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Coopération internationale - Pas simple pour les petites collectivités d'agir à l'international

L'accès à la coopération décentralisée pour les petites communes est semé d'embûches. Le troisième forum de l'action internationale des collectivités - organisé les 2 et 3 juillet 2012 à Paris - a été l'occasion d'aborder les obstacles auxquels elles sont confrontées et les moyens pour les contourner.

La coopération décentralisée est souvent un domaine réservé aux plus grandes collectivités, du fait des montants concernés et des compétences nécessaires. Le troisième forum de l'action internationale des collectivités territoriales, qui s'est tenu les 2 et 3 juillet 2012 à Paris, a été l'occasion de découvrir les possibilités pour les collectivités de taille plus modeste. A l'heure actuelle, d'après les données de Cités unies France, qui organise le forum, les collectivités françaises coopèrent dans 115 pays. Près de 6.000 liens ont été créés entre les collectivités françaises et étrangères dans des domaines variés : aide humanitaire, aide "projets", aide "programme"... La loi Oudin de 2005 a donné de nouvelles possibilités aux collectivités, leur permettant de consacrer jusqu'à 1% du budget annexe de leurs services d'eau et d'assainissement à des actions de coopération internationale. Mais dans ces actions, la plupart du temps sont concernées les grandes et moyennes collectivités. Les plus petites ont du mal à se faire une place. "Ce n'est pas infaisable du tout, a pourtant assuré Marie-Odile Tavernier, maire de la commune rurale de Fay en Normandie, mais il faut peut-être au départ abandonner le terme, qui fait peur, de coopération décentralisée."
Faisable, mais pas simple. Ces collectivités de taille modeste doivent, pour se lancer dans une telle action, convaincre leur conseil municipal et la population. Une tâche difficile quand la collectivité est parfois amenée à refuser de financer une association locale... "On dit non à un projet local et oui à un projet international, ce n'est pas admis facilement", reconnaît Alexandre Touzet, maire de Saint-Yon (Essonne), qui est engagé dans une action de coopération avec la commune de Dallah au Mali.
Autre problème : la question des moyens financiers. "On est sur de très petites sommes et on se pose souvent la question de notre crédibilité", explique Alexandre Touzet. Ainsi, pour la mairie de Fay, la ligne budgétaire consacrée à la coopération décentralisée avec le Mali correspond chaque année à 1.500 euros seulement. "C'est un petit partenariat mais qui a eu le mérite de mobiliser une population rurale en France", a souligné Marie-Odile Tavernier, en allusion au programme lancé pour financer des forages dans des zones rurales du Mali.

Un montage de dossier difficile

Enfin, dernier point sur lequel butent les petites collectivités : le montage des dossiers, parfois difficile. "Nous avons une secrétaire de mairie pour gérer tous les dossiers. Les dossiers de coopération décentralisée viennent en plus, et ce ne sont pas forcément les dossiers les plus simples à remplir", souligne Alexandre Touzet. Même chose pour la mairie de Fay, dont l'équipe a été un peu effrayée par la complexité du dossier à construire. Une des solutions est de s'adosser à l'action engagée par une collectivté plus grande. C'est le cas de la ville de Saint-Yon, qui s'est intégrée à la démarche engagée par le conseil général de l'Essonne. "Au départ, le dispositif s'adressait à des collectivités plus grandes, le budget demandé étant autour de 20.000 euros, mais après un travail commun, le conseil a décidé de l'adapter aux petites communes", détaille Alexandre Touzet. Et ainsi, Saint-Yon a réussi à signer un partenariat avec le conseil général et une autre petite collectivité pour lancer ses actions de coopération décentralisée. "La mise de départ était petite mais elle a été abondée par le conseil général, explique le maire de Saint-Yon, à partir de financements modestes, on est arrivé à des sommes qui sont significatives."
Autre avantage du travail avec une plus grosse collectivité : celle-ci a les moyens d'assurer le suivi de la mise en œuvre des actions sur place. Un point important pour la réussite du projet mais aussi pour rassurer la population et lui montrer les avancées concrètes sur le terrain. De la même façon, la ville de Bousbècque (Nord-Pas-de-Calais) a réussi à se lancer dans de telles actions avec des moyens modestes en s'alliant avec d'autres partenaires. Le point de départ a été une réunion, organisée par la ville, réunissant l'ensemble des associations et des collectivités intervenant dans la même région, la commune de Zorgho au Burkina Faso. Tous ont accepté de travailler ensemble. "Résultat, le dossier est effectif depuis un an et se concrétise", se félicite Maïté Druelle, présidente du comité de jumelage Zorgho-Bousbècque. Et pour celles qui souhaitent un conseil ou un accompagnement dans leur démarche internationale, des réseaux régionaux existent à l'image d'Eau Vive. Ce réseau, spécialisé dans le domaine de l'eau et de l'assainissement fait le point sur les attentes des collectivités en matière de coopération décentralisée et les aide à se lancer.