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Mobilités : TDIE et la Fnaut questionnent les candidats à l'élection présidentielle

TDIE, le think tank spécialisé dans les mobilités, et la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) viennent d'adresser chacun de leur côté des questionnaires aux candidats à l'élection présidentielle pour qu'ils se prononcent sur leurs priorités en matière de politique de transports, à l'heure de la décarbonation. 

C'est une tradition bien ancrée pour TDIE : depuis 2002, à l'approche de chaque élection présidentielle, le think tank spécialisé dans les questions de mobilité interpelle les candidats à l'Elysée sur la manière dont ils intègrent la question des transports à leur projet.

Des enjeux financiers majeurs

"Il s'agit de l'un des marqueurs de notre activité, a souligné Philippe Duron, co-président de TDIE, lors de la présentation ce 18 février du questionnaire et du dossier de synthèse adressés par l'association aux prétendants à la présidence de la République. Nous voulons que les transports occupent toute leur place dans le débat.  En vingt ans, nous avons assisté à un changement des priorités.  Aujourd'hui, avec la question climatique qui polarise le discours politique, la décarbonation des transports n'est plus une éventualité, c'est une injonction pour 2050, avec un objectif intermédiaire en 2030. Ce qui nécessitera des besoins de financement plus puissants qu'aujourd'hui." "Les mobilités, les déplacements, touchent le quotidien de nos concitoyens, a poursuivi Louis Nègre, également co-président de TDIE et par ailleurs président du Groupement des autorités responsables de transport (Gart). On oublie parfois dans les hautes sphères l'intérêt d'avoir un système de transport à la hauteur de la demande et TDIE s'honore de faire un énorme travail d'analyse des grands enjeux de la mobilité. Car si on veut atteindre les objectifs européens et ceux de la stratégie nationale bas carbone en 2030 que nous nous sommes nous-mêmes fixés, il va falloir faire des efforts financiers considérables. On attend des candidats qu'ils s'engagent sur les 5 ans à venir car on a besoin de dizaines de milliards d'euros dans la mobilité."
Pour présenter et mettre en perspective les grands enjeux sur lesquels le futur chef de l'Etat devra rapidement donner des orientations pour la préparation des échéances de la décarbonation des systèmes de transport, de mobilité et de logistique, le conseil scientifique de TDIE a élaboré un dossier de synthèse et un questionnaire aux candidats. Ce dernier propose quatre grands types d’enjeux et de leviers à partir desquels une politique nationale des transports pourrait être déployée pour assurer la trajectoire vers la neutralité carbone : financement (infrastructures et systèmes de mobilité, investissement et tarification), déplacements du quotidien, fret et logistique, gouvernance, avec pour chacun une série de questions précises. Les réponses sont attendues pour le 15 mars et seront publiées la semaine du 21 mars. Entre ces deux dates, un grand débat transport sera organisé le 17 mars à Paris au Pavillon Gabriel, avec le média spécialisé Mobilettre. Les candidats ou leurs représentants seront invités à exposer leurs positions et à répondre aux questions du public.

Les usagers aussi

Des candidats décidément très sollicités sur le sujet des mobilités puisque la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a aussi annoncé ce 18 février leur avoir adressé un courrier, signé de son président, Bruno Gazeau. Après une brève introduction regrettant que le thème de la mobilité soit encore peu présent dans les discours, la Fnaut interpelle les prétendants à l'Elysée sur cinq points. La question du financement du réseau ferré arrive en premier. Alors que l'Etat s'est engagé sur 2,8 milliards d'euros par an pour le moderniser, la Fnaut leur demande s'ils s'engagent à porter l'effort à 6 milliards par an, soit 80 euros par habitant - contre 400 euros par an en Suisse, rappelle-t-elle.
Elle les interroge aussi sur le rétablissement de l'équité entre les modes de transport qu'elle appelle de ses vœux, sur la transposition de la directive européenne Eurovignette adoptée par les Etats membres et le Parlement européen et sur leur position vis-à-vis des propositions du "Green Deal" européen relatives à l'internalisation des coûts externes et au report modal. Pour réduire la dépendance à l'automobile, la Fnaut demande aussi aux candidats s'ils sont prêts à prendre l'engagement d'investir 500 millions d'euros par an sous forme d'appels à projets financés par les recettes nouvelles de la route au profit des transports publics pour mieux desservir les banlieues, les 1eres et 2e couronnes métropolitaines, le milieu rural, et s'ils acceptent le taux de retour des taux de TVA à 5,5% sur les transports publics.
Les autres questions portent sur le financement des fédérations d'usagers – les candidats sont-ils prêts à les doter d'une ressource pérenne, par exemple "le prélèvement d'une part de centime sur les billets vendus", et d'un "prélèvement minime sur les contrats de service public quel que soit leur mode de gestion" – et sur un "service minimum adapté aux différents types de lignes et services" en cas de grève.