Paris 2024 affiche un budget vertueux, selon une étude
Une étude du cabinet Asterès sur les coûts d'organisation pose un regard positif sur le budget des Jeux olympiques. Non seulement les dépenses publiques devraient être couvertes par les recettes fiscales et sociales, mais encore Paris 2024 apparaît moins coûteux que les dernières éditions.
Le coût d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, qui se tiendront cet été, apparaît plus "limité" que celui des éditions passées et les Jeux devraient par ailleurs se financer eux-mêmes. Telles sont les conclusions d'une étude du cabinet Asterès publiée en deux temps, début février et début mars.
Le premier volet s'attarde sur le financement des Jeux, et plus particulièrement sur leur financement public. Selon les estimations d'Asterès, l'organisation des Jeux de Paris devrait entraîner des dépenses publiques à hauteur de 5,2 milliards d'euros. Il s'agit tout d'abord de la moitié du budget de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) destiné à la construction d'infrastructures (transport, stades, Village olympique) à la charge de l'État ou des collectivités locales, soit 2,2 milliards d'euros. L'autre moitié du budget de la Solideo, d'un montant identique, ne devrait pas peser sur les finances publiques puisqu'elle sera compensée par des recettes (vente des appartements du Village olympique, etc.)
L'autre partie du financement public des Jeux devra couvrir les dépenses de sécurité (heures supplémentaires des policiers, etc.) ou combler d'éventuels dépassements de budget à la charge de l'État. Ici, le cabinet Asterès précise que ces montants sont "très difficiles à évaluer a priori". L'étude avance toutefois la somme de trois milliards d'euros, une estimation jugée "maximale".
"Stimulation de l'économie"
Face à ces dépenses publiques, Asterès met dans la balance ce qu'il appelle une "stimulation de l'économie" sous forme de recettes fiscales et sociales, le tout pour un montant de 5,3 milliards d'euros, selon la répartition suivante : 1,7 milliard d'euros de TVA, 2,6 milliards d'euros de cotisations sociales, 0,2 milliard d'euros d'impôt sur le revenu, 0,2 milliard d'euros d'impôt sur les sociétés et autres impôts. Rappelons que les organisateurs des Jeux olympiques eux-mêmes bénéficient d'une large exonération fiscale (lire notre article du 13 février 2020).
"Ainsi, conclut Asterès, les recettes publiques générées par les dépenses engagées pour l'organisation des Jeux seraient globalement équivalentes aux dépenses publiques réalisées", notamment en raison de l'"effet globalement positif" des Jeux sur le tourisme et, par ricochet, sur les recettes fiscales.
Ici, il convient toutefois de tempérer. Comme le reconnaît Asterès, il existe pendant la tenue même d'un grand évènement sportif un effet d'éviction de la part d'une certaine clientèle touristique, désireuse d'éviter les désagréments liés à l'évènement. Mais cet effet peut avoir des effets à plus long terme. Une étude intitulée "Revoir l'effet de l'accueil d'événements sportifs à grande échelle sur les flux touristiques internationaux", publiée en octobre 2023 dans le Journal of Sports Economics, démontre en effet qu'à la suite de grands événements sportifs internationaux, les pays hôtes sont généralement moins visités par les touristes, surtout lorsqu'il s'agit de destinations déjà prisées par les touristes, à l'image de l'Europe.
Paris sur le podium des Jeux peu chers
À défaut de voir Paris accueillir de nombreux nouveaux visiteurs dans les années à venir, les organisateurs des Jeux de 2024 auront la satisfaction de constater que le coût d'organisation s'annonce plus faible que lors de la plupart des éditions précédentes.
Malgré la difficulté à évaluer le coût réel d'organisation des Jeux olympiques – la construction d'une ligne de métro qui aurait probablement été réalisée plus tard doit-elle y être intégrée ? – Asterès estime ce coût à 11,8 milliards d'euros pour Paris 2024, soit 4,4 milliards pour l'organisation des Jeux en eux-mêmes (Cojo), 4,4 milliards d'investissements en infrastructures (Solideo) et 3 milliards d'autres coûts (sécurité, dépassement de budget éventuel, etc.).
Ainsi, selon que l'on s'appuie sur le "coût non ajusté" ou sur le "coût en euros de 2024", le coût de Paris 2024 est jugé "légèrement en dessous" ou "nettement inférieur" au coût moyen des neuf dernières éditions des Jeux olympiques d'été. Dans le premier cas, ce coût moyen s'établit à 14,4 milliards d'euros, dans le second, à 18,5 milliards. Et le coût moyen atteint même 20,5 milliards si on le pondère selon l'évolution du nombre d'épreuves à organiser, qui n'a cessé d'augmenter dans le temps.
In fine, d'après Asterès, quelle que soit l'approche retenue, les JO de Paris 2024 devraient devenir les troisièmes Jeux les moins coûteux depuis 1988, derrière Atlanta (1996) et Sydney (2000).
Alors que les prix des hôtels durant les prochains Jeux olympiques de Paris, à l'été 2024, devraient être multipliés par trois ou quatre (lire notre article du 20 décembre 2023), le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée au Tourisme, vient de faire savoir qu'il n'y aurait pas d'observatoire des prix dans ce secteur et sur cette période. Si une réflexion avait bien été lancée par la ministre en direction des acteurs du tourisme, et notamment de l'hôtellerie, afin de mettre en place un tel observatoire, elle s'est soldée, au bout de six mois de négociations, par un refus d'y participer de la part des professionnels. Or, comme le précise le cabinet d'Olivia Grégoire, "l'État ne peut pas réguler les prix de l'hôtellerie ni mettre en place seul cet observatoire." À défaut de pouvoir observer les prix de manière rigoureuse, l'État va se concentrer sur des contrôles de la qualité de l'hôtellerie durant les Jeux. La DGCCRF (direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) va ainsi doubler ses contrôles dans ce secteur et visiter tous les établissements franciliens d'ici les JO afin, notamment, de s'assurer de l'absence de tromperie dans les annonces. |