Personnes âgées - Ondam, deuxième journée de solidarité, assurances : Agnès Buzyn évoque des pistes pour financer la dépendance
Interrogée sur RMC-BFMTV le 12 avril, Agnès Buzyn a évoqué plusieurs pistes pour assurer le financement de la dépendance. La ministre des Solidarités et de la Santé avait déjà annoncé devant la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, il y a quelques semaines, son intention de s'attaquer à "l'immense chantier de la dépendance". Elle pointait notamment le fait que la prise en charge de la dépendance en établissement "est inégalement répartie sur le territoire, puisque la part individuelle d'APA [allocation personnalisée d'autonomie, ndlr] que chaque département dépense varie de 1 à 2,5 pour une personne" (voir notre article ci-dessous du 15 février 2018). La ministre n'avait toutefois jusqu'alors évoqué aucune piste pour engager ce chantier.
La neutralisation de la réforme de la tarification laisse "du temps pour réfléchir"
Dans son interview, Agnès Buzyn confirme la "neutralisation" durant deux ans de la réforme de la tarification des Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), "ce qui nous laisse le temps de réfléchir à l'avenir". La ministre des Solidarités et de la Santé indique que la feuille de route sera présentée "fin avril". Elle devrait être l'occasion d'"ouvrir un débat sociétal" sur la prise en charge de la dépendance. Il faudra en particulier "inventer un nouveau modèle d'Ehpad". La ministre précise au passage qu'elle a rencontré l'ADF (Assemblée des départements de France) le 11 avril, car "c'est en fait le financement des départements sur la partie dépendance qui posait problème et nous sommes en train de trouver une solution pour qu'il n'y ait aucun Ehpad perdant avec la nouvelle tarification".
"Pas trop favorable au modèle assurantiel"
Sur la question centrale du financement de la dépendance - avec la perspective de cinq millions de personnes de plus de 85 ans à l'horizon 2050 contre 1,5 million aujourd'hui -, Agnès Buzyn indique avoir mis à l'étude "plusieurs pistes". Sans trancher à ce stade, elle affirme "ne pas être trop favorable au modèle assurantiel" (consistant en la création d'une assurance dépendance, comme prévu avec le projet initial d'un "cinquième risque"). Parmi les pistes à l'étude, elle cite en revanche l'idée d'une fusion de l'enveloppe dépendance et de l'enveloppe soins au sein de l'Ondam (objectif national des dépenses d'assurance maladie, pour le volet médicosocial), un recours accru aux assurances privées - "même si ce n'est pas mon modèle préférentiel" -, ou encore une deuxième journée de solidarité (autrement dit un second jour férié travaillé et finançant la contribution de solidarité pour l'autonomie)...
Le débat sociétal sur la prise en charge de la dépendance devrait associer tout particulièrement les élus, "parce qu'ils sont très investis sur la question de la dépendance". Pour Agnès Buzyn, il s'agit là d'un débat qui "n'a jamais été ouvert par les gouvernements précédents tellement il est compliqué". La solution pourrait néanmoins être proposée "d'ici la fin de l'année".