Environnement - Nuisances aéroportuaires : près de 76.000 logements restent à insonoriser
Selon le rapport annuel de l'Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (Acnusa) publié ce 5 mars, le nombre de logements situés à proximité d'un aéroport restant à insonoriser s'élève à 75.960 sur les 147.967 qui étaient éligibles au dispositif d'aide à l'insonorisation du fait de leur présence dans un plan de gêne sonore (PGS). "En matière de réparation, les choses progressent de manière régulière et plutôt consensuelle : ainsi en 2011, en complément du dispositif d'aide à l'insonorisation, ont été instituées des enveloppes d'aide supplémentaire pour l'installation ou la rénovation des systèmes de ventilation et pour l'isolement acoustique des toitures", écrit Patricia Lemoyne de Forges, en introduction du rapport. "La prise en charge à 100% des travaux d'insonorisation à compter du 28 décembre 2011 et jusqu'au 31 décembre 2013 devrait par ailleurs réduire l'un des principaux freins résiduels d'accès au dispositif, le coût des travaux qui restait à la charge du riverain", note encore la présidente de l'Acnusa. Mais au rythme des autorisations de travaux délivrées ces dernières années et à réglementation constante, l'Acnusa estime qu'il faudra entre dix et quinze ans pour insonoriser la totalité des logements autour d'Orly et entre quinze et vingt ans autour de Paris-Charles-de-Gaulle. Pour Nice-Côte d'Azur et Toulouse-Blagnac, le délai estimé est encore plus long (entre vingt et vingt-cinq ans). L'autorité rappelle donc sa demande de "mise en oeuvre de plans volontaristes". Elle réclame notamment un plan pluriannuel d'aide à l'insonorisation à cinq ans pour les aéroports de Bâle-Mulhouse, Bordeaux, Nantes et Marseille, et à dix ans pour les autres.
L'information en question
L'autorité plaide par ailleurs pour une meilleure information du public en demandant notamment la mise à disposition sur internet des trajectoires de vol des avions et de leur niveau de bruit sur et autour des aéroports. "Alors que des gestionnaires d'aéroports européens vont jusqu'à proposer des applications pour les smartphones indiquant à J-2 la configuration du vent, il paraît incongru que les riverains français ne puissent de chez eux prendre connaissance de la situation, même en différé, qui se déroule au-dessus de leur tête", affirme-t-elle dans son rapport. Elle déplore aussi "la déficience d'informations" sur la qualité de l'air facilement accessibles et demande la création rapide de ce type d'application sur internet. Actuellement, le seul moyen pour le public concerné d'obtenir ce genre d'informations est de se rendre soit directement dans les aéroports, soit, comme en région parisienne, de s'informer dans les maisons de l'environnement ou certaines mairies, selon l'Acnusa.
A propos des vols de nuit, le rapport note que les nouveaux arrêtés de restriction pris depuis 2010 restent insuffisants. Pour ceux concernant l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, les avions concernés "représentaient 1% des vols de nuit". L'Acnusa propose donc d'engager une réflexion nationale sur les vols de nuit et rappelle qu'elle a créé en septembre dernier un groupe de travail avec des élus, des professionnels et des associations.
L'autorité s'interroge par ailleurs sur le relèvement de 300 mètres depuis novembre dernier de l'altitude de la phase d'atterrissage des avions sur les aéroports franciliens. Elle "regrette" que le gouvernement n'ait pas prévenu que cela allait forcément entraîner une modification des trajectoires et donc un transfert des nuisances. D'autre part, la diminution du bruit de 3 à 4 dB grâce à ce changement reste insuffisante. Selon le rapport, il aurait fallu une dizaine de dB. Enfin, sur l'immobilisation prévue depuis 2010 des avions pour non-paiement des amendes par les compagnies aériennes, l'Acnusa a regretté l'attitude de la direction générale de l'Aviation civile (DGAC). Celle-ci a en effet prévenu en octobre dernier la compagnie visée la veille de la saisie conservatoire. Cette dernière, dont le nom n'est pas révélé et qui devait 319.000 euros, a suspendu ce jour-là sa venue sur le territoire français. La DGAC avait justifié l'intervention pour éviter d'éventuels désagréments aux passagers.