Missions locales : le rapprochement des entreprises ne se traduit pas (encore) dans le retour à l'emploi
"L'année 2015 montre particulièrement le développement des liens avec le monde économique avec près de 1.000 référents entreprises et la montée en charge de la Garantie jeunes", se félicite le nouveau délégué ministériel aux missions locales Seijo-Lopez dans le bilan d'activité annuel des missions locales, publié le 27 mars. Un bilan qui porte sur la période 2014-2015, le décalage étant dû à la mise en place d'un nouveau logiciel de recueil des données.
D'après ce bilan, le nombre de jeunes "en contact" avec les 445 missions locales qui maillent le territoire a légèrement diminué (-3% en 2015). Il s'établit à 1.404.000 jeunes. Mais depuis 2012, la tendance est globalement à une stabilisation au-dessus de 1,4 million. Dans le même temps, le suivi s'est intensifié, avec une hausse des entretiens individuels et des ateliers collectifs (+ 104%), dans le cadre de la Garantie jeunes. La montée en charge de la Garantie jeunes, expérimentée depuis fin 2013 (et généralisée en janvier 2017) est ce qui marque l'année 2015, avec 34.246 entrées contre 8.241 en 2014. Fin 2015, les deux-tiers des missions locales étaient engagées dans l'expérimentation. La mise en œuvre du dispositif a fortement dopé les immersions en entreprises des jeunes très éloignés de l'emploi: 125.000 immersions ont été comptabilisées, soit une progression de 40% sur un an. Autre constat, si le nombre de jeunes accueillis pour la première fois par une mission locale diminue de 10%, le nombre d'ateliers suivis a doublé, là encore du fait de la Garantie jeunes. Chaque jeune suit désormais 7 ateliers en moyenne.
Les trois quarts des missions locales animent par ailleurs un réseau de parrainage de 8.000 parrains constitué de bénévoles, salariés d'entreprises et retraités. Le nombre de référents entreprises, c'est-à-dire des personnes chargées d'animer un réseau d'entreprises partenaires, est passé à "près de 1.000".
Le nombre de contrats en diminution de 7%
Il semble par ailleurs, note le bilan, que "l'âge pour lequel les jeunes ont le plus besoin d'un accompagnement vers l'emploi se situe entre 18 et 22 ans".
Et pourtant, malgré cette intensification du suivi, les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous. Le nombre de contrats signés (524.000) a diminué de 7%, dans un contexte d'augmentation du chômage des jeunes, frôlant les 25%. Cette diminution s'observe pour les emplois aidés (-11%) et dans une moindre mesure pour les contrats classiques (-6%), essentiellement les CDI (-12%) et les contrats saisonniers (-30%). Les formations sont elles aussi en baisse (-5%), essentiellement les formations qualifiantes (-25%) et les retours en formation initiale (-21%).
Par ailleurs, les contrats d'insertion dans la vie sociale (Civis) connaissent un essoufflement, lié en partie à la montée en puissance de la Garantie jeunes. Le nombre de Civis a diminué de 26%, passant de 167.831 à 133.700 contrats, soit un écart qui correspond exactement aux entrées de la Garantie jeunes. Dans le même temps, le taux de sortie en emploi durable des Civis est passé de 28 à 20%.
Après avoir fortement augmenté, les prescriptions en emplois d'avenir connaissent une légère diminution (82.079 contre 88.096). Toutefois, 130.000 jeunes étaient accompagnés fin 2015, soit le nombre le plus important depuis le lancement du dispositif en 2012.
En termes de financement du réseau, l'Etat reste le principal contributeur (46% du total). Mais entre 2010 et 2015, la contribution des régions et du bloc communal est en nette augmentation (+12% et 13%). Ils représentent respectivement 16% et 18% du financement des missions locales. Quant aux départements, leur participation stagne voire baisse depuis 2011 (année où elle avait fortement augmenté du fait de l'accompagnement lié au RSA). Certains départements ont même jeté l'éponge. Ils représentent désormais 5% du total du financement. Les autres contributeurs sont Pôle emploi, les fonds européens, les partenaires sociaux…