Culture - Numérique, médiation culturelle, accessibilité... Aurélie Filippetti veut renforcer le "rôle politique" des bibliothèques
"Pour réfléchir au rôle politique des bibliothèques", Aurélie Filippetti "[propose] la tenue d'une journée de réflexion, début décembre". "Je souhaite qu'un nombre important d'élus puissent être présents, parlementaires comme élus locaux," a ajouté la ministre de la culture et de la communication en ouverture du 60e Congrès de l'Association des bibliothécaires de France, à Paris, le 19 juin 2014. Une invitation qui prolonge une démarche initiée lors du dernier Salon du livre (voir notre article ci-contre du 24 mars), où la ministre avait proposé aux collectivités de participer à une "réflexion pour ouvrir plus et mieux nos bibliothèques".
Horaires d'ouverture : un document de recommandations d'ici la fin de l'année
Des horaires d'ouverture, il en a été question dans son discours du 19 juin visant à faire le point sur ces "initiatives concrètes pour les bibliothèques" que la ministre entend "mener collectivement avec nos partenaires, notamment les collectivités territoriales". Se félicitant de la "bonne avancée" du travail mené avec l'Association des bibliothécaires de France (ABF), Aurélie Filippetti proposera d'ici la fin de l'année aux élus locaux "un document de recommandations identifiant de façon la plus objective possible à quelles conditions et pour quels résultats une extension d'horaires d'ouverture peut être envisagée".
Education artistique et culturelle : les Drac appelées à soutenir "le plus grand nombre possible de projets"
Autre contribution du ministère destinée à soutenir les fonctions d'accueil et de médiation des bibliothèques, une "grande enquête sur les actions menées par les bibliothèques" en matière d'éducation artistique et culturelle (EAC), dont les résultats seront présentés en septembre, lors d'un séminaire à Villeneuve-lès-Avignon (Gard). Aurélie Filippetti souligne qu'elle a "explicitement demandé" aux directions régionales des affaires culturelles (Drac) "d'identifier et de soutenir cette année le plus grand nombre possible de projets d'EAC" menés par des bibliothèques. En guise d'illustration, la ministre évoque l'opération nationale "Premières pages", impliquant des bibliothèques départementales et les services petite enfance de douze conseils généraux et visant à "sensibiliser le plus tôt possible les enfants et leurs parents à l'importance et à la richesse de la lecture".
Le numérique au service de l'accessibilité
C'est cependant surtout sur les enjeux du numérique qu'Aurélie Filippetti a mis l'accent. Tout en précisant, comme pour mieux lever les éventuelles réticences, qu'"il ne saurait être question de fétichisme : le numérique est un outil au service d'une vision très large et très ambitieuse d'ouverture au public". Constatant que "la place des ressources numériques dans les bibliothèques demeure encore modeste"*, la ministre annonce que l'association Réseau Carel (Coopération pour l'accès aux ressources numériques en bibliothèques) bénéficiera d'un soutien accru de la Bibliothèque publique d'information (BPI). Par ailleurs, en prévision de "la signature avant la fin de l'année d'un document de recommandations", "l'ensemble des acteurs du livre", dont les bibliothécaires, sont invités à participer à la définition de "principes pour la diffusion du livre numérique en bibliothèque".
Enfin, Aurélie Filippetti annonce qu'elle présentera début 2015 un projet de loi visant à améliorer les dispositions relatives à l'exception au droit d'auteur en faveur des personnes handicapées. Des "publics spécifiques" présentés comme une "priorité" de la ministre de la Culture : "Pour porter cet élan en faveur de l'accessibilité, le budget du CNL [Centre national du livre] ne sera pas affecté dans les années à venir, il n'y aura aucune baisse, c'est un point inflexible de ma discussion avec Bercy."
Caroline Megglé
* La ministre a ainsi fait référence, sans mentionner la source, à "une étude menée fin 2013 auprès de plus de 1.100 bibliothèques" ayant "confirmé que seulement 23% des établissements de plus de 10 000 habitants proposaient une offre de ressources numériques à leurs publics".