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Occitanie : le plan montagne prend de la hauteur

Le plan montagne d'Occitanie a été adopté fin décembre 2018 par la région, l'Etat et la Caisse des Dépôts en partenariat avec les conseils départementaux. Issu des réflexions du "Parlement de la montagne" qui a été créé localement en 2018, il prévoit des mesures à mettre en œuvre dès février 2019 pour favoriser le développement de ces territoires de montagne, avec une enveloppe de 800 millions d'euros sur six ans.

Les premières mesures issues du Parlement de la montagne de la région Occitanie, créé il y a tout juste d'un an, vont être mises en œuvre en février 2019. Ces mesures sont inscrites dans le plan "Montagne d'Occitanie, Terres de vie 2018-2025" qui a été adopté par la région, l'Etat et la Caisse des Dépôts, le 20 décembre 2018. Ses objectifs : permettre le développement des deux massifs présents sur la région, les Pyrénées et le Massif central, dont le nombre d'habitants représente un cinquième de la population d'Occitanie. Des territoires qui se caractérisent par une démographie peu dynamique et vieillissante et une activité économique très dépendante du secteur primaire (agriculture, activités minières...). Doté de 800 millions d'euros, dont 550 millions issus de la région, ce plan donne une orientation stratégique au développement de ces territoires et décline une quarantaine de mesures concrètes, à mettre en œuvre dès février 2019. "Nous avons décidé de commencer par la revalorisation des politiques régionales existantes qui peut être rapidement mise en place", détaille à Localtis Aurélie Maillols, vice-présidente de la région en charge de la montagne et de la ruralité.

Soutenir le développement des commerces de proximité

Le plan permettra par exemple des bonifications pour le dispositif régional d'aide à la rénovation ou l'amélioration de l'habitat communal locatif à vocation sociale. La région soutient déjà financièrement les communes dans ce domaine, l'idée est d'ajouter des bonifications supplémentaires en zone de montagne. Dans le plan, la région propose aussi de mettre en œuvre des conventions pour le logement des travailleurs saisonniers. Autres mesures envisagées : le soutien à la création de maisons et centres de santé pluri-professionnelles et le développement de la télé-médecine, pour assurer à l'ensemble de la population des territoires de montagne un accès permanent et rapide à des soins d'urgence de qualité, et maintenir et développer un égal accès aux soins. La région souhaite aussi soutenir le développement des commerces de proximité à travers le dispositif Pass commerce de proximité (subvention pour l'immobilier et le matériel neuf de production), ou encore développer l'offre de formation à l'échelle de chaque massif, pour accompagner les très petites entreprises dans leurs objectifs d'adaptation, de développement et d'innovation, et mobiliser l'offre de services aux entreprises en prenant en compte les spécificités montagne/massifs.

Par la suite, le plan prévoit la mise en œuvre d'actions plus complexes, qui demandent plus de temps avec des expérimentations et des innovations. Parmi les actions de ce type : mettre en place un groupe de travail partenarial "laboratoire d'idées" pour confronter et analyser les enjeux et besoins et identifier des solutions innovantes, soutenir l'expérimentation des cabines de médecine permettant une aide au diagnostic à distance, ou encore réaliser un état des lieux qualifié des métiers de la montagne. La région réfléchit aussi à accompagner les professionnels pour développer les circuits-courts et les micro-filières (études de marché, structuration de projets, aide à l'élaboration de business plans…), et à soutenir les démarches d'export et d'innovation.

Des perspectives pour les acteurs locaux

Pour les acteurs locaux, le plan peut ouvrir de nouvelles perspectives. "L'un des objectifs principaux est de prendre en compte le milieu rural et les territoires de montagne qui ont été un peu délaissés, se félicite ainsi Jean-Pierre Ruffé, maire d'Auzat, qui a participé à certains des ateliers menés dans le cadre de l'élaboration du plan. Depuis la disparition de Péchiney, nous tentons de développer le tourisme sur notre territoire ; ce plan peut nous y aider." Le territoire, situé dans le département de l'Ariège, a en effet été particulièrement impacté par la fermeture, en 2003, de l'usine de Péchiney, qui a amené à la suppression de 800 emplois, dont 200 ont pu être reclassés. Une saignée pour cette vallée. L'édile mise maintenant sur le tourisme et le sport (cascades, randonnées…) pour se développer. Un grand complexe sportif a notamment été construit en lieu et place de l'ancienne usine. "Le plan montagne est une initiative toute récente qui donne de l'espoir, mais nous restons prudents, car nous avons déjà été échaudés par d'autres actions qui n'ont pas donné de suite". Le maire d'Auzat relève toutefois un autre point positif de la démarche : l'idée de réunir autour de la table tous les acteurs de la montagne, "une bonne chose" selon lui.

Une évaluation continue

La région Occitanie compte évaluer en continu son plan montagne.  "Nous allons créer un organe de suivi de la mise en œuvre qui se réunira trois fois par an ou plus, signale Aurélie Maillols, le plan sera ainsi évalué en permanence." En fonction des retours de ce comité, le plan pourra être révisé, après un passage devant le Parlement de la montagne. "Le contexte national actuel nous donne raison, précise la vice-présidente", en allusion au mouvement des gilets jaunes et à leur demande de plus de démocratie participative, "nous avons eu raison de donner la parole aux citoyens". Le Parlement a en effet été constitué dans ce sens, puisqu'il est ouvert à tout citoyen qui porte un projet ou s'intéresse tout simplement à la problématique et aux spécificités des territoires de montagne, "car notre enjeu c'est l'attractivité de ces territoires, donc nous sommes intéressés par toute personne qui peut avoir un projet dans ce sens". Pas de limite au nombre de participants dans ce parlement qui se réunit en séance plénière trois fois par an. En revanche, la région fixe à 100 le nombre maximum d'inscriptions pour chaque groupe de projets. 

"Etre mieux entendu au niveau ministériel"

Et le parlement a déjà pu travailler sur des sujets variés : le schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet) mais aussi la question des fonds européens dans la perspective de l'après 2020. "Notre démarche nous permet d'être mieux entendu au niveau ministériel, car, quand nous partageons des idées, elles ne sont pas issues seulement du conseil régional mais du territoire entier, avec ses habitants ; cela donne du poids à nos demandes, explique Aurélie Maillols, le gouvernement voit aussi qu'avec peu de moyens et en adaptant un peu la règle on résout de nombreux problèmes locaux et des idées émergent". Autre effet positif : la région, qui a déjà mené ce type de concertation sur d'autres sujets comme l'alimentation, est approchée par d'autres collectivités, intéressées par la démarche. "Nous allons prochainement nous lancer dans un budget participatif, annonce-t-elle, des villes comme Paris ont déjà engagé le dispositif mais il n'y a pas encore d'expérience régionale".

 

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