Nouveaux quartiers prioritaires de la politique de la ville : des tailles différentes, des spécificités communes
Depuis le 1er janvier 2024, chaque département de l’Hexagone a désormais au moins un quartier prioritaire de la politique de la ville. L’Insee vient de publier un portrait des 1.362 QPV et de leurs 5,3 millions d’habitants.
En 2024, la géographie de la politique de la ville a évolué (voir notre article). La France métropolitaine compte désormais 1.362 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), contre 1.296 sur la période précédente (2014-2023). L’Insee a publié le 28 août 2024 un portrait de ces nouveaux quartiers, à partir de données de 2020.
Ces QPV regroupent 5,3 millions d’habitants, soit 8% de la population de France métropolitaine. Chaque département compte désormais au moins un quartier, avec une moyenne de 14 QPV par département. Certains n’en ont qu’un (les Hautes-Alpes, le Cantal, la Creuse, le Gers, le Lot et la Lozère) et d’autres des dizaines, jusqu’à 94 dans le Nord. "Les QPV comptent en moyenne 3.900 habitants" et, parmi les 137 les plus peuplés (plus de 7.570 habitants), la moitié se situe dans l’aire d’attraction de Paris, indique l’Insee. "La Seine-Saint-Denis est, de loin, le département où la part d’habitants concernés par la géographie prioritaire est la plus élevée", avec 42% de sa population résidant dans des QPV, dont l’un est le plus peuplé de France (132.500 habitants). "Vient ensuite le Val-d’Oise, où 18 % des habitants vivent en QPV", complète l’Insee.
Familles, immigration, logement, emploi… des spécificités dans tous les domaines
Le portrait met l’accent sur les écarts entre les habitants des QPV et ceux de leurs "environnements urbains", c’est-à-dire le reste de l’unité urbaine dans laquelle se situe le quartier prioritaire. Les habitants des QPV sont plus jeunes (39% ont moins de 25 ans, contre 31%), sont plus souvent des personnes étrangères et immigrées (23% et 28%, soit 2,8 et 2,5 fois plus que dans les environnements urbains) et ont davantage d’enfants (26% des familles ont 3 ou 4 enfants, contre 15%). Les familles monoparentales – des mères dans neuf cas sur dix - y résident plus qu’ailleurs (17% des familles, contre 9%).
Sans surprise, les habitants des QPV sont majoritairement locataires de leur logement (85%), vivent en appartement (neuf sur dix) et occupent beaucoup plus souvent un logement social (62% contre 14%). "Un quart des couples avec enfants en QPV vivent dans un logement suroccupé, soit 2,8 fois plus que dans les environnements urbains", précise l’Insee. Cette part s’élève même à 43% pour les familles nombreuses et à 54% pour les "ménages complexes avec noyau familial" (c’est-à-dire composé d’au moins une autre personne, en plus de la famille nucléaire).
Des données portent enfin sur les spécificités des QPV en matière de scolarisation, de formation et d’emploi. Du fait de "sorties plus précoces du système éducatif", le taux de scolarisation est plus bas : 60% des 15-24 ans, contre 70%. "Plus d’un quart des jeunes âgés de 16 à 25 ans en QPV ne sont ni en emploi ni en études", c’est le double par rapport aux environnements urbains. En 2022, selon d’autres données de l’Insee, la part des "Neet" (jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation) était de 11,6% parmi les 15-24 ans au niveau national (voir notre article). Les habitants des QPV sont aussi moins diplômés (44% sans aucun diplôme, contre 23%).
Enfin, le taux d’emploi est en QPV "nettement plus faible que dans les environnements urbains" : moins de la moitié des habitants, contre deux tiers. Cela est dû à la fois à un taux de chômage 2,3 fois plus élevé et à "un taux d’activité moindre". Les travailleurs des quartiers sont plus souvent des employés (38% contre 27%) et des ouvriers (35% contre 16%) et les emplois occupés sont plus précaires (23% en habitants en emploi sont en CDD, contre 13%).