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élections - Où sont les femmes ?

Seulement 13,8% des maires élus en mars dernier sont des femmes. Soit guère plus qu'il y a six ans. Les départements comptent eux 13,1% de conseillères générales. La loi de 2007 sur la parité a toutefois eu quelques effets positifs.

Les têtes de liste aux élections municipales de mars dernier étaient à 83,5% des hommes. Et au final, parmi les nouveaux maires des communes de plus de 3.500 habitants, on compte aujourd'hui 91,5% d'hommes. Ces chiffres viennent d'être communiqués par l'Observatoire de la parité. La loi du 31 janvier 2007, qui impose non seulement une stricte parité hommes-femmes dans la composition des listes électorales, mais aussi une parité sur les listes d'adjoints élus par le conseil municipal, n'a donc pas encore eu d'effet jusqu'en haut de la pyramide des exécutifs locaux. La progression de la part des femmes parmi les maires n'a d'ailleurs pas été franchement spectaculaire entre 2001 et 2008, passant de 10,9 à 13,8%. De même, entre ces deux scrutins, la part des conseillères municipales est passée de 33 à 35%.
Présentant ce 16 avril ces chiffres à la presse, Marie-Jo Zimmerman, rapporteure générale de l'observatoire, s'est toutefois réjouie que la loi de 2007 soit "passée par là". "Lors du précédent mandat, les partis nous expliquaient que la parité politique était impossible parce qu'il n'y avait pas de vivier de femmes. Aujourd'hui, clairement, ce vivier est là, dans les exécutifs locaux", a-t-elle estimé, songeant d'ores et déjà aux adjointes au maire qui vont pouvoir rebondir lors des européennes de l'an prochain, des régionales de 2010 puis des législatives.

Beaucoup de nouvelles premières adjointes

La proportion de femmes parmi les premières adjointes est d'ailleurs encourageante : 36,8%. "Cela constitue un signal fort de la légitimité désormais acquise des femmes dans les affaires municipales", y compris "dans des domaines et compétences autres que ceux conventionnellement dévolus soit aux hommes soit aux femmes" (adjoints à l'urbanisme pour les uns, adjointes à la petite enfance pour les autres, par exemple...), analyse l'observatoire.
On notera que la proportion de maires femmes est plus élevée parmi les communes de moins de 3.500 habitants (14,2%) que dans celles de taille supérieure (9,6%). Mais aussi que les villes de plus de 100.000 habitants obtiennent le meilleur score, avec 15,8%. Plus précisément, six grandes villes sur trente-huit sont désormais dirigées par des femmes (contre quatre sur trente-six en 2001).
L'observatoire est également "obligé de constater" un réel écart, en termes de parité, entre les partis de la majorité parlementaire et ceux de l'opposition : "L'UMP et le Nouveau Centre ne témoignent d'aucun volontarisme dans ce domaine." Du coup, la poussée de la gauche aux municipales aurait plutôt joué en faveur des femmes.
Enfin, tous les territoires ne sont visiblement pas logés à la même enseigne. Dans 27 départements, on ne trouve aucune femme maire dans les communes de plus de 3.500 habitants, alors que le Loiret et l'Essonne, par exemple, en comptent treize. Les plus mauvais élèves seraient les Bouches-du-Rhône et la Moselle, avec respectivement 6,8 et 7,1% de femmes maires, toutes tailles de communes confondues.

Et les agglos ?

Ces disparités territoriales sont également de mise s'agissant de l'autre scrutin de mars, les cantonales. Avec, en bas du tableau, trois conseils généraux dans lesquels on ne trouve carrément aucune élue (l'Ariège, la Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne) et quinze autres qui ne comptent que 5% de conseillères générales.
En moyenne, 79,1% des titulaires investis aux cantonales étaient des hommes. Ce qui signifie que le dispositif du "ticket mixte" introduit par la loi de 2007 (obligation pour tout candidat de se présenter aux côtés d'un remplaçant de l'autre sexe) a très majoritairement été compris comme l'existence d'une femme au poste de suppléante. Au final, 86,9% des conseillers généraux élus sont des hommes (ce chiffre était de 89,9% en 2004). Reste à savoir quelle correction interviendra lorsque les titulaires touchés par le cumul auront à faire un choix parmi leurs mandats et donc, pour certains, à démissionner. Le nombre de femmes devrait alors automatiquement augmenter.
Autre point qui devra être validé par un travail statistique de l'observatoire : la place des femmes au niveau intercommunal, jusqu'ici restée très faible. "S'agissant, en tout cas, des petites communes faisant partie d'une communauté d'agglomération, on constate que les délégués sont presque toujours des hommes", note Marie-Jo Zimmerman. "C'est un sujet essentiel, car les agglomérations sont le vrai lieu du pouvoir aujourd'hui. Etendre les modes de désignation paritaire aux intercommunalités sera pour nous un travail de longue haleine, qui va être difficile à mener. Nous espérons en tout cas aboutir à une obligation d'ici six ans", annonce la députée lorraine qui, dans l'immédiat, compte s'attaquer à un autre challenge : tenter de faire progresser la parité aux sénatoriales de septembre.

 

Claire Mallet