Transitions collectives : les adhérents d'Alliance villes emploi demandent des précisions
Avec un quart des lauréats à la première édition de l'appel à projets pour expérimenter ce dispositif de reconversion professionnelle sur un bassin d'emploi, les intercommunalités, PLIE et autres maisons de l'emploi se retrouvent "en première ligne". Mais au-delà de la satisfaction d'une certaine reconnaissance, ces acteurs locaux attendent des informations complémentaires notamment sur le modèle économique des structures locales.
Quelques jours après l'annonce des lauréats du premier appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour expérimenter la démarche Transitions collectives (voir notre article du 26 janvier), Alliance villes emploi (AVE) a organisé un groupe de travail afin de voir comment les adhérents du réseau allaient se saisir de ce tout nouveau dispositif. Car si sur le papier l'idée est très séduisante, sa mise en œuvre ne coule pas de source puisqu'il s'agit d'inventer une nouvelle façon de faire. En effet, pour limiter les licenciements, le dispositif Transco vise à faciliter, sur un même bassin d'emploi, les reconversions des salariés dont les métiers sont menacés, notamment du fait des difficultés économiques liées à la crise sanitaire, vers des entreprises qui peinent à recruter.
Un grand nombre de projets lauréats, soit 23 sur 98, émanent d'adhérents d'AVE, à savoir des collectivités locales, des intercommunalités, des Plie (Plans locaux pour l'insertion et l'emploi) et des maisons de l'emploi (MDE). "Notre idée était de voir comment aider ces diverses structures à passer du projet à l'opérationnalité et organiser des échanges entre les porteurs de projet", explique Lucie Becdelièvre, déléguée générale d'AVE, "mais aussi de faire remonter leurs éventuelles difficultés et autres interrogations".
"Les salariés en alternance sont-ils éligibles ?"
Il est ressorti de cette première rencontre du vendredi 5 février que certains points du modus operandi élaboré par le ministère du Travail en lien avec les partenaires sociaux restaient obscurs. Ainsi, le statu des personnes pendant leur période d'immersion dans une éventuelle entreprise d'accueil (opportunité offerte aux salariés candidats pour confirmer leur projet de reconversion) ne serait pas clair. De même, "les salariés en alternance sont-ils éligibles ?", interroge Lucie Becdelièvre, qui pointe également, suite aux retours de ses adhérents, une question de fond : "Si les transferts de salariés se comprennent sur un secteur et un territoire durablement touchés par la crise, la démarche semble moins évidente concernant les filières qui devraient aller mieux à moyen et long termes, telles le tourisme et l'événementiel". Aussi les membres d'AVE demandent-t-ils une clarification de la temporalité du dispositif, sachant que les parcours durent 24 moins.
Quid du modèle économique ?
Enfin, et peut-être même surtout, si les projets intersectoriels font partie de l'ADN des MDE plutôt favorables pour assurer le relai sur les territoires, la question du modèle économique reste posée dans la mesure où aucune enveloppe dédiée n'est prévue pour le fonctionnement des plateformes. En effet, les fonds du FNE-formation à hauteur de 500 millions d'euros doivent financer les parcours de Transitions collectives des salariés à 100% pour les entreprises de moins de 300 salariés, puis à 75% et 40% en fonction de la taille de la société. Mais quid des coûts de mise en œuvre du dispositif ?
L'une des maisons de l'emploi ayant participé au groupe de travail d'AVE a ainsi estimé à 3 ETP (équivalent temps plein) les ressources humaines nécessaires à la gestion globale de leur projet Transco. Ce qui est d'autant plus problématique que les crédits structurels des MDE ont été plutôt revus à la baisse. "A financements constants, ces structures ne disposent pas de moyens suffisants", souligne Lucie Becdelièvre.
AVE doit faire remonter au ministère du Travail toutes ces observations et autres questionnements du réseau et aider les autres adhérents souhaitant participer au 2e AMI que doit prochainement lancer le ministère pour élargir les projets de transitions collectives.