Nouveau record de fréquentation des trains en 2023

Selon un bilan provisoire publié par l'Autorité de régulation des transports (ART) ce 27 juin, la fréquentation des trains en 2023 a atteint pour la deuxième année consécutive un niveau record avec 108 milliards de passagers.km transportés (+6% par rapport à 2022). Celle des TER est en hausse dans l'ensemble des régions, en dépit d'une offre de trains en baisse. Seule la fréquentation des lignes Transilien et RER en Île-de-France semble avoir été durablement affectée par la crise sanitaire, du fait notamment d'un recours accru au télétravail.

"Avec 108 milliards de passagers.km transportés (l'unité de référence du secteur), la fréquentation ferroviaire atteint pour la deuxième année consécutive un niveau record en France, supérieur de 6% au niveau de 2022", affirme l'Autorité de régulation des transports (ART) dans son bilan provisoire du marché français du transport ferroviaire en 2023 publié ce 27 juin.  Cet engouement pour le train a profité aux services conventionnés (Intercités et TER) qui ont connu la hausse annuelle de fréquentation la plus forte (+7%), devant les TGV (+5%). Partout, la fréquentation des TER et Intercités dépasse largement le niveau d'avant la pandémie de Covid-19 (+21%), à l'exception de l'Île-de-France, où elle reste inférieure de 6%.

L'Île-de-France à contre-courant 

La fréquentation des TER a augmenté dans toutes les régions en 2023. Elle a dépassé les 10% en Bretagne, dans les Pays de la Loire et en Occitanie. Malgré une progression de leur fréquentation de 6% sur un an, les TER des Hauts-de-France font figure d'exception, la région étant la seule où le nombre de passagers.km reste inférieur à celui de 2019 (-1%). En Île-de-France, la fréquentation des lignes Transilien et RER semble avoir été "durablement affectée par la crise sanitaire", note l'ART. "En dépit d’une progression entre 2022 et 2023 pour la quasi-totalité des lignes, seules les lignes A, B et R ont retrouvé un niveau de fréquentation supérieur à 2019, année pourtant marquée par d'importants mouvements sociaux, détaille-t-elle. Cela semble ainsi confirmer des évolutions structurelles des habitudes de déplacement en Île-de-France, associées notamment à une augmentation du recours au télétravail en jour de semaine, les baisses de trafic étant en effet moindres par rapport à 2019 pour les jours de week-end."

Disparités des taux d'occupation des trains

Alors que la fréquentation des trains en France a connu une nouvelle forte hausse en 2023, l'offre de trains a légèrement reculé (-1%), constate aussi l'ART, "notamment du fait des mouvements sociaux de mars 2023". Sans les grèves, "l'offre aurait connu une progression de 2%", souligne-t-elle. Si l'offre de Transilien et RER a diminué de 7%, celle des TER et Intercités dépasse depuis 2021 son niveau d'avant-crise, note-t-elle. Pour l'ensemble des services ferroviaires, les taux d'occupation ont continué de croître. Celui des Intercités et des TER atteint en moyenne 34% mais ce faible pourcentage masque de fortes disparités, à la fois entre services conventionnés - le taux est supérieur de plus de 10 points pour les lignes de plus de 100 km (38 %) par rapport aux lignes TER de proximité (27 %) - mais aussi au sein des services (entre heures creuses et heures de pointe et entre proximité des gares principales et extrémités de lignes.
L'ART note par ailleurs que le succès des trains de voyageurs est un phénomène européen puisque la fréquentation a augmenté presque partout, avec des hausses allant jusqu'à 32% en Espagne ou 15% en Grande-Bretagne.

Hausse du prix moyen du train supérieure à l'inflation

Elle relève en outre que le prix du train a augmenté plus vite que l'inflation en 2023 avec une hausse moyenne de 7% par rapport à 2022 même s'il "reste inférieur en termes réels au niveau de 2019". Les prix des trains TGV ou Intercités, "qui avaient fortement chuté avec la crise sanitaire, semblent ainsi effectuer un rattrapage", explique l'ART alors que la SNCF avait promis de ne pas augmenter ses prix de plus de 5% en moyenne en 2023. Ils ont notamment augmenté pour l'offre à bas coûts Ouigo, avec une hausse de 10% selon l'ART, quand dans le même temps l'inflation annuelle s'est établie à 4,9%. L'Autorité a aussi constaté que plus le taux d'occupation des trains est élevé, plus les prix augmentent, comme par exemple en juin et juillet, "tandis qu'ils sont plus faibles en janvier et février".

Mise en concurrence des TER

L'ART fait état, à la mi-2024, de l'attribution de cinq lots de services TER à l'issue d'une mise en concurrence. 2 lots de lignes de tram-train ont par ailleurs été attribués en Île-de-France, respectivement à RATP et Keolis/SNCF Voyageurs. Six nouveaux appels d’offre pour l’attribution de lots de services TER-Transilien ont été émis depuis 2023 : lot "Ouest Nivernais" (Bourgogne-Franche-Comté), lot "Dessertes parisiennes" (Hauts-de-France), lot "Est Provence et ligne des Alpes (Sud-Paca)", lot "Étoile de Caen" (Normandie), et ligne L et J (Île-de-France-Mobilités). "Près de 50 lots TER ont été identifiés au global par les régions" et "plus de 30 lots devraient faire encore faire l’objet d’une mise en concurrence par appel d’offres avant 2033, à l’issue des conventions d’exploitation actuellement en vigueur avec SNCF Voyageurs", indique l'ART.

Dégradation de la ponctualité

L'ART relève dans son bilan une stabilité du taux de réalisation – 91% des circulations de trains de voyageurs programmées en 2023 ont été effectivement réalisées - mais une ponctualité qui se dégrade, à l'exception des trains internationaux. La régularité et la ponctualité des services TER se dégradent dans 9 régions sur 11, en particulier en Nouvelle-Aquitaine, indique-t-elle. Le taux le plus faible de circulations TER effectives et ponctuelles est observé en région Paca (seuls 69 % des trains programmés ont circulé et sont arrivés à leur terminus à l’heure ou avec un retard inférieur à 5 minutes). Ce résultat s'explique par un "taux de retard historiquement élevé et en hausse marquée en 2023", note l'ART. La baisse annuelle la plus marquée du taux de circulations effectives et ponctuelles est observée en région Nouvelle-Aquitaine (-6 points). Elle est imputable à une "détérioration notable de la ponctualité", ainsi qu'à "une augmentation des suppressions de trains", hausse également observée en 2023 en Centre-Val de Loire et Pays de la Loire. Seules les régions Hauts-de-France et Normandie enregistrent une stabilité et amélioration respective de leur taux de circulations effectives et ponctuelles.

Recul du fret ferroviaire

Autre ombre au tableau dans ce bilan : le recul du fret ferroviaire, plus marqué encore en France. La baisse de 2022 s'est confirmée en 2023 (-17% de marchandises transportées), notamment en raison des grèves contre la réforme des retraites et de l'éboulement survenu en vallée de Maurienne qui a pénalisé le transport ferroviaire avec l'Italie. En Europe, le recul n'a été que de 8%. Cette nouvelle chute devrait dégrader encore un peu plus la part modale du fret dans le transport de marchandise, déjà faible en France (11%) par rapport à la moyenne européenne (17%).