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Santé/Environnement - Les associations de consommateurs dénoncent les traces de plomb, de pesticides et de médicaments dans l'eau

L'UFC Que choisir et 60 millions de consommateurs tirent le signal d'alarme, l'une sur le respect de la teneur en plomb de l'eau potable dans les copropriétés, l'autre sur les traces de polluants dans l'eau du robinet et dans l'eau en bouteille.

Coup sur coup, l'UFC Que choisir et 60 millions de consommateurs tirent le signal d'alarme sur les traces de polluants dans l'eau du robinet et même dans l'eau en bouteille. A l'occasion de la journée mondiale de l'eau, le 22 mars, la première a alerté sur le respect de la teneur en plomb de l'eau potable dans les copropriétés. Selon les termes d'une directive européenne, cette teneur en plomb doit être divisée par plus de deux – de 25μg/l à 10μg/l – d'ici le 25 décembre 2013. Or, si le programme d'éradication des branchements ou canalisations en plomb avance bien sur le réseau public, du fait notamment des aides publiques, il n'en va pas de même pour le parc privé, prévient l'UFC-Que choisir.
Entre 2 à 3 millions de logements d'immeubles collectifs privés seraient concernés par la norme et donc les travaux à réaliser, soit 10 à 15% des logements en France, principalement dans les agglomérations de plus de 200.000 habitants, l'Ile-de-France concentrant à elle seule un tiers des logements anciens. Selon l'association de consommateurs, le coût des travaux se chiffrerait à 1.000 euros par logement. Une estimation analogue à celle de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), seul acteur de l'aide publique aux travaux réalisés par les particuliers pour les renouvellements de canalisations. Mais pour l'UFC-Que choisir, les aides de l'Anah (239 millions d'euros en 2011), qui sont loin d'être limitées aux seules canalisations et reposent sur des critères de ressources, sont "une goutte d'eau" si on les compare au budget annuel des agences de l'eau (2 milliards d'euros) qui ont aidé les collectivités pour le renouvellement des branchements en plomb publics (254 millions d'euros entre 2002 et 2006 pour l'agence Seine-Normandie, 66 millions d'euros pour l'agence Rhône-Méditerranée-Corse).
"Alors que les particuliers financent à 90%, via les redevances sur les factures, les agences de l'eau, comment admettre que leur guichet s'ouvre généreusement pour les collectivités et se referme rigoureusement dès qu'il s'agit des usagers domestiques ?", interroge l'association. Elle a donc décidé de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour déterminer les risques précis liés à la consommation à long terme d'une eau contaminée au-delà du seuil de 10μg/l, notamment dans le cas des enfants. Elle demande aussi au gouvernement la réalisation d'un audit à l'échelle nationale pour vérifier l'application de la réglementation dans les bâtiments publics accueillant des enfants (crèches, écoles, etc.) et estimer le niveau d'exposition dans les logements bâtis avant 1960. L'UFC-Que choisir veut aussi que les agences de l'eau, chargées de la qualité et de la préservation de la ressource, aident les particuliers de la même manière qu'elles l'ont fait pour les collectivités, en abondant le budget de l'Anah.

Résidus de médicaments

De son côté, 60 millions de consommateurs vient de publier avec la Fondation France Libertés un dossier sur les traces de polluants dans l'eau du robinet et dans l'eau en bouteille. Pour cela, 85 molécules de différentes catégories – phtalates, médicaments, perturbateurs endocriniens, pesticides – ont été recherchées. Parmi les polluants les plus fréquemment retrouvés dans les analyses figure l'atrazine, un désherbant pourtant interdit depuis 2001 mais qui reste très persistant dans l'environnement, et, côté résidus de médicaments, un médicament anti-cancer. "Dans tous les cas, il ne s'agit que de traces qui ne remettent pas en cause la potabilité de l'eau, souligne 60 millions de consommateurs. Mais elles révèlent à quel point notre environnement peut être contaminé." Concernant l'eau du robinet, huit prélèvements sur dix contiennent une à quatre molécules sur les 85 recherchées, principalement des pesticides, mais aussi des résidus de médicaments dont du tamoxifène, une hormone de synthèse utilisée dans le traitement du cancer du sein, décelé notamment en milieu urbain (Rennes et Limoges).
L'eau en bouteille n'est pas épargnée, elle non plus : sur 47 échantillons analysés, 10 présentent des traces de pesticides ou de médicaments et 10% de ces échantillons contiennent des traces de tamoxifène. "A court terme, il n'y a absolument aucun problème de qualité. Ces eaux sont parfaitement buvables", insiste le rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs, Thomas Laurenceau, interrogé par l'AFP. "On est dans l'ordre de l'ultra-trace, du millième de micron, c'est vraiment minuscule", a-t-il précisé. L'enquête "ne met absolument pas en cause l'honnêteté des embouteilleurs", mais interroge la contamination de l'environnement par les pratiques humaines, ajoute-t-il. "Il y a inquiétude sur la qualité de la ressource globale", résume Thomas Laurenceau, qui appelle, avec France Libertés, à "la remise à plat des normes de qualité" prenant en compte les nouveaux polluants. Le magazine et France Libertés, qui ont lancé en 2011 l'Opération transparence sur l'eau, ont publié en mars une carte de la qualité de l'eau potable en France, montrant que les seuils limites en polluants étaient dépassés dans près de 420 communes grâce à des dérogations, sans risque sanitaire immédiat.
Les eaux minérales naturelles ne contiennent "aucun résidu de médicaments", a réagi de son côté la Chambre syndicale des eaux minérales, ajoutant avoir procédé à une contre-expertise qui "contredit"  l'étude de 60 millions de consommateurs et France Libertés. La Chambre syndicale a confirmé que les eaux minérales naturelles sont parfaitement conformes aux normes en vigueur en France, et "vont même au-delà de ce qu'exige la règlementation", écrit-elle dans un communiqué. Concernant les pesticides, elle précise que les traces trouvées par 60 millions de consommateurs "le sont à des niveaux infinitésimaux de l'ordre du milliardième et donc parfaitement conformes à la règlementation".