Occitanie : Passerelles industries offre une réponse immédiate aux difficultés des entreprises
Lancée en novembre 2020 par le collectif France industrie Occitanie, la démarche consiste à faciliter les passerelles entre les entreprises industrielles en difficulté du fait de la crise et celles qui recrutent. Une initiative qui s’apparente à Transitions collectives, le dispositif que l’Etat met en œuvre dans les territoires, sauf que, plus "pragmatique", Passerelles industries s’inscrit sur le court terme.
Région très industrialisée, du fait notamment de la présence du siège monde d’Airbus, l’Occitanie a dès le début de la pandémie particulièrement souffert de la crise. Mais surtout, "les capacités de rebond à l’issue du premier confinement étaient très différentes selon les secteurs", explique Nicole Barollo, cheffe de projet de Passerelles industries. Alors que l’industrie agro-alimentaire et la santé se portaient bien, l’aéronautique traversait un vrai trou d’air qui se poursuit toujours. Les industriels réunis depuis fin 2019 au sein du collectif France Industrie Occitanie (10.000 entreprises représentant dix filières* et employant 220.000 salariés) ont "cherché des solutions pour préserver leurs compétences", poursuit Nicole Barollo. L’idée a très vite consisté à mettre face-à-face les difficultés économiques des uns, contraints d’alléger leur masse salariale, et les problèmes de recrutement des autres.
1,4 million d’euros mobilisé
C’est ainsi qu’a été créé début novembre 2020 le dispositif Passerelles industries qui repose sur deux principes : le prêt de main d’œuvre ponctuel entre entreprises et le reclassement lors de licenciements. "La crise nous a fait changer de paradigme, tant les dirigeants d’entreprise que les salariés sont prêts à accepter l’alternative de l’échange de salariés entre deux entreprises du même territoire", convient Nicole Barollo. A ce jour, 20 prêts de main d’œuvre ont été effectifs sur des postes allant du soudeur à l’ingénieur, pour des missions de 15 jours à un an, à temps complet ou partiel. Un travail de terrain est effectué par des consultants recrutés spécialement pour détecter les besoins sur les territoires et faire remonter l’information à l’instant "T". Pour ce faire, un budget de 1,4 million d’euros est mobilisé et dont le financement est réparti entre France Industrie Occitanie, l’Etat et de la région Occitanie.
200 profils recensés sur "L’industrie recrute"
Dans l’Aveyron, l’entreprise Snam (batteries recyclages) a recruté par le biais du reclassement, un opérateur en usinage travaillant préalablement dans l’entreprise Usicap (mécanique de précision). Et dans les Hautes-Pyrénées, "la société CAF est volontaire pour accueillir de la main d’œuvre d’entreprises inscrites dans le dispositif, tandis que Segenere met à disposition de la main d’œuvre pour les entreprises inscrites dans le dispositif", met en avant la région Occitanie soutenant aussi "politiquement" Passerelles industries.
Le deuxième axe de Passerelles industries se met progressivement en action en menant un travail amont qui consiste à identifier les annonces de licenciements et autres Plan de sauvegarde de l’emploi à venir, sachant qu’une centaine de PSE est anticipée sur la région. "L’idée est de recenser les profils qui vont être licenciés avant qu’ils ne s’inscrivent à Pôle emploi", indique Nicole Barollo. Ainsi, la profilthèque "L’industrie recrute" recense 200 personnes disponibles, notamment des opérateurs de production, des soudeurs, des techniciens de maintenance…
Dispositifs complémentaires
Un dispositif au final qui ressemble à s’y méprendre à transitions collectives, l’outil coconstruit par le gouvernement et les partenaires sociaux pour mettre en relation des entreprises d’un même territoire qui décrutent et celles qui recrutent. "L’Etat a certes regardé ce que nous faisions car nous étions précurseurs", souligne la cheffe de projet de Passerelles industries, mais selon cette dernière, les deux formules se distinguent par le fait que Passerelles industries se veut très pragmatique et agit sur le court terme, tandis que Transco se place sur le moyen/long terme avec un volet de transitions professionnelles sur des métiers porteurs beaucoup plus affirmé par le biais de formations de un à deux ans. Au final, "Transco est complémentaire à Passerelles industries", résume Nicole Barollo, d’autant qu’aucune plateforme "transitions collectives" ne fonctionne encore en Occitanie.
*Les 10 branches industrielles de France Industrie Occitanie : métallurgie, bois, plasturgie, pharmacie-médicaments, énergies, agroalimentaire, chimie, carrière et matériaux, nautisme, textile.