Gestion forestière - CO2 séquestré, un marché en devenir
La Société forestière de la Caisse des Dépôts, l'un des principaux opérateurs forestiers privés en France, vient de publier, en collaboration avec la Fédération nationale des Safer son rapport annuel sur le marché forestier en France. Dans ce rapport, véritable indicateur de marché, elle prend position sur la séquestration du CO2. Certifiée ISO 9001, la Société forestière de la Caisse des Dépôts est à l'origine de la mission Climat de la Caisse des Dépôts menée conjointement avec le Fonds d'investissement international et qui contribue à la réduction des gaz à effet de serre. Elle gère quasi exclusivement des forêts éco-certifiées. Le bilan établi est complété pour la première fois par une partie prospective sur le marché de la séquestration du CO2 comme "nouvelle valeur de la forêt". Les forestiers lancent un appel pour que ce marché décolle enfin. Le potentiel est là : la séquestration des forêts françaises est estimée à environ 40 millions de tonnes de CO2 par an, pour des prix variant de 8 à 30 euros la tonne sur le marché des crédits et des quotas. Ce marché est cependant bridé : l'allocation forestière de la France au titre du protocole de Kyoto a été limitée à 3,2 millions de tonnes de 2008 à 2012. Pire, le principal marché mondial de CO2, l'European Trading System, n'admet pas les crédits d'origine forestière. Dans ces conditions, la Société forestière a décidé de prendre les devants pour préparer l'après 2012 (prolongement du protocole de Kyoto) en proposant une rémunération du stockage du CO2 dans les produits finis (bois matériau et bois énergie). Le principe serait alors de considérer que 1 m3 de bois issu d'une forêt gérée durablement (avec numéro d'écocertification) équivaut à "n" tonnes d'équivalent CO2, "n" étant un facteur dépendant de la durée de stockage du bois sous forme de produits finis. La Société forestière propose d'organiser des opérations pilotes au niveau local pour tester et quantifier les mécanismes proposés par ce type de rémunération avant de négocier l'après-Kyoto et évaluer si elle est plus efficace qu'une simple rémunération de la séquestration du CO2 par plantation.
Michaël Pronier / Victoires-Editions
Les Safer et la forêt
Les 27 Safer (Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) nationales (dont 3 d'outre-mer) sont des sociétés anonymes à but non lucratif dotées d'une mission de service public, qui s'appuient sur un réseau de 12.000 correspondants socioprofessionnels ou élus locaux. Elles achètent 6.000 hectares de forêts de plus d'un hectare par an.