Culture - Musée Soulages à Rodez : nouvel exemple de démarrage en trombe de la fréquentation
Le 30 mai dernier, le président de la République inaugurait le musée Soulages à Rodez (Averyon). L'établissement a bénéficié ainsi d'une large couverture médiatique - d'autant que l'artiste est toujours vivant et ne rechigne pas aux interviews -, mais aussi d'une sorte d'"effet Mucem", avec une architecture audacieuse, œuvre des Catalans RCR arquitectes, associés au cabinet d'architectes Passelac & Roques.
60.000 visiteurs en deux mois
Même si ces atouts laissaient espérer une bonne fréquentation, le résultat a finalement dépassé toutes les prévisions. Implanté dans une région qui n'est pas la mieux desservie de France, le musée Soulages affichait en effet une fréquentation de 60.000 visiteurs deux mois après son ouverture. Un chiffre qui correspond à l'ensemble de la fréquentation attendue pour la première année de fonctionnement !...
Ce premier résultat est une réussite incontestable pour l'artiste - qui a fait don d'un grand nombre de ses œuvres -, mais aussi pour la communauté d'agglomération du Grand Rodez, qui a porté et financé le projet, avec le concours financier de l'Etat, de la région Midi-Pyrénées, du département de l'Aveyron et de la ville de Rodez.
Même s'il n'est pas chiffré - et si une bonne partie des premiers visiteurs provient sans doute du département -, l'impact de cette fréquentation sur l'économie locale est bien réel. A titre d'exemple, les 60.000 visiteurs sur deux moins représentent une population plus importante que celle du Grand Rodez (57.000 habitants)...
Et après ?...
Avec ces résultats exceptionnels, le musée Soulages rejoint la liste - déjà longue - des musées en régions qui ont récemment connu des démarrages en fanfare : Pompidou-Metz, le Louvre-Lens, le Mucem... (voir nos articles ci-contre). Aujourd'hui, c'est un démarrage poussif qui semblerait incongru.
Il reste que tous ces musées ont dû ou devront affronter l'épreuve de la deuxième année. Or celle-ci s'avère souvent redoutable, même si le musée Soulages se situe sur un créneau différent de celui des grands musées cités : celui d'une institution consacrée à un seul artiste.
Mais, quelle que soit leur situation et leur taille, ces établissements doivent tous faire face à un double enjeu. Le premier consiste à exister dans la durée et à proposer des contenus attractifs, surtout lorsque le musée ne dispose pas de collections permanentes. C'est là que réside, par exemple, l'origine des difficultés du musée Pompidou-Metz, dont les expositions ont eu du mal à attirer un public renouvelé. Le second défi consiste à passe progressivement du contenant au contenu. Le cas du Mucem est exemplaire à cet égard. Son succès doit beaucoup à son emplacement exceptionnel et à l'architecture de Rudy Riccioti. Mais seule une petite fraction des visiteurs du bâtiment fréquente les expositions. Un phénomène qui pourrait concerner plus encore le futur musée des Confluences à Lyon, dont le projet architectural est tout aussi spectaculaire, mais dont le projet muséal est loin d'être évident.