Urbanisme - Passage de témoin à l'occasion de la prochaine Rencontre nationale des agences d'urbanisme
Président de la Fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau) depuis quinze ans, André Rossinot, maire de Nancy et président de la communauté urbaine du Grand Nancy, va passer la main à Vincent Feltesse, maire de Blanquefort, président de la communauté urbaine de Bordeaux et de l'agence d'urbanisme de Bordeaux. Le changement de présidence se fera lors de la prochaine assemblée générale de la Fnau, qui se tiendra le 20 octobre prochain à Rennes, à l'occasion de la 31e Rencontre nationale des agences d'urbanisme autour du thème "Ville désirée, ville durable, un projet à partager".
Lors d'une conférence de presse présentant cette manifestation, le 13 octobre à Paris, André Rossinot a dressé le bilan de son action à la tête de la Fnau. L'ancien ministre a insisté sur le caractère innovant des agences qui ont su "anticiper le travail en réseau, décloisonner entre élus de toutes tendances politiques et avec des directeurs d'agences qui sont de véritables laboratoires d'idées". "La Fnau doit veiller à rester en avance sur son temps, dans un environnement qui change beaucoup plus vite", a-t-il prévenu. Selon André Rossinot, les agences d'urbanisme ont notamment à faire face à de nouveaux défis territoriaux comme la montée en puissance des schémas de cohérence territoriale (Scot) et la mise en oeuvre de la loi Grenelle 2 "dont tous les textes d'application vont impacter la vie quotidienne des collectivités". "Nous avons inventé, à côté de l'Etat, une ingénierie des territoires, mais aujourd'hui toutes les collectivités (départements, régions) veulent leur agence et les agences d'urbanisme peuvent aujourd'hui se trouver en situation de tension", a mis en garde André Rossinot. Elles ont toutefois de solides atouts à faire valoir, a-t-il encore estimé : la force du réseau (53 agences, 1.600 collaborateurs) et la capacité à coproduire en commun, en s'appuyant sur une quinzaine de clubs thématiques, ainsi que les partenariats développés avec une large palette d'acteurs (associations nationales d'élus, monde de l'habitat, de l'université, chambres consulaires, etc.). A l'avenir, André Rossinot juge la coopération avec les Scot cruciale pour les agences d'urbanisme car l'influence de ces structures sur le territoire ne va que s'accroître.
"La Fnau est une très belle machine et un réseau national d'intelligence devenu rare dans notre pays car l'intelligence territoriale incarnée par l'Etat s'est délitée", a déclaré à son tour Vincent Feltesse, qui a insisté lui aussi sur la nécessité pour les agences de garder leur capacité d'anticipation en s'emparant du "comment faire et du comment faire accepter". "Ce sont des questions essentielles pour appréhender le thème de la ville durable qui peut paraître rebattu mais qui n'est pas si évident à mettre en oeuvre", a-t-il admis. La rencontre de Rennes, du 19 au 21 octobre prochains, sera donc l'occasion pour les agences d'étudier les moyens de concilier les impératifs de "durabilité" de la ville avec les attentes souvent contradictoires de la population. Villes compactes et désir d'espace, logements basse consommation et solvabilité des ménages, réduction des gaz à effet de serre et droit à la mobilité, épuisement des ressources et désir de mieux vivre... : toutes ces questions seront débattues lors de tables rondes, ateliers-visites et forums. Un millier de personnes est attendu dans la capitale bretonne pour ces trois jours de débats.
Anne Lenormand