Marina Ferrari défend la compétence tourisme des départements

Invitée à débattre devant la commission du tourisme de Départements de France, la ministre déléguée chargée de l’économie du tourisme, Marina Ferrari, a pris parti en faveur du maintien de la compétence tourisme des départements, alors que d'aucuns entendent accorder aux régions un rôle de chef de file dans ce domaine.

"Je pense que ce serait une erreur aujourd'hui que de retirer la compétence tourisme aux départements." Ces mots de Marina Ferrari, ministre déléguée chargée de l’économie du tourisme, prononcés le 29 octobre à Dijon devant la commission du tourisme de Départements de France, ont eu pour effet de ravir son hôte du jour, François Sauvadet, président de l'association.

Car depuis plusieurs mois et les publications successives des rapports Woerth et Ravignon, les départements sont inquiets. Ces deux textes prônent en effet, sur fond d'économies budgétaires et de clarification, une profonde évolution de la compétence en matière de tourisme – actuellement partagée – au profit des régions qui deviendraient chefs de file. "Le département doit accepter de se retirer de cette compétence", écrivait Eric Woerth dans son rapport de mai dernier. Le rapport Ravignon était certes moins radical, jugeant "absurde de vouloir empêcher les départements d’assurer la promotion de leur territoire voire (...) de soutenir la mise en tourisme de secteurs moins attractifs" mais préconisait une meilleure coordination et, donc, un chef de filât régional.

À l'ouverture de la séance, François Sauvadet s'en était ému : "Ce serait un vrai tollé dans le pays si on nous poussait dans un système où l'on nous dirait de travailler sous la tutelle des régions." Et le président du conseil départemental de la Côte-d'Or d'ajouter : "Le tourisme et les départements, c'est une longue histoire. Tous les départements de France sont attachés à la compétence tourisme."

"Nous n'irons pas à Marseille"

À sa suite, Jean-Louis Masson, président du conseil départemental du Var, a avancé quelques arguments de poids. À propos de l'effort budgétaire que les départements sont appelés, comme d'autres, à faire pour contribuer à redresser les finances publiques, le président de la commission du tourisme de Départements de France a rappelé que les conseils départementaux contribuaient au tourisme "avec des budgets très faibles". Alors que l'ensemble des départements français consacrent au total 177 millions d'euros au tourisme, les dépenses sociales du seul département du Var s'élèvent à 600 millions. Pour l'élu varois, enlever ces dépenses aux départements ne changera donc rien à l'équation. En revanche, la perte en matière de compétences et de savoir-faire serait à ses yeux considérable dans un domaine "largement porté par les départements". Car pour Jean-Louis Masson, il n'y a rien de comparable entre le tourisme dans le Var, dans les Alpes-de-Haute-Provence ou dans les Hautes-Alpes : "Vous avez là des gens tellement engagés dans leurs missions, mais quand on rencontre ces professionnels du tourisme, ils nous disent : 'Nous n'irons pas à Marseille.' Il faut arrêter de vouloir bouger le mikado, ça n'a aucun sens."

"Tous les échelons sont complémentaires"

Marina Ferrari, ancienne vice-présidente du conseil départemental de la Savoie, ne s'est donc pas fait prier pour abonder dans le sens de ses interlocuteurs. "Je suis absolument convaincue du rôle déterminant que les départements ont à jouer en matière de tourisme et de développement touristique, et également de la plus-value de vos compétences en la matière", a-t-elle lancé. Puis elle a défendu le modèle actuel en matière de compétence tourisme : "Les départements sont la bonne échelle pour travailler aux projets de développement touristique de territoire... comme chaque couche du millefeuille. Tous les échelons sont parfaitement complémentaires." Pour la ministre déléguée à l'économie du tourisme, "les régions sont plutôt sur le volet promotion et attractivité à l'échelle internationale, car elles ont un poids économique qui leur permet d'aller plus fort [sic]. Les départements, vous êtes en première ligne sur l'aménagement du territoire, avec les investissements consentis dans le tourisme mais aussi dans des dépenses connexes comme l'aménagement du cadre de vie ou la culture. Les communes et intercommunalités sont l'échelon de grande proximité, importantes pour la coordination des parcours." On l'a compris, ce n'est pas elle qui touchera à un bâtonnet du mikado. "Là où les choses fonctionnent, nous serions bien inspirés de ne pas les casser", a-t-elle conclu.

Si Marina Ferrari a rassuré les départements, il n'en reste pas moins que Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, et Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, ont fait part de leur intention de s'appuyer sur le rapport Ravignon pour s'attaquer au coût du millefeuille administratif. Et viennent de signer une lettre de mission invitant Boris Ravignon à poursuivre son travail afin de "rendre rapidement opérationnelles" les propositions de son rapport (lire notre article du 23 octobre). Un bras de fer en vue ? Les départements savent au moins pouvoir compter sur Marina Ferrari.
 

› Fusion Business France-Atout France, Marina Ferrari annonce une mission de préfiguration

Lors de sa présence à Dijon, le 29 octobre, pour assister aux travaux de la commission du tourisme de Départements de France, Marina Ferrari en a profité pour faire deux annonces.

À propos de la fusion entre Atout France, l'opérateur de l'État en matière de tourisme, et Business France, annoncée par le Premier ministre lors de son discours de politique générale (lire notre article du 1er octobre), la ministre déléguée chargée de l’économie du tourisme a confié avoir "acquis une conviction". En l'occurrence, elle estime que "si, aujourd'hui, il est plus que pertinent d'aboutir à une fusion entre le pôle international d'Atout France et la promotion à l'international de la destination France avec Business France", qui donnera une "force de frappe beaucoup plus importante", en revanche, sur des missions plus nationales, comme l'ingénierie, l'analyse de données ou les aspects réglementaires, la ministre est "convaincue qu'il faut garder un opérateur ou en tout cas des moyens d'agir en interne très, très forts pour être au plus proche de l'action". Sur ce sujet, une mission de préfiguration, à laquelle les départements seront associés, sera lancée prochainement.

Enfin, Marina Ferrari a annoncé pour le début de l'année 2025 un texte législatif portant sur la simplification en matière de politique touristique afin de stimuler l'investissement dans les territoires.