Patrimoine religieux : l'État au chevet des petites communes
Le président de la République entend encourager la sauvegarde du patrimoine religieux non protégé, une situation qui touche surtout les petites communes. D'autres voix s'élèvent pour ouvrir les églises à de nouveaux usages culturels et sociaux afin de les préserver.
À l’occasion d'une visite au Mont-Saint-Michel ce lundi 5 juin, Emmanuel Macron a annoncé vouloir "amorcer un effort supplémentaire pour les milliers d’édifices religieux qui font l’orgueil de nos campagnes et de nos petites villes".
La situation exacte du patrimoine religieux des plus petites communes est en effet mal connue, puisque l’obligation pour les associations cultuelles de déclarer la liste des lieux où est organisé habituellement l'exercice public de leur culte ne date que de la loi confortant le respect des principes de la République de 2021.
Par ailleurs, sur les 50.000 lieux de culte en France, dont 42.000 catholiques, seuls 10.500 sont actuellement protégés au titre des monuments historiques, et peuvent bénéficier à ce titre d'une aide financière du ministère de la Culture pour les travaux de restauration.
Franchir "une étape supplémentaire"
Selon un communiqué de l'Élysée, "l’absence d’état des lieux précis, l’ampleur comme la situation du patrimoine religieux non protégé des villes de moins de 10.000 habitants exigent que soit franchie une étape supplémentaire, avec le soutien de l’État".
La ministre de la Culture et le ministre de l’Intérieur devront par conséquent présenter avant les Journées européennes de patrimoine, qui auront lieu les 16 et 17 septembre prochains, "les mesures permettant de mieux venir en aide aux édifices des communes de moins de 10.000 habitants en situation financière difficile".
En outre, "le ministère de la Culture engagera une campagne d’inscription ou de classement au titre des monuments historiques des édifices cultuels construits notamment aux XIXe et XXe siècles, dont l’intérêt patrimonial le justifierait, au regard d’un ensemble de critères historiques, artistiques, scientifiques et techniques", précise encore l'Élysée.
Appel aux collectivités
Mais le chef de l'État entend également trouver "d’autres ressorts" pour assurer la conservation du patrimoine religieux français et cite la piste de "la générosité de tous, dans le cadre d’une souscription dédiée", laquelle pourra trouver un appui auprès de la Fondation du patrimoine.
Ces annonces du président de la République interviennent trois jours après la tenue au Sénat d'un colloque appelant les églises à "s'ouvrir à de nouveaux usages". Au cours de ce colloque, Pierre Ouzoulias a estimé que c'était aux "collectivités locales, diocèses, paroisses et acteurs locaux de les faire vivre en concertation avec la population".
Le sénateur des Hauts-de-Seine avait été l'auteur, en 2022, d'un rapport sur le sujet qui concluait que les édifices protégés au titre des monuments historiques étaient en meilleur état que ceux qui ne l'étaient pas, que les édifices étaient plus dégradés en milieu rural qu’en milieu urbain et que si le clos et le couvert étaient globalement entretenus, les parties intérieures des édifices étaient davantage négligées. Surtout, il alarmait sur les 2.500 à 5.000 édifices religieux menacés d’être abandonnés, vendus ou détruits d’ici 2030. Actuellement, une dizaine d'édifices religieux sont désacralisés, vendus et transformés par le secteur privé chaque année en France.