A peine nommé haut-commissaire à l’inclusion dans l’emploi, Thibaut Guilluy aux prises avec la crise du coronavirus
Le 17 mars, un poste de haut-commissaire à l’inclusion dans l’emploi et à l’engagement des entreprises a été créé au ministère du Travail pour développer les places en insertion pour les publics éloignés de l’emploi. Nommé à ce nouveau poste en pleine crise du coronavirus, Thibaut Guilluy doit aussi gérer les conséquences de l’épidémie pour le secteur de l’insertion et du handicap.
Au ministère du Travail, la cause de l’emploi des publics les plus fragiles dispose désormais d’un chef de file à plein temps. Jusqu’ici président du Conseil de l’inclusion dans l’emploi – instance représentant les structures d’insertion auprès du ministère du Travail - Thibaut Guilluy a été nommé, le 18 mars 2020, haut-commissaire à l’inclusion dans l’emploi et à l’engagement des entreprises. Cette fonction nouvelle est issue de la séparation du Haut commissariat aux compétences et à l’insertion dans l’emploi scindé en deux. Jean-Marie Marx, qui en était à la tête, devient ainsi Haut-commissaire aux compétences, avec un périmètre recentré sur le dossier de la formation professionnelle.
Thibaut Guilluy aura notamment pour mission les objectifs déjà définis par le gouvernement, à savoir atteindre 240.000 emplois dans le secteur de l’insertion par l’activité économique et 75.000 autres dans les entreprises adaptées. Un projet de loi est attendu pour cette année, afin de mettre en place les mesures retenues dans le cadre du "Pacte ambition IAE" (rédigé par Thibaut Guilluy), dont le CDI "inclusion" à destination des publics seniors. "On m’a proposé de mettre en place ce Haut commissariat en début d’année pour accélérer nos engagements en cette deuxième partie de quinquennat", précise à Localtis Thibaut Guilluy, qui participera également à la conception et au déploiement du futur "service public de l’insertion", autre promesse d’Emmanuel Macron sur laquelle un projet de loi est toujours attendu.
80% des structures de l’insertion fermées
En attendant d’avancer sur ces sujets, le président du Conseil d’inclusion dans l’emploi et ex-directeur général d’Ares, un groupe d’insertion, doit gérer l’urgence provoquée par la crise du coronavirus. Comme les autres entreprises, le secteur de l’insertion par l’activité économique est affecté par la pandémie du Covid-19. "Aujourd’hui, 80% des structures que nous accompagnons ont été contraintes de fermer", souligne notamment la Coorace, une fédération de l’économie sociale et solidaire qui rassemble plus de 500 structures de l’insertion par l’activité économique.
Différentes raisons ont poussé ces structures à fermer leurs portes : baisse d’activité, arrêt maladie des salariés, impossibilité de télétravailler, mais aussi fortes difficultés à assurer la sécurité des salariés sur le lieu de travail. Ces structures ont, de ce fait, accès aux différents dispositifs d’aides publiques tels que l’activité partielle ou les prêts de bpifrance. Mais dans un communiqué publié le 27 mars, la fédération Coorace en appelle tout de même à l’aide des régions et aux départements pour soutenir leur activité via les commandes publiques, ou le maintien des financements disponibles.
Des filières de "relocalisation sociale"
Pour Thibaut Guilluy, la crise du coronavirus devrait "créer un électrochoc". "L’organisation actuelle crée des dépendances dont on voit les limites. Clairement, après cette crise, il va y avoir une stratégie pour s’assurer que certains produits soient, un minimum, fabriqués en France. On veut mettre en place des filières de relocalisation sociale qu’on avait déjà commencé à élaborer avant la crise et qu’on va accélérer", explique-t-il. Stratégie à laquelle il prévoit d’ores et déjà de contribuer en annonçant une coopération entre des PME spécialisées dans le textile et des entreprises d’insertion ou d’emploi de personnes handicapées pour produire des masques dans le cadre de l’opération "résilience", validés par la direction générale de l’armement. "On permet à tous les ateliers textiles et entreprises sociales volontaires de fabriquer ce masque", explique Thibaut Guilluy. Objectif : en produire bientôt 1 million par semaine à destination des actifs assurant en ce moment les services essentiels. De quoi montrer l’exemple de l’intérêt de relocaliser certaines productions en s’appuyant sur l’économie sociale et solidaire.