Territoires d'outre-mer : l’exécutif n’écarte pas des évolutions statutaires

Accueillant les élus de "l’appel de Fort-de-France", mercredi soir, pour parler sécurité, développement économique et lutte contre la vie chère, Emmanuel Macron n’a pas écarté la possibilité d’évolutions statutaires des territoires ultramarins. Le sujet pourra être évoqué "sans tabou" dans le cadre d’une "commission transpartisane" qui se réunira avant la fin de l’année, énonce l’Elysée.

"Le premier jalon d’un renouveau de l’outre-mer." C’est en ces termes que l’Elysée qualifie la réunion de travail, suivie d’un dîner, d’Emmanuel Macron avec une cinquantaine d’élus ultramarins (de la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon), mercredi soir.  Cette rencontre, précédée d’un rendez-vous avec Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, et Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, se voulait une réponse à "l’appel de Fort-de-France" lancé le 17 mai dernier par plusieurs élus de ces mêmes collectivités exigeant un changement profond de la politique pour l’outre-mer.

Fidèle à la "nouvelle méthode" qu’il promet d’impulser à travers son Conseil national de la refondation, le chef de l’Etat souhaite donner "aux acteurs de terrain les marges d’action nécessaires à l’invention de solutions sur mesure, en s’appuyant sur les atouts de chaque territoire et l’expérience de ceux qui les animent", souligne l’Elysée, dans un communiqué du 8 septembre. Il souhaite mettre l’accent sur trois priorités : "la sécurité", "la lutte contre la vie chère" et "le rayonnement de cet archipel France avec une coopération régionale renforcée". L’entourage du président en profite pour défendre le bilan du précédent quinquennat : assises de l’Outre-mer en 2018, suivies d’un "livre bleu" puis de "contrats de convergence et de transformation" (ces nouveaux contrats, pendants des contrats de plan pour l’Outre-mer, arrivent à échéance à la fin de l’année ; une deuxième génération devrait être négociée "dans un an"). Il s’agit donc de poursuivre ce travail, "de renforcer l’efficacité de l’action de l’Etat et des collectivités", avec pour maîtres mots "la différenciation et la responsabilisation", indiquait l’Elysée, mercredi, en amont de la rencontre.

Un comité interministériel d'ici six mois

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé lors de la rencontre qu'elle tiendrait un comité interministériel des outre-mer (CIOM) "d’ici six mois" pour acter sur cette base une première série de décisions. Dès les semaines prochaines, cette démarche "aura pour mission d’identifier les mesures législatives et réglementaires, nationales comme locales, susceptibles de rendre plus efficace l’action des collectivités, dans le respect des compétences de chacun et en tenant compte des spécificités propres à chaque territoire". Il s’agira alors de bâtir une feuille de route, fixant un calendrier, des actions concrètes et des investissements par territoire...

Si les sujets du quotidien devaient dominer cette réunion, il n'y aurait "pas de tabou" sur les questions d’autonomie et institutionnelles, avait laissé entendre l’Elysée, mercredi. C’était d’ailleurs le thème de la réunion préalable avec les deux ministres. En effet, depuis que l’ancien ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu avait laissé entendre, fin novembre 2021, que l’autonomie de la Guadeloupe, alors en proie une grave crise, pouvait être discutée, les conjectures vont bon train. Emmanuel Macron a ainsi indiqué mercredi que l’évolution institutionnelle "ferait l’objet d’un des volets de la future commission transpartisane qui se réunira d’ici la fin de l’année". "Elle impliquera parlementaires et élus de ces territoires, sans tabou, afin d’apprécier les évolutions nécessaires au service de nos compatriotes", précise le communiqué de l’Elysée. Un signal accueilli favorablement par les intéressés. "Le président de la République a indiqué être prêt à aborder les questions économiques, sociales et institutionnelles, au travers d'une feuille de route et d'un agenda qui n'excluent aucun sujet", ont en effet salué les signataires de l'appel de Fort-de-France, jeudi, dans un communiqué, précisant qu'ils seront "attentifs à la mise en œuvre des engagements politiques qui ont été pris". Pour le président de la collectivité de Martinique Serge Letchimy, interrogé par l’AFP à la sortie de la réunion, "il y a une fenêtre qui s'ouvre au niveau constitutionnel liée à la question de la Nouvelle-Calédonie".