique". La fédération participera d’ailleurs au tour de France “Les Ateliers des Territoires Connectés”, qui commencera à Angers le 10 septembre 2020, occasion durant laquelle industriels et collectivités, ne manqueront pas de se saisir des éléments pour échafauder les scénarios possibles pour les “smart territoires”.
"Elément primordial de résilience du pays"
“En réinvestissant 240 millions d’euros dans le Plan France Très Haut Débit, l’Association des villes et des collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca) estime dans son communiqué du 3 septembre que le gouvernement adresse “un signal fort à l’ensemble des acteurs de la filière et, partant, incite à accélérer la reprise au moment où le déploiement de la fibre apparaît comme un élément primordial de résilience du pays”. “Après avoir essuyé jusqu’à présent des fins de non-recevoir parfois particulièrement abruptes, cette annonce [...] est effectivement un signal fort, reçu 5/5 par l’Avicca et ses adhérents”. Cette annonce vient de surcroît après le vote du Parlement de 30 millions d’euros pour ce plan. “Nous approchons ainsi à un rythme satisfaisant des montants évalués par l’Avicca sur la base des dernières études, et pouvons estimer avoir les moyens de garantir un véritable 100% FttH en zone d’initiative publique”, se félicite l’Avicca.
Rien sur la 5G
En revanche, le plan ne dit rien de la 5G qui fait pourtant l’actualité ces derniers jours, attirant les demandes de moratoire de maires hostiles (lire notre actualité du 3 septembre 2020). ”Il n'y a pas de questions de santé soulevées par les fréquences 5G que le gouvernement s'apprête à mettre aux enchères entre les opérateurs”, a réaffirmé vendredi le 4 septembre le secrétaire d'Etat au numérique sur Sud Radio. Le gouvernement doit lancer à la fin du mois de septembre les enchères pour attribuer des fréquences dans la bande des 3,4-3,8 GHz aux quatre opérateurs télécom français pour la 5G, le nouveau système de télécommunication mobile beaucoup plus rapide et puissant que l'actuelle 4G, malgré les critiques.
Souveraineté technologique française
Pour sa plus grosse part concernant le numérique, le plan de relance prévoit un total de 3,7 milliards pour "les start-up et les technologies numériques stratégiques". Sur cette enveloppe, 500 millions sont réservés pour les levées de fonds des jeunes pousses françaises de la tech, à travers notamment Bpifrance. Les aides à l'innovation du programme des investissements d'avenir (PIA) vont augmenter de leur côté de 800 millions d'euros sur deux ans (+60%). Il s’agit, précise le communiqué des services de Cédric O, de “développer la souveraineté technologique française”, alors que durant le confinement, les entreprises et administrations s'étaient massivement tournées vers des applications comme “Zoom”, faute de solutions françaises (lire notre article du 13 mars 2020).
Au côté de ce pavé de financement de 3,7 milliards, le gouvernement prévoit de consacrer 2,3 milliards pour la transformation numérique de l'Etat et des territoires et des entreprises, en théorie plus spécifiquement dirigés vers les collectivités mais difficile d’y voir clair. ( lire notre article du jour).
Lutte contre la fracture numérique
Le plan comporte aussi "un effort inédit et historique" de 250 millions d'euros pour la lutte contre la fracture numérique. Il s'agira notamment de former des "médiateurs numériques", d'ouvrir des lieux d'accès aux services numériques, et de construire des outils "simples et sécurisés" pour que des tiers - travailleurs sociaux, agents de collectivité territoriales - puissent aider les personnes à utiliser internet pour leurs démarches personnelles.
Enfin 300 millions doivent être dirigés vers la formation aux métiers du numérique. Selon Cédric O, le président Emmanuel Macron s'exprimera "dans les semaines à venir" sur le numérique, "un sujet qui lui tient beaucoup à coeur".