Environnement - Pesticides : l'eau potable faiblement exposée, selon l'Anses
Une étude scientifique publiée le 5 septembre par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) montre que l'eau du robinet, qui représente entre un quart et un tiers de la quantité totale d'aliments consommés quotidiennement par la population française, contribue en moyenne à moins de 5% de l'exposition alimentaire aux pesticides, sauf pour huit substances (atrazine, simazine, oxadixyl, propoxur, benalaxyl, métolachlore, diuron, hexaflumuron). Cette étude, financée par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema) au titre du plan Ecophyto piloté par le ministère de l'Agriculture, a porté sur 80.000 prélèvements et concerné 501 résidus de pesticides. L'objectif était d'évaluer la part que représente l'eau dans l'exposition alimentaire globale aux pesticides et les conséquences de la variabilité géographique de sa contamination en termes de risques.
Sur les 501 pesticides recherchés au départ, les scientifiques se sont concentrés sur les 106 substances pour lesquelles des données de contamination dans l'eau et dans les aliments solides sont disponibles. Si l'étude constate en moyenne une faible contribution de l'eau du robinet à l'exposition alimentaire totale aux pesticides, elle note toutefois que pour certaines substances, elle est importante voire totale – c'est le cas de certains herbicides que l'on retrouve essentiellement dans l'eau. Elle observe aussi une variabilité des expositions hydriques à l'intérieur d'une même région, qui semble s'expliquer par la diversité des pratiques agricoles. Concernant le risque à long terme, l'étude de l'Anses montre que la contribution de l'eau à la dose journalière admissible (DJA) est faible (moins de 1%) sauf pour deux substances - l'atrazine et le carbofuran, aujourd'hui interdites – dont la contribution est inférieure à 5%. Sur le risque à court terme, aucun dépassement des valeurs toxicologiques de références n'a été observé.
L'Anses formule plusieurs recommandations à l'issue de cette enquête. Elle appelle tout d'abord à maintenir, voire à renforcer, l'effort de suveillance de l'eau dans les unités de distribution de petite taille et pour les substances pour lesquelles l'étude n'a pas pu produire de conclusions. Par ailleurs, elle juge nécessaire d'engager des travaux de recherche supplémentaires pour mieux connaître les effets sur la santé de certains pesticides et estimer les effets cumulés et les effets aux faibles doses pour les pesticides de type perturbateurs endocriniens.