Développement durable - La Caisse des Dépôts crée une filiale dédiée aux enjeux de la biodiversité
Dans le cadre de son plan stratégique Elan 2020, qui fait du développement durable l'une de ses priorités, la Caisse des Dépôts a lancé le 19 février une nouvelle filiale dédiée aux enjeux de la biodiversité et forte d'un capital de départ de 15 millions d'euros . Baptisée CDC Biodiversité et pilotée par la Société Forestière, une autre filiale du groupe qui gère déjà 200.000 hectares de forêts, sa création s'inscrit par un biais innovant dans le cadre des missions d'intérêt général et d'investisseur à long terme de l'établissement public.
En effet, comme l'a souligné Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des Dépôts, "à l'instar des outils de finance carbone développés par la Caisse des Dépôts, la défense de la biodiversité nécessitait de trouver une gamme de solutions adaptées, jusqu'alors trop disparates voire inexistantes, pour accompagner les collectivités, entreprises, maîtres d'ouvrage et pouvoirs publics dans leur action en faveur de la biodiversité. Et ce en s'appuyant sur un levier inscrit dans la loi de 1976 sur la protection de la nature et auquel le cadre réglementaire européen est favorable, à savoir celui de la compensation".
Fruit d'un travail de fourmi entamé depuis trois ans avec l'ensemble des acteurs du secteur, CDC Biodiversité réunira une double expertise financière et écologique grâce à l'étendue de son réseau interne et à une équipe dédiée, composée aujourd'hui de six membres.
C'est d'ailleurs selon cette double logique qu'en tant que société de services, elle inscrit son action contractuelle et partenariale. D'un côté elle pourra prendre en charge les engagements volontaires ou obligations de restauration des maîtres d'ouvrage. De l'autre, elle a vocation à structurer, en concertation avec les acteurs intervenant dans la gestion d'espaces naturels (conservatoires, associations bureaux d'étude), les réponses possibles à ces engagements pris. De fait, cette vocation d'interface, de facilitateur ou d'ensemblier contribuera selon Laurent Piermont, directeur général de la Société Forestière et président de CDC Biodiversité, "à professionnaliser ce dernier secteur en mal de visibilité (..). Notre action se place sous un triple regard : celui des associations compétentes (par exemple France Nature Environnement, dont le président Sébastien Genest n'a pas manqué de saluer l'initiative de cette création, NDLR), celui d'un conseil scientifique qui est là pour éclairer notre action, et celui des pouvoirs publics qui délimitent les obligations de compensation et auprès de qui le dialogue s'affinera par le biais de comités de suivi mis en place".
L'objectif est bien d'agir en tiers de confiance et de drainer des financements garantissant le principe de "zéro perte de biodiversité". Mieux, la première des trois actions pilotes développées en Provence avec le ministère de l'Ecologie tentera même d'anticiper pour améliorer la situation existante, en investissant avant même qu'une dégradation de la biodiversité soit constatée et en "compensant donc avant la destruction". Concrètement, des terrains achetés par CDC Biodiversité dans la plaine provençale de la Crau seront annexés à l'actuelle réserve Natura 2000 et confiés à des gestionnaires d'espaces en vue d'y préserver notamment le coussoul, une plante caractéristique de ce milieu steppique. Ce qui permet d'anticiper sur les prochaines mesures de compensation qu'auront à endosser les maîtres d'ouvrage aménageant aux alentours, en les dédouanant à l'avance de leurs obligations.
Un dispositif complexe au final, applicable au cas par cas, à la fois proche dans l'esprit du système de compensation carbone et radicalement différent dans le sens où la compensation ne sera par exemple pas permise en dehors du territoire visé et sans rapport avec les milieux concernés. Et ce dans la continuité des objectifs de restauration des trames vertes et continuités écologiques remises au goût du jour par le Grenelle de l'environnement.
Morgan Boëdec / Victoires Editions
