Marseille : un an après la rue d'Aubagne, le gouvernement veut "une nouvelle échelle" pour la réhabilitation
Julien Denormandie a notamment annoncé la création d'une société d'aménagement commune avec les collectivités, afin d'accélérer la réhabilitation du centre-ville de Marseille.
Le 4 novembre, Julien Denormandie s'est rendu à Marseille, un an presque jour pour jour après l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne qui a provoqué la mort de huit personnes (voir notre article ci-dessous du 6 novembre 2018). Le ministre de la Ville et du Logement, qui s'est bien gardé de mettre en cause les collectivités concernées pourtant vivement critiquées au lendemain du drame, a procédé à un bilan des mesures mises en œuvre depuis un an. Pour l'avenir, il a annoncé la création d'une société d'aménagement commune avec les collectivités , afin d'accélérer la réhabilitation.
"Mouiller sa chemise pour la reconstruction de la ville"
Visitant le chantier de la rue d'Aubagne, casque de sécurité sur la tête, Julien Denormandie a assuré "mouiller sa chemise pour la reconstruction de la ville". Un mois après l'effondrement des deux immeubles, le ministre avait promis une enveloppe de 240 millions d'euros pour la rénovation de l'habitat insalubre, très présent dans la cité phocéenne. Sur cette enveloppe, provenant essentiellement de l'Anah, seuls 17 millions d'euros ont été engagés à ce jour. Ce décalage s'explique par les délais nécessaires au montage des opérations, mais aussi par les retards de la ville de Marseille en matière de réhabilitation de l'habitat dégradé. Alors que la ville compte cinq quartiers éligibles au titre du NPNRU (nouveau programme national de renouvellement urbain), aucune convention n'a, par exemple, encore été signée avec l'Anru (voir notre article ci-dessous du 22 octobre 2019). Julien Denormandie indique cependant que 117 millions d'euros ont été validés pour les premières opérations de rénovation urbaine menées par l'Anru, notamment en centre-ville.
Les 17 millions déjà versés par l'État ont toutefois permis de financer des mesures d'urgence pour reloger des familles du centre-ville, de lancer des études pour les opérations de rénovation de l'habitat dégradé ou encore des travaux d'urgence sur les copropriétés dégradées. Les 240 millions d'euros seront, pour leur part, versés progressivement sur dix ans, en fonction de l'avancement des projets.
Priorité à l'accélération de la réhabilitation
Julien Denormandie a précisé par ailleurs que, "sur les 359 immeubles évacués, la moitié a pu être réintégrée. 1.479 personnes ont été relogées, par des bailleurs sociaux, dans le parc privé ou des locaux vacants de l'État". Conséquence : "Le nombre de personnes à l'hôtel s'est déjà considérablement réduit, de 1.300 fin janvier à 400 aujourd'hui."
Aujourd'hui, "la priorité est [...] donnée à l'accélération de la réhabilitation de l'habitat à Marseille". Il s'agit en effet "de donner à cette réhabilitation une nouvelle échelle et d'accélérer". Pour cela, le ministre de la Ville et du Logement annonce la création d'une société d'aménagement commune, associant l'État et les collectivités en vue de la réhabilitation du centre-ville.
Cette société rachètera les logements insalubres, les rénovera et les remettra sur le marché, "en préservant le caractère populaire du centre-ville". Sa création s'inscrit dans le cadre du projet partenarial d'aménagement (PPA) fixant la stratégie sur le long terme et que l'État a signé avec la métropole et la ville cet été. Environ 200.000 habitants seront concernés par ce PPA, doté d'un budget de 217 millions d'euros sur quinze ans.
Jean-Claude Gaudin : "La crise s'est résorbée"
Pour sa part, Jean-Claude Gaudin a tenu une conférence de presse à l'hôtel de ville en affirmant que "la crise s'est résorbée", tout en reconnaissant que "pas un jour ne passe sans que je ne pense à ces huit vies". Il a rappelé que la ville a déjà dégagé, depuis le drame, 14 millions d'euros pour lutter contre l'habitat indigne. Le maire de Marseille précise que la plupart des personnes qui vivaient dans la zone sinistrée (et désormais interdite) ont pu être relogées : "La quinzaine de personnes restantes a refusé par deux, voire trois fois, les logements que nous avions proposés."
Par ailleurs, le 5 novembre, jour anniversaire de la catastrophe, le conseil municipal et les parlementaires de Marseille ont respecté une minute de silence. Jean-Claude Gaudin a également dévoilé une plaque commémorative avec le nom des victimes, qui "sera installée plus tard sur place". Des gestes qui n'ont pas empêché un climat plutôt tendu lors de l'hommage populaire sur les lieux du drame, où la présence d'élus de gauche a été contestée.