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Foncier - Montée de sève sur le marché des forêts

Après une hausse de 4,8% en 2006, le prix des forêts a augmenté de 8,5% en 2007, en valeur courante, selon l'indicateur que publie pour la 14e année consécutive la Société forestière de la Caisse des Dépôts, en partenariat avec la FNSAFER et le bureau d'études Terres d'Europe-Scafr. Cette bonne santé s'explique surtout par la forte progression du cours du bois. Toutes essences confondues, son prix s'est apprécié de 55%  entre 2005 et 2007, dont 29% pour la seule année 2007. Le coût moyen d'un hectare de forêt non bâti s'élève à 5.540 euros et les parcelles de moins de 10 ha se vendent en moyenne 24% plus cher que celles de plus de 10 ha. La fonction résidentielle contribue fortement à la valorisation de la forêt : la présence d'un bâtiment entraîne ainsi une survaleur de 32%, voire de 36% quand s'y ajoutent des terres agricoles.

Les prix varient aussi selon les régions. Ceux des forêts d'Ile-de-France, qui sont aujourd'hui les plus élevés, ont connu une faible progression en 2007 (+4%). En revanche, les forêts du Nord-Est, de Centre-Bourgogne et du Grand Ouest s'apprécient respectivement de 8, 13 et 11%. Les prix des forêts d'Aquitaine et de montagne, qui sont inférieurs à la moyenne nationale, ont connu une hausse respective de 4 et 8%.

En termes de transactions, le marché a été très actif l'an dernier avec des opérations portant sur plus de 115.000 hectares. Sur les 40 dernières années, ce seuil n'avait été dépassé qu'en 1990. Le marché des forêts de plus de 50 hectares a été le plus dynamique avec une augmentation de près d'un quart des surfaces vendues et de plus de 60% en valeur. Pour la deuxième année consécutive, les échanges en valeur ont dépassé le milliard d'euros : en progression de 14% en 2007, ils ont atteint 1,17 milliard d'euros.

La majorité des ventes réalisées l'an dernier ont été le fait de personnes physiques non agricoles (62%) et les deux tiers des vendeurs sont des plus de 60 ans. Une tendance due à la hausse de l'espérance de vie qui fait que les détenteurs de patrimoine sont de plus en plus âgés. Les acquéreurs les plus nombreux sont aussi des personnes physiques, majoritairement quinquagénaires.

Mais les acteurs qui réagissent le plus fortement aux évolutions du marché sont les personnes morales, essentiellement les groupements forestiers, tant en qualité de vendeurs que d'acquéreurs. En surface leur part de marché qui oscillait entre 25 et 30% jusqu'en 2005 est passée à 37% en 2007. Les acteurs publics (Etat, collectivités territoriales, établissements publics) ne sont pas restés inactifs. Même si le nombre d'acquisitions (367) a baissé en 2007, après deux années de hausse consécutive, les surfaces acquises ont progressé ces trois dernières années pour atteindre 14.300 hectares.

Les départements qui enregistrent les plus grandes acquisitions sont ceux où leur nombre était déjà élevé : c'est notamment le cas dans les Landes, dans l'Yonne ou dans le Var. Mais d'autres tels que les Côtes-d'Armor ou la Somme ont aussi connu des opportunités d'achat sur des lots de superficie importante. Pour les collectivités, les motivations d'achat sont diverses, soulignent les experts de la Société forestière et de la FNSAFER. Ils en citent cinq principales : la protection des espaces naturels sensibles en vue de leur ouverture au public, financée par la taxe départementale sur les espaces naturels sensibles (TDENS) ; les loisirs, en autorisant une libre circulation du public dans les forêts ; l'amélioration du territoire communal de chasse ; l'agrandissement et/ou la restructuration foncière du patrimoine forestier ; et l'installation de certains équipements sensibles comme les déchetteries.

 

Anne Lenormand