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Aménagement numérique - Nouvelle offre d'internet haut débit par satellite

Jean-François Fremaux est directeur des marchés et produits d'Eutelsat pour la branche multimédia, en charge de la vente du nouveau service Tooway prévue fin mai. A la suite du lancement de KA-SAT en décembre dernier, il fait un point sur l'internet haut débit par satellite pour les collectivités.

Localtis : Le satellite est-il la seule solution pour les foyers français non éligibles à l'ADSL ?

Jean-François Fremaux : KA-SAT offre neuf spots sur le territoire français. Cela devrait permettre de desservir environ 300.000 foyers qui ne sont pas connectés au haut débit actuellement. Nous ne sommes cependant pas dans une logique de concurrence avec les opérateurs ADSL. Nous venons en complément, là où ils ne sont pas, ou bien là où ils sont mal. L'avantage, c'est que notre offre est immédiatement disponible. Il n'y a pas besoin d'attendre trois à cinq ans pour la mise en oeuvre d'une quelconque délégation de service public ou d'un contrat de partenariat public privé. Il suffit de poser une antenne elliptique de 71 sur 77 cm (un peu plus grosse que pour la télévision par satellite) équipée d'un émetteur qui a sensiblement la même puissance qu'un téléphone mobile GSM. Ensuite, l'émission et la réception fonctionnent qu'il y ait des arbres à proximité, des montagnes autour. L'installation se fait en quelques heures.

Vous avez déjà reçu 3.000 demandes de souscription, de la part de qui et quelle est la répartition géographique ?

Ces demandes émanent essentiellement de particuliers, dont certains dirigent des TPE (très petites entreprises). Elles viennent aussi bien du Nord-Pas-de-Calais que de Corrèze, de Lozère ou encore des Alpes-Maritimes. Notre qualité de service est la même de Nantes à Marseille : elle ne change pas en fonction de l'éloignement du central téléphonique. A partir d'un point de gestion unique, nous avons défini avec nos partenaires une gamme de services accessibles aux particuliers, aux entreprises, aux collectivités, avec une assistance client. Car nous sommes grossistes et non revendeur en direct. SFR, Sat2way, Numéo, Alsatis, Connexion Verte. Ubiquité, instantanéité, homogénéité, flexibilité et une large gamme de services adaptés, par exemple, aux agriculteurs ou aux artisans, sont les points forts de nos offres.

Quel est le coût ? Combien de collectivités subventionnent ?

Depuis 2009, dans le cadre du plan France Numérique 2012, le gouvernement donne un label à ceux qui sont capables de fournir un service à haut débit sur tout le territoire pour 35 euros par mois, équipement compris. Nos services sont labellisés haut débit pour tous.
L'équipement est de 350 à 400 euros. Nos équipements sont auto-installables sur un toit ou un mur, d'ailleurs 50% des 30.000 abonnés que nous avons sur notre satellite HOT BIRD 6, depuis 2008, se sont chargés eux-mêmes de la mise en place de leur parabole. Nous avons encore simplifié cette installation pour notre nouveau service : il n'y a plus qu'un câble à relier à l'antenne au lieu de deux auparavant (un pour l'émission, l'autre pour la réception). Il n'y a plus de réglage de polarisation à faire, ni besoin d'analyseur de spectre. L'installateur peut faire une mise en place plus propre et souvent plus pérenne (qui ne se dérèglera pas au premier coup de vent). La subvention des régions et des départements est alors essentielle. 22 départements proposent actuellement des offres de prise en charge totale ou partielle pour l'équipement et/ou l'installation. J'espère que cette solution va s'étendre.

Où en sont les demandes de financement évoquées dans le cadre du grand emprunt ?

Il y a deux postes de financements. Le premier concerne la recherche et développement. Ce volet va être mis en place mais cela concernera essentiellement le Cnes, EADS, Thalès... pour étudier des nouvelles technologies satellitaires. Ces recherches mettront probablement trois ou quatre ans à aboutir. Nous bénéficierons bien sûr de ces avancées mais pas avant six à sept ans, le temps de concevoir les nouveaux satellites, de les lancer puis les commercialiser.
Le second poste, concerne le volet numérique des Investissements d'avenir. 250 millions sont consacrés aux technologies alternatives. Dans ce cadre, nous avons proposé le financement (pas forcément sur la totalité de l'enveloppe) d'une technologie satellite à très haut débit (THD) pour 360.000 sites en France. Nous serions capables de mettre cette solution en service à l'horizon 2014. Le plan de déploiement de la fibre optique, ce n'est simple ni techniquement, ni financièrement. Et pour les zones 3, le THD n'est guère prévu avant 2025. Notre demande de financement est donc toujours en cours auprès du commissaire à l'Investissement, et du ministre de l'Industrie. Le problème c'est la définition du prix auquel le gouvernement voudrait nous voir commercialiser notre offre. Nous sommes capables de proposer un service THD autour de 150 à 200 euros par mois, sans subvention. S'il faut que ce soit moins cher, l'équation financière se complique. Notre proposition est de 50 Mbit/s pour 50 euros par mois.