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Transports - Menaces sur les petites lignes ferroviaires

"Avec un réseau où il y a de moins en moins de trains et qui coûte de plus en plus cher à entretenir, on se fait du souci." Dans un entretien à l'AFP, Hubert du Mesnil, président de Réseau ferré de France (RFF), vient de nouveau de tirer le signal d'alarme sur l'avenir des petites lignes ferroviaires. En mai dernier déjà, devant la commission des finances de l'Assemblée nationale, il avait mis en garde les parlementaires : "L'avenir de certaines lignes reste menacé ; jamais on n'aura les moyens de les maintenir en bon état, étant donné leur faible niveau d'utilisation. Il s'agit d'un vrai enjeu d'aménagement du territoire que nous devons examiner avec les régions mais qui devra aussi être étudié à l'échelon national."

Si un ambitieux programme de rénovation de ce réseau a bien été mis en oeuvre ces dernières années, les ressources du gestionnaire des infrastructures ferroviaires ne suffiront pas, d'autant qu'il est très lourdement endetté, et ce malgré la contribution de certaines régions comme l'Auvergne et Midi-Pyrénées. Dans son rapport de novembre dernier sur le transfert des TER aux régions, la Cour des comptes évaluait à 7.800 km les lignes les moins fréquentées, situées pour l'essentiel en milieu rural.

Pour le président de RFF, "il y a 3.000 ou 4.000 km vraiment à problème, sur un réseau de 30.000 km". Le seuil d'alerte a été fixé à dix trains par jour. Faut-il s'en débarrasser et transporter les voyageurs en car pour concentrer les moyens disponibles sur les sections les plus fréquentées ? La perspective peut surprendre, alors que le Grenelle de l'environnement a fait du rail une priorité nationale. "On ne cherche pas à fermer des lignes ! Notre métier, c'est de les exploiter", a rappelé Hubert du Mesnil à l'AFP. "Mais on est parfois affligés de voir que les lignes sont à bout de souffle alors que nous manquons de moyens pour les entretenir. Il est de la responsabilité de RFF de débattre de leur avenir." D'où l'idée d'un audit qui passerait en revue le potentiel de développement du trafic régional  et du fret, prendrait en compte le bilan carbone, les impératifs d'aménagement du territoire, etc. Une préoccupation que l'entourage du secrétaire d'Etat aux Transports a jugée légitime. De son côté, le président de la SNCF, Guillaume Pépy, a rappelé que sa société, qui exploite la quasi-totalité des trains menacés, n'était pas "responsable de la consistance du réseau". "Pour la consistance du réseau ferroviaire, comme celle du réseau routier, on parle du degré de maillage du territoire. C'est une question politique et je ne serai pas partie prenante de ce débat-là", a-t-il prévenu.

Quant aux régions, qui organisent et subventionnent les TER, elles craignent d'être davantage sollicitées pour "sauver" des lignes. "Dans l'état actuel des choses, RFF ne peut pas compter sur les régions pour se substituer au rôle de l'Etat", a souligné le président du conseil régional des Pays-de-la-Loire, Jacques Auxiette, en charge du dossier ferroviaire à l'Association des régions de France. "Ce n'est pas leur responsabilité et, de toute façon, elles n'en ont plus les moyens car on leur a supprimé toute ressource fiscale directe", a-t-il ajouté, estimant que c'est au Parlement de se saisir du problème. "Cela dit, quand il n'y a personne dans les trains et que la voie nécessite des investissements énormes, je ne suis pas dans une logique dogmatique. Mais avant de supprimer une voie et de transférer le trafic sur la route, il y a une vraie réflexion à mener", a jugé l'élu. 

Dans le pire des cas, les petites lignes deviendraient des "voies vertes", autrement dit des pistes cyclables. Mais à défaut de les fermer, leur degré d'entretien pourrait aussi être modulé en fonction du trafic, selon un proche du dossier.

 

Anne Lenormand avec AFP 

 

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